La mosaïque permet de composer des décors d’autant plus originaux qu’elle associe toutes sortes de matériaux de récupération. Pour exemple, cette fresque riche et généreuse évoquant le voyage.
Galets et bois nécessitent une pose très serrée, pièce à pièce, pour éviter l’application de barbotine qui salirait leur surface. Nécessaire aussi, un double encollage mur/matériau. Réalisation M. Moulet
C’est dans la grande pièce commune d’une ancienne grange gersoise transformée en gîte d’étape pour les randonneurs du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, qu’une fresque en mosaïque est réalisée, résumant ce voyage à la fois spirituel et touristique.
● Des matériaux de récupération et des éléments trouvés dans la nature la composent. Si la mise en œuvre requiert patience et minutie, côté équipement, de la colle et quelques outils suffisent. Le motif est surtout une question de goût et d’imagination.
La mosaïque accepte des matériaux très variés : restes de carreaux, poteries, vaisselle, verre, miroir… Tout est exploitable ! La nature est aussi un réservoir exceptionnel : pierres, galets, bois, sable… Les tesselles (petits fragments) sont soit achetées, soit obtenues par bris (à l’aide d’un chiffon et d’un marteau). Une pince japonaise, ou pince de mosaïste, permet des découpes précises. Le verre est éventuellement retaillé au coupe-verre.
● Comme il est impossible de réaliser la fresque directement sur le support, sa conception se fait d’abord “à blanc”. Le motif est reproduit aux dimensions réelles sur du papier kraft (1,50 x 1,50 m). Les matériaux sont ensuite choisis et placés – espaces des joints compris –, ce qui autorise tous les essais possibles.
● Une fois le décor terminé, il est intégralement recouvert avec des bandes adhésives. Cette technique permet de bloquer les fragments avant la pose d’un film polyane qui, sur le principe du calque, sert à prendre l’empreinte de la fresque : ses contours ainsi que ceux des parties qui la composent sont tracés au feutre.
● Les tracés sont piqués tous les centimètres. Puis, le film polyane étant appliqué sur le mur, la reproduction des motifs s’effectue, par tamponnement, à l’aide d’une "poupée" (marqueur constitué d’une bande de gaze contenant du pigment ocre rouge). Le motif apparaît alors en pointillé sur le mur support.
Une première partie du décor est découpée au cutter au ras de la bordure. La rigidité due à l’adhésif permet la sélection de morceaux d’environ 30 cm de côté. Le mur est apprêté avec une colle blanche pour carrelage mural (type Weber et Broutin, SBMercier…), préalablement étalée au couteau et striée avec une spatule crantée.
● La partie de décor étant appliquée, il est essentiel de veiller à l’adhérence et à la planéité de chaque élément. Si la colle remonte à travers les joints, il suffit de fendre l’adhésif pour supprimer ce surplus. Chacune des parties est tour à tour découpée et placée en cohérence avec le motif de la fresque.
● 72 h après, l’adhésif est retiré. Une barbotine gris clair assez épaisse est appliquée, mélange de ciment à joint – deux volumes blanc pour un gris – (Weber et Broutin, SBMercier). Une raclette de récupération (issue d’un balai d’essuie-glace), souple et maniable, simplifie sa répartition. Un chiffon sec et doux (pour ne pas creuse les joints), nettoie, lisse et peaufine la finition.
Placez les matériaux à blanc, sur le “patron” en papier kraft. Veillez à ce que les jours entre tesselles n’excèdent pas 1cm. Marteau et pince japonaise permettent d’adapter les coupes.
Une fois le décor réalisé, recouvrez-le de plusieurs couches d’adhésif transparent. Travaillez par zone de couleurs ou de matériaux pour vous simplifier la tâche. Vérifiez l’adhérence de chaque tesselle.
Recouvrez l’ensemble avec le film polyane. Tracez soigneusement, au feutre indélébile, les décrochements, changements de matériaux et les encastrements spécifiques du décor. Puis, à l’aide d’une pointe de 3 mm, percez les tracés tous les centimètres.
Appliquez le film sur le mur, puis tamponnez la “poupée” le long des tracés. Vérifiez que le pigment traverse les trous percés dans le polyane. Celui-ci retiré, les différentes parties de la fresque sont dessinées en pointillés sur le mur.
Découpez chaque partie du décor au cutter très fin, en suivant les arêtes des tesselles de bordure au plus près. Soyez très précis, le travail ultérieur en sera simplifié. Après avoir encollé le mur, appliquez le “morceau” de décor.
Pour éliminer la colle à carrelage entre les tesselles, découpez soigneusement l’adhésif de maintien au niveau des joints. Puis supprimez les excès avec un couteau. Nettoyez également les bordures du motif.
Laissez sécher la fresque au moins 72 h avant de retirer l’adhésif des tesselles. Procédez délicatement. Si le travail précédent a été minutieusement effectué, aucune tesselle ne doit se détacher du support.
À l’aide d’une grosse cuillère, remplissez les joints d’une barbotine gris clair assez épaisse : attendez quinze minutes avant de racler avec une raclette souple. Lissez au chiffon doux.