Un miroir à trumeau impose son style et apporte un certain cachet à la pièce. Pour réparer ses moulures en mauvais état, il suffit de disposer d’un petit outil facile à manier : le tarabiscot.
Si la réparation concerne un élément destiné à être peint, peu importe l’essence du bois utilisé pour la moulure. En revanche, si l’objet doit recevoir une finition laissant le veinage apparent (lasure, cire, vernis…), il convient de rechercher une essence ayant des caractéristiques identiques (grain, couleur…). N’éliminez pas le léger morfil (fibres de métal ultramince) qui subsiste sur le fer après les derniers coups de lime parachevant la création du dessin : il accélérera le travail de l’outil sur le bois. Lorsque le morfil est usé, utilisez un rond d’acier dur pour le recréer en appuyant sur toute la longueur du bord de coupe de la lame.
Chiné dans une brocante, cet imposant miroir à trumeau (2,70 m de haut) présentait une moulure d’encadrement très dégradée ainsi que de vilaines traces de percements. Il servait autrefois de porte-parapluies et s’était vu affublé d’une barre en laiton.
Pour remplacer deux éléments de moulure manquants (chacun de 10 cm de long environ), un tarabiscot est nécessaire. Auxiliaire indispensable des ébénistes et restaurateurs de meubles anciens, ce petit outil à main, à mi-chemin entre le rabot et le racloir, est aussi simple à fabriquer qu’à utiliser (pour sa fabrication, voir Système D n° 672 p. 67 et Système D n° 731 p. 45).
● Composé d’un manche de bois et d’un fer (une chute de lame de scie en acier), il excelle dans la restitution de moulures délicates de toutes formes. Il est d’ailleurs à l’origine du terme « tarabiscoté » qui qualifie un profil compliqué. Avec cet outil, il est plus facile d’obtenir une moulure qu’en utilisant une collection de fraises de défonceuse.
Avant de débuter la réparation proprement dite, il s’agit de réaliser la copie du dessin de la moulure. Une opération très simple. Présentez le fer du tarabiscot perpendiculairement à la coupe de la moulure ; reproduisez exactement ses courbes sur le fer avec la pointe d’un feutre, ou mieux, avec une pointe en acier. Pour évider l’intérieur du dessin qui forme l’empreinte « en négatif », dégrossissez le profil à la meule, puis utilisez une lime à fine denture pour la finition.
● Sur l’établi, bloquez sur chant une planche de bois adaptée à la largeur de la moulure. Réglez la position du fer sur le tarabiscot par rapport à sa « crosse » : elle servira de guide mobile le long de la planche. Inclinez l’ensemble et démarrez en douceur en « mordant » légèrement le bois. Relevez progressivement le fer jusqu’à dégager tous les détails de la moulure désirée. Délignez ensuite le chant de la planche à l’épaisseur voulue. Sciez à la longueur avec une scie à onglet et collez en place en maintenant sous presse. Terminez par la finition de votre choix.
Placez le fer du tarabiscot perpendiculairement à la moulure afin d’y reporter avec soin le dessin de son profil. Utilisez un feutre ou, mieux, une pointe en acier pour plus de précision.
Placez la lame de l’outil entre les mors de l’étau pour travailler à la lime après avoir dégrossi le profil à la meule. Les limes plates et rondes (queue-de-rat) sont choisies à denture fine.
Présentez régulièrement le fer sur la moulure et jugez l’état de la finition. Placez l’outil à contre-jour pour distinguer les zones de contact entre l’acier de la lame et le bois.
Le degré de finition atteint, glissez le fer dans la fente du tarabiscot, sans serrer les écrous. Placez l’outil sur la moulure pour régler l’écartement de la lame par rapport à la « crosse ».
Soit vous moulurez sur la tranche d’une planche de bois (délignée par la suite). Soit vous travaillez en place une baguette de bois collée dans l’alignement de la moulure existante (notre photo).
Tenez fermement l’outil en main, en plaquant le manche contre le cadre utilisé comme guide. Travaillez en tirant. Commencez avec la lame inclinée,
et redressez-la progressivement.
Utilisez un mastic de remplissage pour masquer le raccord entre les moulures. Il permet aussi de combler les traces de coups (faites ici par les cannes et manches de parapluies).
Terminez par un ponçage léger avec une ponceuse munie d’un abrasif fin (200). Pour les creux de la moulure, vous gagnerez en précision en pliant le papier abrasif sur une cale mince.