Au fil des ans, le mur mitoyen s’est fortement dégradé. Deux voisins coopératifs, du temps libre et tout est remis à neuf pour un coût très raisonnable.
Niveau : facile
Coût : 450 € environ pour ce chantier (très bon marché au regard du tarif d'un professionnel de la construction pour un mur en pierre sèche : faire baisser le prix est le premier intérêt du "construire soi même" !)
Temps : 1 bonne semaine à deux
Équipement : barre à mine ou pied de biche, pioche, mètre, niveau à bulle, cordelette, brouette, pelle, râteau, bétonnière, seau de 10 litre, meuleuse avec disque métal, marteau, truelle, taloche, langue de chat.
La chaux reste irremplaçable
Les maçonneries de pierres ont besoin de « respirer » pour évacuer l’humidité. Un principe essentiel lorsqu’il s’agit de reprendre une maçonnerie ancienne, comme notre chaînage d’angle. Pas question de former une barrière étanche en utilisant un mortier de ciment. Les restes de la maçonnerie d’époque, liés avec de la terre, risqueraient de connaître à nouveau de désordres. Les qualités de la chaux sont irremplaçables et c’est elle qui sert de liant au mortier.
Ici, le mélange se compose de 30 litres de sable pour 10 litres de chaux hydraulique naturelle, additionné de 1 litre de ciment. Pour l’eau, le dosage s’effectue généralement au jugé, par ajout successifs, afin d’obtenir un mélange relativement compact, onctueux mais non liquide.
Lorsqu’une fissure s’ouvre inexorablement et entraîne comme ici le détachement progressif d’une partie du mur de l’habitation, il est préférable de purger tous les éléments qui risquent de s’effondrer pour rebâtir ensuite. C’est la solution qui a été retenue pour ce chantier.
Dans la foulée, les propriétaires ont décidé d’abattre une portion de mur mitoyen en mauvais état et de le reconstruire.
Avec ce type de maçonnerie, surtout édifié avec de la terre argileuse, le démontage ne pose aucun souci. Un pied de biche ou une barre à mine suffit pour décoller les moellons et les pierres de taille.
Pensez à répartir les tas de pierres de part et d’autre du mur afin de limiter les manipulations lors du remontage. Côté mur mitoyen, tout est retiré sur 5 m de long pour repartir du sol. En revanche, le chaînage d’angle du mur bordant l’auvent est juste purgé (ouvert) sur toute la zone douteuse.
La fondation du nouveau mur se compose d’une semelle filante renforcée par des aciers noyés et un treillis soudé. Avec une telle assise (30 cm de haut), le mur ne risque pas de travailler sur sa base !
Le béton de la semelle de fondation est un mélange assez fluide réalisé avec 40 litres de graviers (calibrage 20 à 30 mm), 30 litres de sable, 1 sac de ciment de 25 kg et 15 litres d’eau. Une bétonnière (qui peut être louée pour l’occasion) évite la fatigue du brassage manuel et permet d’obtenir à tous les coups un mélange homogène.
Tout est ensuite une question de coup d’œil dans le placement des pierres de taille et des moellons, afin d’obtenir un rang d’une épaisseur à peu près constante, avec de belles faces de parement. La partie centrale du mur est réalisée avec les pierres de petits formats disparates. Elles font surtout office de remplissage afin de réduire la consommation de mortier.
Une nouvelle couche de mortier se charge ensuite de remplir les interstices et sert d’assise au rang suivant. D’un rang sur l’autre, les pierres doivent se présenter à joints décalés, comme pour toutes les maçonneries.
Ce type de réalisation est une affaire de patience. Chaque pierre est mise en place et quelques petits coups de marteau permettent une meilleure adhérence avec le mortier. Ce mur se construit par bandes d’environ 50 cm de haut. En effet la fluidité du mortier oblige à patienter jusqu’au début de la prise, faute de quoi l’ensemble se déforme sous son propre poids. En cas de moellons assez lourds, mieux vaut se limiter à deux ou trois rangs.
Dès que le mortier commence à faire sa prise, revenez aux rangs précédents et grattez légèrement des joints en façade. Dégagez juste assez entre les pierres pour réserver l’espace des futurs joints de finition.
Purgée de tous les moellons désorganisés ou non adhérents, la reprise de l’angle ne présente pas de difficulté particulière. Cette partie est reconstruite au fur et à mesure de l’élévation. Un arrosage de la maçonnerie en place améliore l’adhérence de la reprise. Là aussi, le travail progresse rang par rang, en suivant autant que possible les lignes d’appareillage du mur existant.
Pour finir le couronnement (ou chaperon) qui coiffe le dessus du mur est réalisé avec des tuiles canal de récupération. Une finition qui s’harmonise avec l’existant et rejette l’eau loin du mur.
Si les joints participent à l’élégance du mur, leur dosage reste un grand sujet de discussion entre amateurs. Tout le monde est d’accord pour privilégier la chaux. Mais certains prônent l’utilisation d’un mélange à base de chaux hydraulique, qui a la propriété de faire une partie de sa prise à l’eau et l’autre à l’air … Alors que d’autres ne jurent que par un mélange de chaux hydraulique naturelle (NHL) avec de la chaux aérienne éteinte.
Le mélange a la propriété de faire sa prise à l’air uniquement par réaction avec le gaz carbonique, sa prise définitive est donc beaucoup plus longue.
D’où deux recettes…
Rappelons tout d'abord ce qu'est un mortier : il s'agit d'un mélange constitué d'un liant (qui peut être du ciment ou de la chaux) de sable très fin et d'eau. Le mortier bâtard est quant à lui constitué de deux liants (Chaux + ciment) afin de profiter des caractéristiques techniques des deux produits.
Tout dépend ensuite si le mur se trouve à l'extérieur ou à l'intérieur, critère important car cela détermine le rôle des joints : technique (étanchéité et solidité de la construction) ou décoratif. Dans le premier cas on optera pour un mortier bâtard (1/2 volume de ciment + 1/2 volume de chaux + 3 volumes de sable), dans le second on pourra faire un mortier simplement à base de chaux.
Si les joints sont très abîmés, les décaper à l’aide d’un burin électrique (très pratique) qui fera gagner énormément de temps et épargnera un travail fastidieux au burin. Il est possible de louer cet appareil à la journée.
Nettoyer les joints à fond avec un décapant ciment de type CT20 en vente dans les grandes surfaces de bricolage.
Enfin, refaire les joints au mortier de chaux pour un effet très lumineux (ou un mortier bâtard : chaux + ciment + sable).