Petite familiale à moteur arrière produite à plus d’un million d’exemplaires, la "4 pattes" peut prétendre au titre de reine des années 1950 en France… Une reine qui fait toujours battre le coeur de Daniel Dussart, après une restauration dans les règles de l’art !
Abandonnée dans les années 1980 dans la région de Toulouse, cette 4 CV de 1959 modèle Affaires aboutit finalement dans le garage de Daniel 20 ans plus tard. Une période où Daniel doit bientôt cesser son activité d’artisan en mécanique de précision pour prendre sa retraite. "La voiture est complète mais certaines pièces ont beaucoup souffert, à l’intérieur (sièges…) comme à l’extérieur (portes, ailes arrière et avant, jupe…)."
En effet, avec le temps, le plancher s’est transformé en dentelle, quant au moteur il est tout simplement bloqué.
Daniel commence donc par s’assurer de la disponibilité des pièces. Si beaucoup se trouvent d’occasion, d’autres doivent être fabriquées comme la plupart des caoutchoucs (joints de portes et de pare-brise, silentblocs, bagues…).
"Pour ma première restauration, je tenais à tout faire moi-même ! Pari tenu hormis la rénovation du radiateur et le montage des pneus… "
L’ampleur de la tâche dépasse les prévisions : plancher, longerons et autres éléments de structure sont fortement endommagés. Direction la région parisienne l’atelier de Daniel pour attaquer les travaux.
La caisse est séparée du reste du véhicule à l’aide palan fixé aux supports du pare-chocs…
L’intérieur est déposé, puis la caisse installée sur support fait maison. Le sablage du plancher peut commencer.
L’intérieur est déposé, puis la caisse installée sur un support fait maison.
Le sablage du plancher peut alors commencer.
La rouille a fortement dégradé la partie avant de carrosserie (jupe).
Jugée trop difficile à refaire tôle,elle est fabriquée en résine (sur la base d’un bloc de polystyrène sculpté).
Elle sera enduite, poncée, puis peinte pour un résultat bluffant.
"Cette 4 CV est un modèle Affaires de 1959, reconnaissable à son avertisseur unique et à ses pare-chocs assortis à la carrosserie."
Une remise à neuf enrichie
Dès son arrivée dans l’atelier de Daniel, le remplacement des planchers arrière, bas de caisse et autres "rustines" posées là où la tôle a disparu est entrepris.
En tout, ce ne sont pas moins d’une quarantaine de pièces qui seront soudées par Michel, un ami, ancien chaudronnier et soudeur émérite…
Parallèlement, Daniel entame la réfection des trains avant et arrière. Mais les pièces neuves réservent parfois des surprises : comme ces silentblocs décentrés qui l’obligent à composer avec leurs défauts.
Bien que bloqué, le moteur n’a pas trop souffert : les bielles reçoivent de nouveaux coussinets et les pistons, des segments neufs.
La plupart des pièces d’usure sont remplacées : freins, amortisseurs, démarreur, bobine et régulateur de tension ainsi qu’une bonne partie de la boulonnerie. Le faisceau électrique d’origine est doublé par des fils de masse. Une modification qui a pour but de rendre l’auto plus fiable. Tout comme la conversion du starter automatique en manuel, l’ajout d’une sonde de température d’eau et le remplacement du parebrise par une version feuilletée.
Peu ou pas protégées de la rouille, les carrosseries de l’époque ne résistent pas longtemps aux intempéries.
Le bas de caisse de la 4 CV ne fait pas exception. Le plancher et les longerons ressemblent plus à de la dentelle.
Pour accéder au-dessous du plancher et aux longerons, la caisse est boulonnée sur un support qui reprend le principe de la rôtissoire. Ainsi la carrosserie peut pivoter sur 360°.
"Il suffit de faire tourner la caisse sur elle-même pour accéder très facilement aux zones d’ordinaire difficiles d’accès."
Contrairement à la jupe avant, tous les autres éléments de carrosserie remplacés sont en métal. Ils sont soudés "à l’ancienne" : c’est-à-dire au chalumeau oxyacétylénique (et non avec un poste Mig- Mag).
"Ce procédé de soudure par points offre une meilleure résistance à la déformation qu’un simple cordon."
Une finition méticuleuse pour la vieille voiture
Au final, l’aventure se prolonge durant plus de cinq ans… Elle s’achève avec la mise en peinture de la caisse en respectant la teinte d’origine (vert airain).
Pour cette opération, Daniel a transformé son atelier en cabine de peintre avec ventilateurs d’aspiration.
Sièges, banquette et autres éléments intérieurs retrouvent leur place ou sont remplacés par des équivalents en meilleur état… Enfin le ciel de toit neuf est posé.
Recouvert d’un primaire antirouille et d’un apprêt gris à l’intérieur.
Certains éléments sont refaits en inox comme la partie inférieure du bac à batterie.
Le plancher est également traité puis peint en noir par-dessous
La teinte définitive est d’abord appliquée sur toutes les surfaces intérieures, dont les entourages des portes et du pare-brise ainsi que le coffre et le compartiment du moteur… Suivent le toit, les capots et les ailes.
Un soin tout particulier a été apporté à l’aménagement intérieur de la voiture.
Retrouver un tapis de sol neuf a été un jeu d’enfant grâce à Internet et les sites spécialisés.
Un bloc-moteur remis à neuf
Après leur remise à neuf, moteur et radiateur prennent place sur un support à roulettes pour être testés d’où la présence de l’échappement, d’un voyant de contact et d’un bouton qui permet d’actionner le démarreur : Daniel a pensé à tout !
Le grand moment est bientôt arrivé : le moteur, maintenant accouplé à la boîte équipée de ses trains roulants, est prêt à retrouver sa place sous la caisse…
Pour faciliter le remontage des triangles inférieurs et biellettes de la barre antiroulis, de discrets repères de peinture permettent de distinguer les différents assemblages (rouge pour le côté gauche, vert pour le côté droit).
Enfin l’ensemble des flexibles a été remplacé et les conduites rigides du circuit de freinage refaites en cuivre. La corrosion n’est plus à redouter.
Comme au départ, la caisse est soulevée par son vieux pare-chocs (encore solide !).
Le groupe propulseur est ensuite avancé à l’aplomb du compartiment et la caisse, abaissée sur son train arrière…
Michel surveille les opérations et Daniel inspecte le résultat !
La batterie et l’équipement électrique restent en 6 V… Clignotants et feux sont de ce fait peu visibles.
Mais Daniel a prévu une petite extension du faisceau en vue d’alimenter un troisième feu stop, qu’il doit fabriquer avec des led.
Bon à savoir
Selon son modèle et son âge, une voiture peut être assurée en tant que véhicule de collection en vue de bénéficier d’un tarif plus avantageux. Comme avec n’importe quel véhicule, la garantie vol ou incendie n’est qu’une option. Elle implique ici de faire expertiser la voiture pour déterminer sa valeur. Laquelle peut évoluer à la hausse suite à des frais significatifs (nouvelle peinture…) ou à la baisse si l’entretien est négligé. L’expertise doit être renouvelée tous les 2 ou 3 ans afin de refléter le plus fidèlement possible l’état réel de la voiture.
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