Fabriqués depuis 1850, les carreaux de ciment sont du plus bel effet pour décorer un sol. Leur pose exige toutefois méthode et précision, surtout dans le cas de matériaux de récupération…
Difficulté : 3/4
Coût : 50 à 80 €/m pour une surface de 12 m
Temps : 3 jours à 2 personnes
Pour créer une pièce à vivre supplémentaire tout en conservant le cachet d’origine, le sous-sol de cette maison a été rénové dans le style des années 1930. Les carreaux de ciment choisis pour habiller la dalle ont été achetés chez un récupérateur de matériaux anciens. De fabrication artisanale, ils affi rment le parti pris décoratif de l’aménagement intérieur. Grâce à la variété de ses motifs et couleurs, ce type de revêtement peut être posé aussi bien au sol qu’au mur.
La pose s’effectue en respectant la règle des 3S et 3P : le support doit être sec, stable et sain ; plan, propre et poreux. Par exemple, la dalle béton doit idéalement présenter un taux d’humidité inférieur à 3 \%, ce qui implique un séchage de plusieurs semaines avant la pose des carreaux. Par ailleurs, le DTU (document technique unifié) précise que la valeur des défauts de planéité apparaissant sous une règle de 2 m (tolérance de planéité) ne doit pas dépasser 5 mm. Enfin, si le revêtement de sol est collé, un ragréage fi n est à prévoir afi n de rendre la surface la plus plane et homogène possible.
Sur ce chantier, la mise en oeuvre est réalisée sur un lit de mortier, les carreaux étant scellés à frais à l’aide d’une barbotine de ciment blanc. Cette méthode permet de compenser leurs différences d’épaisseur, différences qui interdisent la pose collée directement sur une dalle béton. En théorie, ces carreaux de ciment sont posés bord à bord. Mais avec des matériaux de récupération, mieux vaut prévoir un joint, même très fin, pour garantir les alignements et le calepinage.
Une bande résiliente périphérique sert à désolidariser la dalle du lit de pose.
Après avoir dessiné le schéma du principe de pose, mesurez et tracez, en partant du centre la pièce, l’emplacement des différents décors à l’aide d’une grande règle. Ici, plusieurs « tapis » rectangulaires avec des frises périphériques.
Commencez le travail à l’angle opposé à la porte d’entrée. Gâchez à la pelle le sable et le ciment blanc légèrement humidifié (1 vol. de ciment blanc pour 9 vol. de sable).
Étalez grossièrement à la pelle le mortier maigre, puis égalisez à la truelle.
Tirez le mortier à la règle en prenant appui sur les bandes de plaques de plâtre qui servent de guides au dressage.
Lissez le mortier à la taloche en effectuant des mouvements amples et circulaires, le plus régulièrement possible. Ce lit de pose souple permettra de corriger les différences d’épaisseur d’un carreau à l’autre.
La pièce à recouvrir n’est pas parfaitement rectangulaire. Tracez un calepinage précis en fonction des dimensions réelles des différents éléments pour équilibrer les coupes le long des murs.
Vérifiez une dernière fois l’équerrage, la justesse du calepinage et la cohérence visuelle du tracé retenu. Le but est de « contenter l’oeil » dans une pièce qui présente des contours relativement irréguliers.
Déterminez l’emplacement des frises périphériques. Elles permettent de délimiter les différentes zones carrelées.
Posez à blanc un rang de frise d’un bout à l’autre de la pièce. Il sert de référence pour l’ensemble de la pose des carreaux, et permet de vérifi er s’il faut commencer par un carreau plein ou coupé.
Nettoyez les carreaux avec un détergent doux. Puis laissez-les tremper dans l’eau claire : gorgés d’eau, ils adhèreront mieux au mortier.
Étalez régulièrement la barbotine composée de ciment blanc à l’aide d’une taloche Inox (ou d’un peigne à grosses dents). Attention, elle sèche rapidement : évitez d’étaler à l’avance une trop grande quantité.
Positionnez les carreaux et réglez-les de niveau en les faisant glisser et/ou en les tapotant. La pose s’effectue à joint très fin : 1 mm environ.
Continuez la pose en veillant à la bonne planéité des carreaux et à la largeur des joints, en jouant avec les légères différences de dimensions d’un élément à l’autre.
Nivelez les carreaux avec précision, les uns par rapport aux autres, en évitant de les frapper avec un maillet à la gomme trop dure.
Avant d’aller plus loin, contrôlez le parfait alignement de la première rangée à l’aide d’une règle de 2 m de long.
Posez les carreaux de la frise, perpendiculairement au tapis et au rang de départ. Poursuivez la pose des rangées du tapis.
Étalez la barbotine à l’avancement, afi n de travailler dans une position confortable. Éliminez sans attendre les excédents sur les carreaux, à l’aide d’une éponge humide soigneusement rincée.
Pour réaliser les angles, coupez à 45° deux carreaux identiques et posez chaque demi-carreau avec un joint très fin.
La première partie est terminée. Le revêtement de la pièce se poursuit avec, pour chaque zone, la réalisation d’un fi n lit de pose, réglé.
Découpes à la meuleuse
La découpe des carreaux se fait à l’aide d’une meuleuse, à eau de préférence pour éviter l’échauffement et les émissions de poussières. Le port de lunettes est recommandé pour se protéger d’un éventuel éclat. Pour plus de précision, notamment lors des découpes des carreaux d’angle, la meuleuse peut être montée sur châssis.
Comme précédemment, dressez un lit de pose composé de sable fin et de ciment blanc. Réglez, lissez et serrez le mortier.
Poursuivez la pose en vous calant sur la partie déjà réalisée. La technique est identique, seul le décor change. Vérifi ez en permanence l’alignement des carreaux.
L’usage du maillet permet de niveler avec précision les carreaux entre eux. De la qualité de pose dépend le résultat final.
Il est utile de vous placez régulièrement à l’autre bout de la pièce pour vérifi er la cohérence de l’alignement.
Étalez le mortier de jointoiement à l’aide d’un platoir, en insistant sur le remplissage des joints. Éliminez immédiatement le surplus avec un chiffon humide. Puis, nettoyez à l’eau claire.
Après séchage complet, appliquez à 24 heures d’intervalle deux couches d’un traitement hydrofuge microporeux.
Il est constitué d’une succession de couches de mortiers fins de ciment (mélange de sable et de ciment) et, pour le décor, d’oxydes métalliques colorés. Il est assez facile de dénicher des lots en bon état chez les négociants en matériaux anciens, les antiquaires, chez certains brocanteurs, voire sur Internet.
La difficulté, hormis leur état de conservation, est de se procurer un lot correspondant à la totalité de la surface à couvrir. Comme ils ont souvent habillé des pièces de petite taille, il est presqu’impossible de traiter un grand espace avec un seul lot. Mais on peut créer de magnifi ques « tapis » de sol agrémentés de frises et bordures avec des carreaux de différentes dimensions et motifs, ou encore privilégier des carreaux de ciment neuf… En effet, après quelques déconvenues liées à des produits importés au suivi mal assuré, il est désormais possible de trouver des carreaux neufs chez quelques fabricants, majoritairement implantés dans le sud de la France.