Matériau d’exception, la pierre est appréciée depuis toujours pour sa longévité. Pourtant, différents facteurs contribuent à en altérer les reliefs au fil des ans. Une restauration devient alors nécessaire.
Difficulté : Facile
Coût : environ 80 €
Temps : 2 jours pour un entourage de fenêtre
Équipement : marteau burineur, petite tronçonneuse, scie à béton cellulaire, outils de maçon, chemin de fer, auge, taloche...
Fournitures
• Chaux blanche NHL (sac de 35 kg)
• Sable de rivière très finement tamisé
• Colorant ocre jaune ou poudre à teinter les ciments
• Pierres de taille de récupération
Avec le temps, la pierre de taille subit de multiples agressions d’ordre physique (gel, pluie, vent…), chimique (pollution atmosphérique) ou biologique (mousses, lichens et champignons). Ces diverses pathologies sont à l’origine de désordres qui affectent les façades (fissures et infiltrations). Comment y remédier ?
Datant de la fin du XIXe siècle, la façade ouvragée de cette demeure en pierres de taille n’a pas échappé aux marques du temps. La pierre malade se décolle en plaque ou se transforme en poudre (phénomène de « farinage »). Sans parler des anciennes réparations plus ou moins réussies. En témoignent les inesthétiques joints en ciment gris qui se superposent et les barres d’appui scellées avec des ciments différents ou du plâtre qui défigurent les tableaux de fenêtre.
• En dépit de ces altérations, il est possible de reconstituer le matériau de base. La pierre de taille se scie, se rabote et se sculpte à merveille. Les travaux de restauration sont variables selon l’état du support et la dureté de la pierre calcaire (classée tendre ou très tendre jusqu’à dure).
Plusieurs fabricants (Parexlanko, Weber) proposent des produits spécifiques qui tiennent compte de la dureté de la pierre et des épaisseurs à recharger. De même, la couleur doit être choisie avec soin : les poudres sont teintées de façon uniforme alors que la couleur de la pierre peut varier d’un point à l’autre du bâtiment.
• En règle générale, il faut curer au ciseau et purger la pierre saine sur quelques millimètres. Pour des réparations supérieures à 3 cm d’épaisseur, la pose d’une armature (vis et câbles entremêlés) devient indispensable. Elle sera noyée dans un mortier de reconstitution appliqué en plusieurs couches. Après séchage, la rectification des faces s'effectue au chemin de fer (rabot).
La solution adoptée ici est simple et économique. Les joints, la reconstitution des parties manquantes et la reprise des reliefs ont été effectués à partir d’un mortier composé d’une part de chaux blanche (NHL 3,5 de Saint-Astier) mélangée à deux parts d’un sable jaune très fin et bien tamisé. Après quelques essais de dosage, une teinte proche de l’origine est obtenue avec une poudre ocre jaune ajoutée à sec (Libéron).
• Pour les trous trop importants ou les reliefs disparus, on ne peut que découper une cavité à bords francs et fabriquer une pièce de réparation qui sera scellée et rectifiée après séchage. Les pierres de taille se trouvent dans certaines régions (Centre, Bourgogne…). Pour les petits éléments de réparation, on peut se procurer des pierres de récupération (jambages d’ouvertures d’anciennes maisons démolies).
En fonction de l’état de la pierre, vous pouvez utiliser certains produits spécifiques.
• Pour traiter la porosité des pierres de taille (appuis de fenêtre, etc.), employez un hydrofuge liquide à base de résines (tel que « Sto cryl SM 263 » chez Sto). Il remplace le zinc.
• Pour consolider des surfaces de faible cohésion, utilisez un minéralisant (« Durcipierre » de Parexlanko ou « Weber minéralisant » de Weber). Appliqué au pinceau ou au pulvérisateur en plusieurs passes, mouillé sur mouillé, le liquide contribue à durcir la pierre en séchant.
• Pour reconstituer la pierre, Weber propose le « Weber.cit ». Pour renforcer l’adhérence, il faut appliquer auparavant un primaire « Weber.prim pierre » au pinceau après nettoyage de la surface. Pour notre chantier, certaines parties ont été traitées au Sicalatex dilué et incorporé à l’eau de gâchée de la chaux.
• La pierre peut être décapée au nettoyeur haute pression. À condition de limiter la pression à 80 bars maxi et de promener la lance (jet plat) à environ 2 m de la façade. Sinon la pierre tendre se creuse. Autre solution : utilisez un décapant chimique (« Sto-nettoyant neutre » chez Sto) suivi d’un brossage et d’un rinçage abondant à l’eau.
Au rez-de-chaussée, les tableaux de fenêtre ont été endommagés par les différents scellements de la barre d’appui et d’un gond de volet. Tout a été utilisé : plâtre, ciment gris, morceaux de briques. Le bloc de pierre doit être remplacé.
La barre d’appui et le gond sont supprimés et les zones endommagées découpées au disque diamant.
Éliminer l’intérieur de la cavité délimitée par les coupes. Travailler au burin plat de maçon en tenant l’outil perpendiculaire aux deux faces du jambage de fenêtre. Vider le joint supérieur à la pointerole et à la massette.
Découper la pièce de remplacement dans un bloc de pierre de récupération. Choisir une pierre assez tendre qui se découpe à la scie égoïne à pastilles de carbure rapportées. Si une face est plane, effectuer le tracé au trusquin de menuisier.
Présenter la pièce dans la découpe. L’ajustage doit être précis. Compter 5 mm de joint, sinon rectifier à la râpe. L’arête de la pièce ne doit pas être ébréchée.
Dépoussiérer et mouiller l’ensemble. Beurrer le dos de la pièce rapportée au mortier. Enduir les parois de la cavité et pousser sur la pièce.
Après séchage (1 journée), rectifier la pièce greffée au chemin de fer. Ses peignes disposés en quinconce créent des striures qui retirent de la matière.
La réparation est terminée. Des différences de teintes entre la pièce rapportée et le tableau sont inévitables mais la pierre va se patiner avec le temps.
Sur l’autre face du tableau, la réparation est différente : la pièce ne débouche pas sur l’arête de l’ébrasement. Avant de reboucher le trou du gond, percer 2 trous de Ø 6 mm qui recevront chevilles et vis de laiton réunies par un fil de laiton. Cette armature assure une meilleure accroche du remplissage au mortier teinté.
Pour réparer les joints écaillés, vider leur parcours à l’aide d’une chevillette débarrassée de sa presse et frappée à la massette. Attention à ne pas abîmer la pierre.
Pour vider un joint rectiligne sans ébrécher la pierre, le scier avec la scie égoïne à pastilles de carbure prévue pour travailler le béton cellulaire (saignée de 5 à 8 mm).
Préparer un mortier teinté. Faire des essais pour tester la couleur même si les joints restent plus marqués. Mouiller la pierre et serrer le joint au fer.
Vider le joint des reliefs moulurés et curer la partie poudreuse. Planter des clous de laiton réunis par un fil de laiton.
L’effritement de certaines parties a nécessité un petit coffrage maintenu par une chevillette.
La maison est ceinturée en partie basse par un bandeau en relief. Le mortier gris est décollé au burin.
Préparer le logement de la pièce rapportée au marteau burineur (2 cm) et travailler les coins au ciseau de maçon.
Façonner la pièce sur 4 cm d’épaisseur (2 cm pour le logement et 2 cm en saillie). Chanfreiner un peu les chants du bandeau.
Enduire le fond du logement et le dos de la pièce. Fixer la pièce avec deux chevillettes en interposant une planchette. Finir le joint de pourtour.
Après séchage, retoucher les deux raccords d’extrémité.