Longtemps tributaire des savoir-faire professionnels, la plomberie devient aujourd’hui plus facile et plus accessible aux bricoleurs. C’est autant le cas avec les tubes synthétiques qu’avec le cuivre.
La plomberie, c’est d’abord et avant tout des tubes par lesquels circulent l’eau chaude et l’eau froide avant d’aboutir aux points de puisage. Selon que ces tubes sont apparents ou pas, selon l’ampleur du chantier à réaliser, les outils, les connaissances et le budget dont on dispose, certaines solutions sont plus pertinentes que d’autres.
Petite ou grosse rénovation de plomberie ?
En rénovation légère, les arrivées ne peuvent être qu’apparentes, donc en
cuivre ou éventuellement de type
multicouche. Pas question d’employer du
PER : il n’existe qu’en couronnes de 5 m et plus, alors que les deux autres types de tubes se trouvent en longueurs de 1 m ou 1,50 m.
En rénovation lourde, lors d’une construction ou d’une extension, les réseaux sont généralement masqués d’une manière ou d’une autre : encastrés dans les parois, cachés derrière leurs doublages ou autres aménagements fixes (meubles de cuisine, de salle de bains, habillage d’une baignoire, banquette technique, faux plancher…).
Le choix est alors ouvert aux trois types de tubes.
Matériau de plomberie traditionnel : le cuivre
Le cuivre se présente en barre ou en couronne.
En barre, il est écroui, donc rigide et ne peut être cintré (avec une cintreuse) qu’après avoir été chauffé à la lampe à souder ou au chalumeau monogaz. Coudes et autres raccords préformés évitent toutefois le cintrage. Mais chacun d’eux impose deux soudures, donc deux risques de fuite.
Recuit donc maléable, le cuivre en couronne est plus apte aux encastrements et cheminements cachés. D’autant que vu la difficulté de lui donner une forme parfaitement rectiligne, il n’y a guère d’intérêt à le laisser apparent.
Fort d’une longévité qui n’est plus à démontrer,
le cuivre est à l’achat le plus cher des trois matériaux (environ 3,50 €/m en Ø 12/14 mm). Mais ce coût diminue sensiblement avec des raccordements brasés. Et si, au lieu d’utiliser des raccords préformés, on le travaille manuellement, le coût baisse encore.
Cintrage, emboîtures et collets battus exigent cependant matériel et savoir-faire, l’un et l’autre étant plus vite amortis dans le cadre d’un gros chantier que d’une petite modification du réseau.
Le PER : pour une plomberie facile et pas cher
Le polyéthylène réticulé ou PER (appellation internationale : PE-X) a d’abord donné naissance aux tubes des planchers chauffants, puis il a été modifié en vue d’un usage sanitaire.
Grâce à son prix (moins de 1 €/m en Ø 16 mm fourreau compris) et à sa flexibilité qui autorise une grande rapidité de mise en oeuvre, le PER est devenu la principale alternative au cuivre. Cela, partout où les réseaux sont cachés, vu la vulnérabilité du PER aux rayons U.V.
Néanmoins lorsque des parties du réseau sont apparentes (alimentation lavabo, radiateur, collecteur…), il doit être protégé de la lumière naturelle par un fourreau annelé bien peu esthétique. Car
s’il reste longtemps exposé à la lumière du jour, il durcit et casse.
Attention aussi aux pincements, lors de sa mise en oeuvre (rayons de courbure minimaux à respecter par rapport aux diamètres) et même ensuite. Par exemple lors du remplacement d’une robinetterie de lavabo ou d’évier.
Multicouche : le matériau de plomberie qui sait tout faire
Évolution du tube en PER, le multicouche se compose de deux épaisseurs de polyéthylène réticulé spécial, séparées par une feuille d’aluminium soudée bord à bord. Cette constitution le rend plus robuste que le PER et moins contraignant à mettre en oeuvre.
Disponible en barre et en couronne en version nue, prégainée ou pré-isolée, il garde la forme qu’on lui donne et n’a pas besoin d’être caché (il peut même se peindre). Utilisable indifféremment en chauffage ainsi qu’en distribution sanitaire, il offre la plus large variété de raccords.
Des avantages qui font du multicouche un sérieux rival pour le PER. D’autant qu’il n’est pas beaucoup plus cher (moins de 2 €/m en Ø 16 mm avec fourreau) et tout aussi facilement disponible.
L’avis de l’expert*
« D’abord conçus pour les professionnels, les raccords instantanés pour cuivre s’adressent aussi aux particuliers. Mais ces produits ne doivent pas faire oublier d’ébavurer les tubes : une préparation essentielle à l’étanchéité du montage. Même chose pour le multicouche qui doit en plus être recalibré à l’aide de l’outil préconisé par le fabricant des raccords. »
*Guillaume Delcroix, responsable produit et solutions de raccordement chez Comap.
Commercialisé en barre ou en couronne, le multicouche affiche une grande résistance à la chaleur. Composé de deux couches de polyéthylène qui renferment une âme en aluminium, celle-ci agit comme une barrière anti-oxygène pour préserver le réseau de boues.
Destiné à mettre en forme le cuivre en barre (après chauffe) sans l’écraser, le ressort à cintrer s’enfile sur le tube. S’il ne remplace pas une cintreuse, il coûte nettement moins cher et peut aussi être utilisé sur les tubes multicouches.
Si les tubes synthétiques sont faciles à mettre en oeuvre, c’est aussi parce qu’ils se sectionnent d’un geste : à l’aide d’une pince coupe-tube. Laquelle évite aussi les bavures qu’il faudrait éliminer ensuite.
