Les travaux de menuiserie sont gourmands en chevilles, dès lors qu’il faut assembler des pièces de bois d’une manière invisible et solide. Les tourillons standard se vendent en grandes surfaces de bricolage. Mais on peut aussi les fabriquer soi-même, dans n’importe quelles sections, longueurs et diamètres. Cette filière vous permettra de valoriser vos chutes de bois dur.
Avec cette méthode, le façonnage des chevilles présente moins de risques d’accidents que le travail au tour. Mais le port de lunettes de protection reste vivement recommandé.
● Les tiges rondes sortant de la filière sont “brutes de coupe”. Elles peuvent être utilisées en l’état : les stries favorisent tout à la fois la tenue des assemblages et la rétention de la colle.
Les chevilles rondes sont destinées à consolider des assemblages permanents de pièces de bois par enfourchement, tenons et mortaises ou autres. Disposées en T ou en L, les pièces sont collées entre elles, et traversées par la cheville. À cet effet, un trou préalable est percé dans les deux épaisseurs.
● Fabriqués en bois dur (du hêtre, généralement) les tourillons du commerce sont cannelés pour assurer une meilleure tenue de l’ajustage des pièces et renforcer l’efficacité du collage. Les diamètres les plus couramment utilisés sont 6, 8 et 10 mm, parfois 12. Les diamètres supérieurs sont plutôt réservés à la charpente, et sont alors taillés directement sur le chantier au fur et à mesure.
● Réalisée dans une chute de fer plat (ici 150 x 60 x 10 mm), cette filière revient à 1€ environ. Elle ne demande qu’un minimum d’outillage pour vous permettre de réaliser des chevilles aux diamètres de votre choix, de 6 à 22 mm. Et rien n’empêche d’exploiter le même principe pour des fabrications spéciales de forte section (barreaux de chaise ou d’échelle, par exemple) si vous ne possédez pas de tour à bois.
Dans le sens de la longueur, tracez à la craie ou au feutre permanent une ligne sur laquelle vous pointerez les centres des trous correspondant aux diamètres des chevilles.
● Percez avec des forets bien affûtés, en débutant par un petit diamètre et en augmentant jusqu’au diamètre définitif. Préférez une perceuse à colonne, vous y gagnerez en confort d’utilisation et en qualité de réalisation. Les trous doivent être parfaitement ronds, et l’axe de perçage bien perpendiculaire à la surface de la pièce métallique.
● Pour créer les lèvres de découpe, utilisez un burin-coupeur pour acier. Tenez le manche de l’outil relevé selon un angle d’environ 20° et légèrement en biais. En frappant avec un marteau, entamez le métal à trois endroits en périphérie de chaque trou. Les entailles sont perpendiculaires au point de tangence de l’outil et du bord de chaque trou.
Dans une chute de bois dur d’environ 40 cm, débitez au ciseau à bois ou avec une hachette des carrelets d’une section supérieure de quelques millimètres au diamètre de la future cheville (carré de 12 mm pour une cheville de ø 10, par exemple).
● à ce stade, leur régularité n’a pas trop d’importance. Effilez-les légèrement pour serrer une extrémité dans le mandrin de la perceuse et engager l’autre côté dans le trou de la filière. La perceuse en marche à vitesse moyenne, exercez une pression vers le bas : le carrelet de départ se transforme progressivement en cheville ronde à mesure que le bois traverse la filière.
Si la filière est maintenue dans un étau, tenez compte de l’épaisseur des mors pour le traçage. Une précaution inutile si vous utilisez la filière serrée à plat entre les plateaux d’un établi.
Avec un pointeau, marquez les centres des trous correspondant aux différents diamètres des chevilles. Espacez-les suffisamment pour éviter les chevauchements au moment du perçage.
A défaut d’une vraie perceuse sur colonne, un support comme celui-ci est tout à fait suffisant pour percer du métal épais. Pensez à lubrifier le foret avec quelques gouttes d’huile de coupe.
Au burin, ménagez trois lèvres de coupe en périphérie de chaque trou. Attention à leur orientation en fonction du sens de rotation de la perceuse. Elles doivent saillir d’environ un millimètre.
Avec une lime queue de rat, ébavurez délicatement les bords des trous en veillant à ajuster l’extrémité des lèvres exactement dans l’alignement des perçages. La régularité des chevilles en dépend.
Les chevilles peuvent se fabriquer à partir de chutes de bois. Ici, une lame de parquet en chêne est débitée dans le sens du fil du bois en carrelets d’une section d’environ 12 mm.
Les deux extrémités de la tige sont taillées en pointe. L’une est serrée dans le mandrin de la perceuse, l’autre est présentée dans le passage de la filière correspondant au diamètre choisi.
Un peu de tâtonnement est inévitable avant de trouver la vitesse de rotation idéale en fonction de l’essence de bois. Poussez fermement, mais sans excès pour ne pas faire éclater le bois.