En remplacement d’une moquette à bout de souffle, ce revêtement “naturel” apporte une touche originale dans un salon. Confortable à la marche, il séduit par sa texture décorative inimitable. Mais pour un tel résultat, sa pose doit être impeccable.
Grâce à leurs qualités esthétiques, les revêtements de sol en fibre végétale ont gagné les faveurs du public. Rudes au toucher mais confortables à la marche, ils apportent un certain affaiblissement sonore. Ils remplacent très souvent la moquette, lorsque cette dernière arrive en fin de vie, comme ici, dans le salon de cet appartement.
Usée par les années, la moquette recouvrait un parquet massif, autant pour atténuer les bruits de pas que pour masquer le mauvais état des lames. Sa dépose a d’ailleurs fait apparaître des imperfections qu’il a fallu réparer, avant de poser le jonc de mer.
Les revêtements de fibres végétales exigent, plus que tout autre peut-être, un support parfaitement plan, propre et sain. Le décollement de la moquette a laissé sur le parquet d’origine une bonne partie de sa sous-couche, qui est grattée au racloir. Les zones difficiles à enlever sont ramollies avec un décapant pour peintures, puis soigneusement raclées. Pour éliminer les résidus de moquette et de décapant, nettoyez éventuellement le sol à l’alcool ou au white spirit avant de le rincer à l’eau claire.
Les lames branlantes sont au besoin vissées, ou remplacées si elles sont cassées. Les fentes peuvent être rebouchées avec une pâte à bois, un mastic acrylique ou polyuréthane : assurez-vous que le produit soit compatible avec la colle du jonc de mer. Le parquet subit ensuite un ponçage général, suivi d’un dépoussiérage. Si des traces de plâtre, de peinture, de colle… subsistent, neutralisez-les en appliquant soit un primaire d’accrochage (Parex Lanko, Cégécol, SB Mercier, Sader, Weber & Broutin…), soit une “recette” à l’ancienne.
Produit généralement polyvalent, le primaire est avantageux lorsque l’on doit traiter toute la surface. Il s’applique pur ou dilué à l’eau, avec un rouleau laine ou une brosse. Si le traitement ne concerne que certaines parties du parquet, vous pouvez employer une vieille “recette” de pro : étaler de la colle Néoprène liquide en guise de primaire. Séchant rapidement, elle permet également d’enchaîner sans attendre la pose du revêtement.
Si le parquet présente des inégalités de surface, un rattrapage s’impose avec un enduit spécifique au plancher bois. Cette mise à niveau s’effectue localement ou sur toute la surface, après application d’un primaire. Les enduits fibrés permettent ainsi de rattraper jusqu’à 30 mm d’épaisseur (“Cégésol SB” de Cégécol, “Enduit de sol fibré” de SB Mercier, “Nivefor” de Weber & Broutin, “184 Solflex” de Parex Lanko…). Ils nécessitent toutefois un temps de séchage minimum de 12 à 24 heures. Autre possibilité, les enduits à base de plâtre (“Soléclair” de Parex Lanko, “Vit’plan” de Cégécol…), praticables plus rapidement.
Comme le coco ou le sisal, la pose du jonc de mer peut être assimilée à celle d’un sol plastique ou d’une moquette. Mais elle est plus délicate. À l’instar des autres revêtements en fibre végétale, le jonc de mer agit comme un régulateur hygrométrique en absorbant l’excès d’humidité de la pièce et en la rejetant quand l’atmosphère est plus sèche. Il subit donc des variations dimensionnelles que l’on doit prendre en compte lors de la pose. Sinon des désordres, des décollements ou des bulles sont à craindre, et ils entraîneraient une usure précoce du revêtement. Laissez-le s’acclimater à la pièce 48 heures avant la mise en œuvre.
La pose s’effectue avec une colle acrylique à fort pouvoir piégeant, qui ne provoque pas de retrait (“Revêtements de sol fibres naturelles” de Bostik, “Tapistick” ou “Technicryl” de Cégécol, “Floorsuper” ou “Supacryl” de Parex Lanko). Une colle pour revêtements de sol textiles ou plastiques peut également convenir, sauf avis contraire du fabricant.
