Des chercheurs italiens et suisses ainsi que l’Afeda (Association française d’étude de l’ambroisie) ont récemment mis en avant l’efficacité de l’action prédatrice sur l’ambroisie de la chrysomèle Ophraella communa, qui a été repérée dans la région de Milan.
L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) est une plante nuisible en raison de ses propriétés fortement allergènes et fait partie des organismes contre lesquels la lutte est obligatoire.
Originaire d’Amérique du Nord (tout comme l’ambroisie), Ophraella communa est un petit coléoptère d’environ à,5 cm de long, qui se reproduit sans problème sous nos climats, à raison de 3 à 4 générations par année, une seule femelle pouvant produire plus de 2 700 œufs.
Les larves et les adultes se nourrissent des feuilles d’ambroisie, ainsi que des pédoncules portant les inflorescences mâles et par conséquent les grains de pollen allergisants (l’ambroisie est une plante monoïque, les fleurs unisexuées étant présentes sur le même pied).
L’insecte, qui a été introduit volontairement en Italie à titre expérimental en 2013, semble s’être implanté durablement dans la région lombarde, et présenter une expansion assez rapide. Les souches installées autour de Milan en 2013 se sont maintenues dans les mêmes sites, mais l’année suivante leur aire d’extension s’est nettement agrandie, de plusieurs dizaines de kilomètres vers l’Est se rapprochant tout près de Padoue.
Il est vrai que les capacités de déplacement de la chrysomèle de l’ambroisie sont importantes, les chercheurs l’estimant à environ 25 km par jour, soit potentiellement plus de 320 km par an.
Présenté comme un moyen potentiel efficace de limitation de l’ambroisie (déjà utilisé en Asie), Ophraella communa va nécessiter encore plusieurs années d’observation avant que son introduction soit généralisée comme méthode de lutte biologique contre la redoutable adventice qu’est Ambrosia artemisiifolia. En effet, l’insecte semble aussi se nourrir d’autres plantes, notamment les Helianthus, dont le tournesol (Helianthus annuus). Une preuve supplémentaire que le biocontrôle est une arme naturelle, mais pas sans risque, à manier avec précaution.