Bien que les raccords instantanés se posent sans outillage, il est tout de même recommandé de calibrer les tubes multicouches.
Un mandrin spécial (de même diamètre) réalise ainsi un chanfrein sur leur bord intérieur pour faciliter l’emboîtement des raccords.
Les différents types de raccords - Cuivre : les raccords sans soudure
Les tubes de cuivre s’assemblent aussi à froid grâce aux
raccords à visser de type bicône (aussi appelés à compression) ou américain. Ils ne demandent qu’un outillage de base (clés) mais doivent rester accessibles car il faut les resserrer de temps à autre.
Ce n’est pas le cas de leurs concurrents à sertir et instantanés.
Les raccords à sertir pour cuivre dérivent de ceux destinés au PER et au multicouche. Leur diffusion est toutefois plus restreinte et ils nécessitent une sertisseuse.
Disponibles en GSB et utilisables sans outil, les
raccords instantanés sont parfois appelés "automatiques" car ils s’assemblent par simple emmanchement. L’extrémité des tubes doit cependant être coupée bien droit et ébavurée. Garantis 10 ans, ces raccords sont en général démontables et doivent rester accessibles. Malgré cela ce sont les plus intéressants et ils ne sont pas plus chers que les autres raccords sans soudure (de 4 à 10 € environ en Ø 14 mm).
PER : raccords à glissement, à sertir et à compression
Les 3 types de raccords pour tubes en PER ne se différencient ni par leur résistance ni par leurs prix (de 2 à 10 € environ en Ø 16 mm) mais par le matériel nécessaire à leur mise en oeuvre et leur rapidité de pose.
Les raccords à glissement et à sertir exigent un outillage spécifique tandis que ceux à compression s’assemblent avec de simples clés à fourche. Plus rapides à mettre en oeuvre (de 1 à 2 min environ), les raccords à glissement supposent d’utiliser une pince à emboîture (pour dilater l’extrémité du tube) puis une pince à sertir. Le coût de ce matériel (de 50 à 80 €) peut être rentabilisé à partir d’une dizaine de raccords vu le temps gagné par rapport aux raccords à compression.
Pour un chantier plus important, on peut envisager des raccords à sertir car ils se posent en moins de 30 secondes grâce à une sertisseuse. Un matériel disponible en location pour moins de 100 € le week-end.
Tubes multicouche : raccords instantanés
Jusqu’à ces dernières années les tubes multicouches ne s’assemblaient qu’avec des raccords à sertir ou à compression. Les uns et les autres ont largement fait leurs preuves et sont disponibles en GSB entre 2,50 et 10 € (en Ø 16 mm).
Ils sont à présent concurrencés par des
raccords instantanés en laiton ou synthétiques : en PVDF (polyfluorure de vinylidène) ou PPSU (polyphénylsulfone). Ces raccords instantanés sont assez chers.
Exemple pour des raccords mâles en Ø 16 mm : à partir de 4,70 € en laiton et 6 € pour les synthétiques. En contrepartie, ils sont d’une rapidité de pose sans égale.
Ils sont aussi parfaitement sûrs dès lors que les tubes sont coupés droits, chanfreinés, calibrés (à l’aide d’un mandrin spécial : environ 50 €) puis emboîtés à fond. Ce que vient confirmer l’indicateur d’emboîtement des raccords synthétiques ; pour l'instant, uniquement commercialisés par les réseaux professionnels.
L’étanchéité des raccordements
Hormis pour les raccords brasés, l’étanchéité est généralement obtenue en comprimant un élément déformable : joint plat en fibre (collets battus) ou en caoutchouc (raccords américains), olive en laiton (raccords icônes), joints toriques (raccords instantanés)… Ces derniers se retrouvent également dans les raccords à sertir. Sauf lorsqu’ils correspondent aux tubes en PER.
La relative souplesse de ce type de tube suffit à garantir son étanchéité, une fois comprimé par un écrou ou une bague sertie ou enfilée en force.
L’étanchéité de nombreux raccordements vissés peut aussi être assurée par un produit rapporté :
filasse imbibée de pâte spéciale (ou graisse),
ruban ou fil de Téflon. Les uns et les autres s’enroulent serrés en sens inverse du serrage et du bout du filetage vers sa base afin que leur extrémité libre soit aplatie en fin de serrage.
À ces solutions classiques s’ajoutent un grand nombre de
produits d’étanchéité liquide (à appliquer sur les filets), plus rapides à mettre en oeuvre et jouant aussi le rôle de frein à filets (empêchant le desserrage des raccords). À vérifier : leur compatibilité avec l’eau potable.
Les réseaux d’eau composés de tubes de cuivre peuvent être équipés de raccords à sertir en laiton. Ceux-ci intègrent des joints toriques qui se compressent lors du sertissage. Le joint serti, il est fixé définitivement sur le tube. Selon l’ampleur des travaux, la sertisseuse s’achète ou se loue.
Plomberie : réparations d'urgence
Lorsqu’une soudure cède sur un tube en cuivre, il n’est pas forcément possible de la réparer immédiatement. On peut toutefois couper l’eau du circuit, nettoyer sommairement le tour de la conduite et appliquer un produit de réparation.
- Si la fuite s’assimile à un suintement (l’eau perle), un mastic antifuite peut suffire. Ces mastics sont bicomposants et durcissent en quelques minutes.
- Les bandes antifuites résistent mieux à une fuite plus importante… Formées d’un tissu de fibres de verre imbibé de résine polyuréthane, elles se polymérisent (sèchent) en 5 minutes au contact de l’eau et conviennent aux métaux comme au PVC. L’ensemble est également capable de résister aux hydrocarbures, solvants et acides ainsi qu’à la soude.
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