Épais, le jonc de mer se découpe avec un cutter muni de lames crochet et une solide paire de ciseaux. Les coupes doivent être soignées et nettes pour éviter l’effilochage des fibres. Elles ont un sens et sont souvent tissées en chevron. Placez-les de préférence perpendiculairement au mur d’où vient la lumière du jour.
Ce végétal, appelé aussi “seegrass”, pousse dans les estuaires alimentés en eau de mer, comme en eau douce. Quasiment imperméable, il ne craint pas les taches qui s’épongent et s’éliminent facilement, à condition d’intervenir rapidement.
Tissées et collées sur un dossier en latex, ses fibres sont très résistantes, lisses et douces. Elles ont des couleurs chatoyantes qui vont du jaune au vert. Dans une pièce sèche, le jonc de mer se ternit assez vite et a tendance à moisir, en cas de mauvaise ventilation. Pour que les fibres conservent toutes leurs qualités, leur élasticité et leur brillance, il suffit d’y passer une serpillière légèrement humide une fois par mois. Effectuez l’opération chaque semaine, si vous aimez une teinte plutôt verte que jaune.
Le jonc de mer est livré en rouleau de quatre mètres de large. Selon la fabrication et le tissage, son prix varie de 15 à 60 euros le mètre carré. L’entretien courant se limite à passer l’aspirateur régulièrement. Il est recommandé de le nettoyer en profondeur, tous les mois ou tous les ans, selon l’importance du trafic, avec un shampooing à sec ou humide.
Donnez un bon coup d’aspirateur sur la vieille moquette, afin d’enlever au maximum la poussière. Puis découpez au cutter des bandes d’un mètre de large, pour l’arracher et l’évacuer plus facilement.
La sous-couche de la moquette doit être entièrement éliminée. Ramolissez, à l’aide d’un décapant pour peintures, les résidus qui résistent localement. Grattez le tout, puis rincez la surface à l’eau claire.
Après séchage, poncez le parquet et dépoussiérez-le bien. S’il reste des traces de colle, de plâtre… ou si des zones présentent des creux, appliquez de la colle Néoprène. Elle servira de primaire d’accrochage.
Gâchez l’enduit de sol selon les indications du fabricant. Versez-le aux endroits voulus et tirez à “zéro”, avant de le lisser pour régler l’épaisseur. Attendez qu’il sèche, si un second passage s’impose.
Déroulez et plaquez le jonc de mer sur le plancher en le faisant remonter sur le pourtour de la pièce. Découpez-le alors, avec un cutter équipé d’une lame crochet, en laissant une marge de 10 cm environ.
Dans les angles, marquez la pointe sur l’envers et faites une entaille vers l’extérieur, sans entamer la surface en dessous.
Découpez ensuite un triangle pour rabattre le revêtement de chaque côté.
Avant de le coller, marouflez toute la surface et marquez avec le plus de précision possible l’arête au pied des murs. Vérifiez, simultanément, que les fibres du revêtement sont bien alignées.
Pour l’encollage, repliez le revêtement sur lui-même en prenant soin de ne pas le déplacer. Puis, avec une spatule crantée, étalez la colle uniformément et sans surchage sur la moitié de sol découverte.
Laissez gommer de 5 à 10 minutes et rabattez lentement le revêtement, en veillant à la régularité du tressage qui doit rester aussi droit que possible. Marouflez ensuite soigneusement la surface.
Le temps ouvert de la colle est de 20 à 45 minutes. Marquez l’arête avec un outil non tranchant, puis arasez les bords en tenant le cutter à 45° : remplacez sa lame dès qu’elle commence à “fatiguer”.
Pour permettre l’assemblage des lés à joints vifs, les rouleaux de jonc de mer sont tissés plus larges et dotés de lisières à supprimer. Découpez-les minutieusement avec une bonne paire de ciseaux.
Présentez le deuxième lé contre le premier en faisant coïncider les motifs du tissage : le moindre décalage serait inesthétique. Pour l’encollage, procédez comme précédemment, moitié par moitié. Nettoyez les débordements de colle au fur et à mesure, et marouflez bien. Au final, le raccord doit être pratiquement invisible.