Chiner demande un œil averti pour éviter les pièges. Sans jouer aux experts, une inspection attentive et un examen des détails en dit souvent plus long que le discours d’un vendeur.
Les occasions ne manquent pas pour chercher, tant les lieux de vente se sont multipliés ces dernières années. Les foires et marchés à la brocante existent dans toutes les régions et le système du « vide-grenier » se généralise, dans les grandes villes comme à la campagne. Pour tous ces marchés de plein air, les bonnes affaires se font souvent très tôt, au déballage, en même temps que les professionnels.
La formule des dépôts-ventes offre l’avantage de la simplicité. Des particuliers déposent un meuble ou un objet à vendre sur lequel le gérant prélève une marge (généralement faible).
Les salles des ventes sont autant fréquentées par les marchands que par les particuliers. Une exposition des objets précède toujours la vente. À cette occasion, vous pourrez vous renseigner sur les estimations du commissaire-priseur. Lors de la vente, si vous renchérissez, tenez compte des frais qui s’ajoutent à la somme adjugée (au moins 18 %).
Dans la boutique du brocanteur ou de l’antiquaire, on prend son temps pour examiner tranquillement le meuble convoité. Lors d’un achat chez un professionnel, gardez bien la facture détaillée, elle vous servira de garantie.
Un bon achat commence par une observation minutieuse. Pour situer une pièce dans le temps, il faut en apprécier le style, les proportions, l’harmonie générale, l’utilisation des matières premières, les méthodes de fabrication et de montage. N’oubliez jamais que les artisans du XVIIIe siècle n’étaient équipés que d’outillage à main, laissant des traces bien différentes de celles de nos machines-outils. Les faces non visibles (fond d’armoire, intérieur des assises de siège…) portent encore les traces du sciage manuel. Par exemple : les traits de scie sont alors irréguliers et non parallèles.
Les assemblages des côtés de tiroir sont riches d’enseignement. La forme des queues d’aronde donne aussi une bonne indication pour la datation. Larges à leurs bases au XVIIe, elles deviennent plus étroites et gagnent en finesse au fur et à mesure de leur utilisation dans le temps. De trois queues par assemblage à cette époque, on peut ainsi arriver au double à la fin du XIXe (photo du bas)
À la suite de nombreux conflits entre menuisiers et tapissiers, le parlement de Paris ordonna en 1637 que chaque maître menuisier appose sa marque personnelle (estampille) sur ses fabrications. En 1743, des représentants de la « Jurande des Maîtres Ébénistes » visitaient les ateliers et marquaient les meubles finis du poinçon JME. Ces trois Lettes étaient frappées à côté de l’estampille de l’artisan.
Les pièces de serrurerie délivrent aussi quelques indications. Au XVIIIe, elles étaient encore forgées à la main. Lors de l’achat, un meuble qui possède encore toutes ses clés offre bien sûr davantage d’intérêt. En cas de besoin pour vos remises en état, sachez que les restaurateurs jettent rarement les multiples pièces de serrurerie dépareillées qu’ils ont récupérées (charnières, entrée de serrures, clés…). Votre bonheur se cache peut-être dans un coin de leur atelier.
Souvent constitués de deux grands panneaux embrevés (emboîtement de rainure et de languette), les fonds sont en général taillés à l’herminette ou sciés. Ils doivent êtres assemblés sur les montants par tenons et mortaises chevillés.
En contact avec le sol, les pieds subissent les assauts du temps. Sciés, voire remplacés par assemblage à enture, ils déprécient la valeur du meuble suivant l’ampleur de la restauration.
La serrurerie (crémone, serrure, charnières) en dit long sur le souci de la qualité de fabrication. À l’exemple de cette crémone (haut et bas), dotée d’un mécanisme excentrique en bon état de conservation.
La serrure d’origine participe à l’évaluation du meuble. Au XVIIIe, les serrures sont encore forgées à la main et, quoique le travail soit de qualité, une fabrication manuelle se remarque aisément.
