La poterie est un art authentique, de même qu’une merveilleuse activité de loisir. Pour s’y adonner, Philippe Gautron s’est construit un tour à sa mesure à partir d’un moteur de machine à laver, d’une roue de vélo, d’accessoires ménagers et de ferraille… de récupération, bien sûr!
Niveau : initié
Réalisation : env. 2 week-ends
Coût : env. 46€
Équipement minimum : poste à souder à l’arc, meuleuse, perceuse à colonne, tour à métaux.
Voir le plan de cette réalisation (en pdf) : Tour de potier : le plan
Cette réalisation comporte à la base un châssis constitué de fers plats et en “T”, supportant le mécanisme d’entraînement de la girelle et son moteur. L’ensemble est protégé par un carter en contreplaqué, qui intègre deux repose-pieds en demi-lune. La forme triangulaire du châssis assure une bonne position de travail et permet de garder à portée de main la matière première. Celle-ci prend forme sous les mains de l’artiste, qui utilise avec dextérité le mouvement rotatif de la girelle.
Supportée par des fers plats, une simple bassine en plastique, légèrement modifiée pour accueillir la girelle et son axe, récupère l’eau et les impuretés du tournage. Elle est accouplée à une “popote” en inox qui permet de disposer de l’eau nécessaire pour mouiller l’argile. La rotation de la girelle est assurée par un moteur électrique de machine à laver, qui entraîne une roue solidaire d’un axe monté sur roulements à billes. Celui-ci est usiné au tour à métaux : à défaut, confiez le travail à un artisan.
Le châssis est réalisé à partir de cornières, fers plats et en “T” assemblés par soudure à l’arc. Les platines en fer plat sont disposées pour recevoir les mors de maintien de l’arbre supportant la girelle.
Délimitant un volume triangulaire, la structure porteuse se compose de trois montants d’angle assemblés à des traverses hautes et basses : toutes pièces débitées dans du fer en “T” de 25 x 25 mm. On trouve ainsi deux triangles superposés servant à la fixation des paliers de l’arbre. Dans le bas, une traverse médiane, qui relie l’un des montants à la traverse inférieure du côté opposé, reçoit la platine support de l’arbre en fer plat de 4 x 6 mm.
Vous pouvez souder chaque pièce séparément, mais il vaut mieux commencer par les pointer pour contrôler le montage. En parties haute et basse, deux platines en fer plat de 4 x 60 mm relient les deux grands côtés de la structure triangulaire : leur espacement dépend du diamètre extérieur des roulements équipant l’arbre d’entraînement. Notez de même que la position du triangle bas sur les montants est fonction de la hauteur du moyeu de roue récupérée.
Les quatre supports de bassine, en fer plat de 6 x 20 mm, sont soudés sur le triangle supérieur : leurs hauteur et positionnement dépendent des dimensions de l’accessoire, simplement soutenu au niveau du rebord. Un de ces supports reçoit un fer coudé destiné au maintien de la popote par l’intermédiaire d’un pontet. Celle-ci doit être un peu plus haute que la bassine, afin d’en faciliter l’usage.
Les deux traverses équipant le petit côté du châssis sont reliées par un montant intermédiaire (placé au plus près du montant droit, vu de l’extérieur). Cet élément reçoit une pièce en U dont les ailes percées forment deux petits paliers. Leur écartement est adapté à celui des paliers situés sur le berceau d’origine du moteur. L’ensemble est solidarisé au moyen d’un axe (récupéré sur un vieux moteur), passé dans les trous des différents paliers. Un tendeur, constitué d’une tige filetée de Ø M6 avec écrous et rondelles, relie quant à lui le berceau au grand côté correspondant du triangle inférieur.
Il s’agit d’un arbre, pourvu de roulements, à la base duquel est montée une roue de vélo. Elle est entraînée par un réducteur, fixé au bout de l’axe moteur. Un tube (ou fût) emmanché à l’extrémité supérieure de l’arbre et bloqué par deux vis, permet la fixation de la girelle. Cette dernière est un disque d’aluminium de Ø 300 mm (épaisseur 6 mm), découpé à la scie sauteuse et rectifié à la lime. Son centre est percé d’un trou fraisé, pour le passage de la vis de fixation.
Le moyeu de la roue est modifié pour l’introduction d’une tige filetée de Ø M8 : il est aussi percé d’un trou taraudé pour recevoir une vis de blocage de Ø M4 x 15 mm. Le fût est usiné dans du fer rond de Ø 30 mm, percé axialement à un diamètre de 13 mm correspondant à celui de l’extrémité de l’arbre. Sa longueur est calculée pour que la girelle se situe au niveau du rebord de la bassine, sans reposer sur le fourreau (voir plus loin). À côté de sa lumière centrale, la girelle est percée d’un petit trou destiné à son ergot d’entraînement (qui s’emmanche en force).
