Avec de la méthode, beaucoup de rigueur et un peu d’outillage, restaurer un ouvrage en pierre dégradé n’est pas hors de portée d’un amateur. Démonstration.
Difficulté : confirmé
Coût : 80 € le bloc de pierre
Temps : une demi-journée
Équipement : meuleuse Ø 125 mm avec disque à une face diamanté pour pierre, massette, chasse ou ciseau de maçon, gouge, chemin de fer, mètre, équerre, réglet métallique
Rénovation express
Si la pierre est dégradée sur une surface peu profonde, une réparation superficielle suffit. La zone est purgée de quelques millimètres à la meuleuse et au ciseau, puis elle reçoit une résine d’accrochage. Un mortier de réparation spécifique (Weber & Broutin…) permet ensuite de reformer la pierre à l’identique.
Si la partie endommagée présente une épaisseur supérieure à 2 cm, le primaire ne suffit pas. Pour que le mortier adhère, il faut fixer des goujons en laiton, reliés entre eux avec du fil de même nature.
Protection naturelle, le calcin qui recouvre la pierre calcaire se dégrade au fil du temps à cause de la pollution acide de l’air. L’humidité et les remontées capillaires provoquent également des dégâts. Il faut alors réparer l’ouvrage. Notre exemple de restauration s’applique à un encadrement de porte. Il s’agit de fabriquer un élément de remplacement avec un profil de moulure identique à l’original.
Lorsque la pierre est très dégradée, les professionnels préfèrent « purger » la zone endommagée afin d’intégrer un nouveau bloc, taillé pour l’occasion, dans la maçonnerie existante. En cas de choc limité sur une surface de 10 cm de hauteur par exemple, le bloc à prévoir mesurera au moins 40 cm pour une bonne intégration à l’ensemble.
• Une fois les contours de la zone de « purge » tracés, la pierre est tranchée à la meuleuse équipée d’un disque diamenté. Elle est ensuite dégagée à la massette et à la chasse (ou au ciseau de maçon).
• Dès que la profondeur de cette première tranchée est atteinte, le disque est à nouveau avancé. En progressant par bandes, on parvient à dégager l’espace du nouveau bloc en laissant des contours bien plans. Lorsque la zone est prête à recevoir le nouvel élément, il peut être utile d’étayer par sécurité.
Les contours de la moulure à reproduire sont relevés sur le bloc d’origine et reportés sur un gabarit en carton. Tout l’art consiste ensuite à les reporter sur l’un des côtés, puis à en projeter les arêtes sur la face à tailler afin d’établir le profil de la moulure de l’autre côté. Ces lignes de projection délimitent les zones à éliminer par étapes successives, jusqu’à « réduire » le bloc au plus près des formes de la moulure.
• Commandé aux mesures chez un revendeur spécialisé ou acheté directement dans une carrière, le bloc de remplacement – légèrement plus grand que l’original – est à contrôler : la face de référence (ici le dessus) doit présenter une parfaite planéité.
• À noter que les découpes au disque génèrent beaucoup de poussières. Mieux vaut donc travailler à l’extérieur. À l’intérieur, protégez les murs et le sol avec des bâches en plastique.
Ce type de moulure simple est appelée « boudin », en raison de sa forme.
Pour tailler les profils des moulures, au lieu de progresser par dégrossissages successifs à la massette et à la chasse, les tailleurs utilisent aujourd’hui des disques pour pierre, diamantés sur la jante et sur une face. Plus rigides que les simples disques diamantés, ils permettent de couper et de surfacer. Ce matériel existe en Ø 125 et 230 mm. De 80 € (Ø 125) à 230 € environ (Ø 230 mm).
Dresser la première face qui va servir de référence. Éliminer les éventuels reliefs au « chemin de fer » (rabot du tailleur de pierre). Vérifier la planéité en tous sens à l’aide d’une règle. Les côtés doivent être parfaitement perpendiculaires.
Reporter le gabarit (préalablement fabriqué) sur un côté et projeter ces repères sur les autres faces.
Après avoir tracé les contours de la moulure de l’autre côté, tracer les lignes de coupe. Il s’agit de délimiter des « bandes » qui seront dégagées au disque.
Découper la pierre en positionnant le disque à 2 ou 3 mm au-dessus du tracé de coupe. Cela permet de conserver une marge de sécurité qui pourra être ensuite éliminée au chemin de fer.
Trancher en suivant la ligne de coupe. La meuleuse est « tirée » doucement, d’un geste lent. Guidez-la bien perpendiculaire. S'équiper d’un masque et de lunettes de protection.
Après la première coupe verticale, éliminer les parties fragilisées par de légers coups de massette. Poursuivre ainsi par passes, à la meuleuse, en découpant et éliminant la pierre progressivement.
En suivant le tracé, une bonne partie de la pierre inutile est déjà éliminée. Aplanir les faces au chemin de fer pour disposer de nouvelles surfaces de référence.
Sur les côtés du bloc, tracer les nouvelles zones à évider. Une ligne de coupe est ensuite reportée en face avant pour indiquer la limite de l’à-plat de la moulure.
Abattre l’arête à la meuleuse. La forme quasi définitive de la moulure apparaît après une seconde passe, un peu au-dessus du tracé.
Pour créer la forme arrondie du « boudin », découper l’arête supérieure de la pierre avec le plat du disque (après repérage de la zone à éliminer).
Tailler l’arrondi avec une gouge. Tapoter par petits coups secs sur le manche, en réglant l’angle d’attaque de l’outil. Procéder en deux ou trois passages.
La zone située sous le boudin est découpée au disque pour former une gorge.
Elle est ensuite évidée avec une chasse et une massette. Travailler par petits coups secs et répétés.
Avec la massette et un ciseau plat, dégager la surface plane délimitée par les deux tracés. Commencer à former le boudin à l’aide d’un chemin de fer étroit.
Poursuivre avec la gouge, en tirant puis en poussant, pour racler la surface et lui donner sa forme définitive. Utiliser ensuite le chemin de fer pour lisser.
Pratiquer de multiples encoches sur les surfaces en contact avec le mortier de pose, pour favoriser l’adhérence du bloc à la maçonnerie. Après scellement, poncer au papier de verre.