Symbole d’éternité, la pierre, comme la roche calcaire, reste toutefois vulnérable aux intempéries et à la pollution. Lorsqu’elles sont peu sévères, les blessures peuvent être soignées avec un mortier de ragréage modelable. Pratique d’emploi, il protège la pierre encore saine et lui redonne toute son allure.
En fonction des problèmes rencontrés, des traitements complémentaires permettent de prévenir et de lutter contre les mousses et les micro-organismes (Lanko antimousse, par exemple), de consolider l’épiderme de la pierre saine (Durcipierre…) et de protéger sa surface du gel et de la pluie (hydrofuge Proli…).
Sciage à la tronçonneuse, compression et cisaillement, exposition aux intempéries et à la pollution atmosphérique : le parcours d’une roche calcaire, de son extraction en carrière à son emploi dans la construction, n’est pas de tout repos ! Selon sa composition minérale et son emplacement dans la maçonnerie (soubassement, toiture…), elle s’altère plus ou moins rapidement, pouvant parfois développer de véritables maladies. Décollement en plaques de sa surface, désagrégation sableuse (ou “farinage”), altération alvéolaire… en témoignent en maintes régions : Ile-de-France, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne, etc.
● À ces nuisances, s’ajoutent des facteurs aggravants comme l’usage de liants inadaptés et "agressifs" (les ciments gris ou blancs), qui emprisonnent la pierre derrière une barrière étanche et rigide, interdisant l’évacuation de leur humidité résiduelle. De même, la prolifération de mousses, champignons, plantes sauvages… occasionnée par la fuite d’une gouttière favorise la présence de racines qui pénètrent ses interstices et les fait éclater. Les mêmes causes produisant les mêmes dommages, ce sont autant de problèmes qu'il conviendra de pallier avant de traiter les pierres malades.
En dépit de ces altérations spectaculaires, il est possible de reconstituer le parement des pierres tant que les creux n’excèdent pas un tiers de sa profondeur. Au delà, le manque de matière saine rend l’intervention délicate, peu durable et coûteuse. Il faut commencer par refouiller, avec un ciseau à pierre, les parties friables qui "sonnent creux" pour atteindre l’épiderme resté sain.
● On évalue ensuite la dureté et la porosité de la roche en la griffant (avec le ciseau ou la lame d’un tournevis), puis en versant dessus un filet d’eau. Si l’outil creuse un sillon et que la pierre absorbe l’eau d’un trait, c’est qu’elle est tendre et très vulnérable à l’humidité. Si la pointe raye la surface et que l’eau met quelques secondes avant de pénétrer, c’est que la pierre est semi-ferme ou ferme. Dans les deux cas, sa consolidation, éventuellement associée à une reminéralisation, est indispensable pour stopper sa dégradation et la mettre à l’abri des intempéries. Le choix du produit et de sa teinte tient compte de la granulométrie (grain fin, moyen, grossier), de la texture et de la couleur observées.
Le produit employé ici est un mortier minéral pour pierres tendres à grains fins (Parthena Artopierre TF, gamme Parex de Lafarge). Conditionné en sac de 30 kg, il se consomme à raison de 12 kg au m2 pour une épaisseur de 1 cm. À base de poudre de pierre calcaire, de chaux hydraulique et d’adjuvants spécifiques, il peut se teinter dans la masse par ajout à sec de terres naturelles ou d’oxydes minéraux. Une fois appliqué, il présente une finition pierre de taille qui se laisse scier, raboter, sculpter…
Le matériel se compose d’une truelle, d’une langue-de-chat, d’une auge, d’une taloche et de chemins de fer (ou rabots à pierre), de dentures et largeurs diverses. Des clous et du fil de fer en laiton ou en cuivre, permettent, lorsque les dégradations sont profondes, de créer une armature sur laquelle on applique le mortier.