La roue et l’arbre d’entraînement équipé de roulements à billes sont maintenus dans le châssis par les mors fixés sur les platines. Dans le fond, on aperçoit les paliers de fixation du berceau du moteur.
■ Les roulements sont bloqués par des mors usinés dans du fer plat de 8 x 30 x 70 mm. Leurs formes en “V” sont réalisées à la scie à métaux et à la lime. Ils comportent chacun deux trous de Ø 6,5 mm destinés aux vis de fixation de Ø M6 x 30 mm, que l’on serre dans les trous taraudés des platines du châssis. Des cales de compensation peuvent être nécessaires. À noter : pour un bon alignement de l’arbre, mieux vaut réaliser des trous oblongs dans les mors.
■ À ce stade les pièces métalliques sont dégraissées, les soudures correctement meulées et recouvertes d’une sous-couche antirouille puis d’une peinture pour métal. Le châssis est caréné de contreplaqué de 10 mm d’épaisseur, fixé par des vis de Ø M4 après perçage et taraudage de trous réalisés dans le châssis. Les deux repose-pieds, en bois dur ou contreplaqué épais, sont fixés de part et d’autre sur l’habillage des grands côtés. Comme le carénage, ils peuvent être peints, teintés ou vernis.
La roue, équipée de sa tige de liaison et de l’adaptateur, est engagée dans le roulement à billes inférieur, lui-même positionné sur la platine inférieure. L’arbre d’entraînement, muni de ses roulements, est monté sur la roue en le passant entre les platines du châssis. Les mors de blocage sont alors positionnés et réglés de façon à obtenir un bon alignement de l’arbre.
■ Le fût est bloqué sur l’arbre, en partie basse, par deux vis serrées dans des trous taraudés. Il est ensuite passé dans un fourreau en tube de Ø 40/46 mm, soudé dans un large trou percé au centre de la plaque (de 2 x 80 x 80 mm) support de bassine. Le fond de cette dernière est également percé pour laisser passer le fourreau.
Le fût de liaison est enfilé sur l’arbre, son positionnement en hauteur assuré par deux vis de blocage. Son extrémité supérieure comporte l’ergot d’entraînement de la girelle. À défaut de tour à métaux, tous les éléments constituant l’axe peuvent être réalisés par un tourneur.
■ Après interposition d’un gros joint d’étanchéité en caoutchouc, la bassine est fixée sur sa plaque au moyen de quatre vis serrées par écrous. Le moteur est à son tour fixé sur son support, puis on agit sur le tendeur pour obtenir l’adhérence suffisante entre le pneu et le réducteur.
Le passage de l’axe d’entraînement au travers de la bassine s’effectue par l’intermédiaire d’un fourreau tubulaire, soudé à une plaque fixée par vis et écrous. L’étanchéité du montage est assurée par un joint caoutchouc.
Le raccordement électrique ne nécessite pas de branchement particulier, la vitesse de rotation restant constante. Toutefois, il importe de tester les bornes du moteur afin qu’une fois placé, il tourne dans le sens voulu. Un coupe-circuit avec bouton marche/arrêt, et éventuellement arrêt d’urgence, est fixé sur un carter puis relié aux câbles d’alimentation et au moteur. Ce dernier est doté d’un condensateur de déphasage, à fixer à un montant du châssis à l’aide de colliers d’électricité.
■ Pour la sécurité, le moteur et les parties métalliques sont raccordés à la terre. Le condensateur et les raccords doivent être protégés des projections d’eau au moyen de capuchons en plastique, confectionnés pour l’occasion. Il reste à installer la popote et à visser la girelle en bout d’arbre.
La bassine, sur ses supports en fer plat, joue le rôle de réceptacle à girelle. Une popote de camping sert de récipient à eau, indispensable au façonnage de l’argile. Le moteur est articulé sur le châssis pour régler la pression du réducteur monté en bout d’axe moteur sur la roue de vélo. Le condensateur est protégé des projections par un capuchon en plastique. Par sécurité, toutes les pièces métalliques sont reliées à la terre.
Le nettoyage de la bassine implique la dépose de la girelle. Pour éviter cet inconvénient, faites réaliser une rainure de clavette par le tourneur (il possède à coup sûr une fraiseuse). Vos vis faisant fonction de clavette, le fût est modifié en conséquence et c’est lui qui est taraudé à son extrémité. Il suffira alors d’ôter l’ensemble fût/girelle.
● Sous la girelle, prévoyez une rainure ou une couronne en silicone qui jouera le rôle de goutte d’eau. Si l’eau est éjectée par la force centrifuge contre la paroi de la bassine pendant le travail, il se peut qu’elle s’écoule jusqu’à l’arbre lorsque l’appareil est à l’arrêt. Ce qui serait préjudiciable au montage.