Désirant créer un massif dans un terrain assez pauvre, on m’a conseillé d’améliorer la terre avec du terreau horticole. Qu’en pensez-vous ?
Les jardineries et autres magasins jardin proposent un large assortiment de terreaux dont la plupart ont une destination précise : semis, rempotage, plantation… ou bien sont adaptés à des cultures particulières : géraniums, agrumes, rosiers, potager, plantes aromatiques, cactées, orchidées, etc. Il existe aussi des compositions polyvalentes, adaptées à la plupart des cultures, qui sont couramment appelées terreau universel et terreau horticole.
La distinction n’est pas franche entre les deux appellations qui ne s’appuient d’ailleurs sur aucun critère technique particulier et ne constituent pas des dénominations normées. Il faut toutefois savoir que le nom « terreau universel » est abondamment utilisé pour nombre de formules promotionnelles et bas de gamme, la terminologie « terreau horticole » ayant une connotation plus qualitative, plus experte.
Le terreau horticole est destiné à toutes les plantes qui ne requièrent pas un substrat de composition particulière et elles sont les plus nombreuses. Bien qu’il convienne aux cultures en bacs, jardinières et pots, privilégiez l’usage du terreau horticole pour la pleine terre : lors de la création des massifs ou du potager et de toutes les plantations : arbres et arbustes d’ornement, conifères, fruitiers, grimpantes, rosiers, vivaces, etc.
Pour tous les terreaux, mais plus encore pour un terreau universel ou horticole, il faut porter une attention particulière à la composition avant l’achat. Celle-ci figure obligatoirement au verso des sacs. D’une manière générale, plus les matières premières utilisées sont nombreuses et variées et meilleure est potentiellement la qualité du produit.
Un bon terreau horticole est toujours enrichi par un engrais complet (N = azote, P = acide phosphorique, K = potasse), ce qui en fait un support de culture suffisamment nutritif pour alimenter les plantes durant un à six mois selon le type de fertilisant utilisé. Lorsque ce dernier est d’origine naturelle, le terreau peut bénéficier de la mention UAB (utilisable en agriculture biologique), ce qui est surtout apprécié pour le potager et les cultures de plantes comestibles.
Il n’est pas toujours facile de choisir un terreau car le produit est contenu dans un sac opaque et l’on ne voit donc pas ce que l’on achète. Il faut donc se baser sur la composition, sachant que les diverses matières premières jouent un rôle différent et complémentaire. Au moins trois matières premières différentes doivent être associées dans un bon terreau. L’une assure l’aération (rôle drainant), l’autre retient l’eau et les éléments nutritifs (rôle d’éponge) et la dernière donne du corps au produit, assurant une bonne assise aux plantes (rôle structurel).
Les matières présentes dans le terreau doivent être bien décomposées, mais la présence de débris solides (petits morceaux de bois, grains de sable, etc.) est nécessaire à une bonne aération et la création d’espaces de stockage pour l’eau. La couleur noire du produit n’est pas forcément synonyme de qualité et contrairement à une idée reçue, le terreau ne doit pas être trop fin sinon, il va se compacter aisément.
Les tourbes
La légèreté naturelle et la richesse en matière organique des tourbes en fait l’un des constituants principaux d’une majorité des terreaux du commerce. On distingue deux catégories de tourbes :
• La tourbe blonde
Produit de l’accumulation des sphaignes (mousses) dans un milieu humide et anaérobie (sans air), c’est un produit fossilisé âgé d’environ 2 000 ans, de consistance fibreuse et spongieuse, riche en cellulose et en carbone et très acide. La tourbe blonde possède une très forte capacité de rétention en eau , mais elle aussi filtrante. C’est une substance très stable, qui présente l’inconvénient de se réhumidifier difficilement une fois sèche, d’où une nécessaire limite dans ses proportions (30 %)
• La tourbe brune
Plus âgée (5000 ans) que la tourbe blonde, elle est formée de débris végétaux ligneux (principalement des Carex halleriana) dont la dégradation est plus poussée. C’est une substance riche en humus, de consistance plus dense que la tourbe blonde et qui assure le maintien du système racinaire et par conséquent la stabilité du végétal. Elle entre souvent dans la composition des terreaux dans une proportion de 20 à 40 %.
Les Matières végétales
Il s’agit souvent d’écorces compostées et de branches broyées, qui contribuent à l’obtention d’un terreau fibreux, léger, riche en matière organique. Très drainants, ces composants sont équilibrés par la présence de tourbe noire. La proportion de cette matière végétale ne doit pas dépasser 30 %, sinon, le produit obtenu est de piètre qualité et souvent trop acide.
Le Compost vert
C’est le produit de la décomposition des « déchets verts » principalement issus de la taille, mais également des feuilles mortes ramassées à l’automne. C’est un matériau riche, qui facilite la constitution d’humus dans le sol, mais qui, dans un terreau, doit être allégé par les matières végétales et les tourbes.
Le Fumier composté
Qu’il soit de bovins, de cheval ou de basse-cour, le fumier bien décomposé est riche en micro-organismes qui créent un sol vivant et valorisent la transformation de l’humus. Il équilibre aussi la structure physique du terreau, le rendant plus perméable.
Les Algues marines
Agissant sur l’activité biologique du terreau, elles renferment des éléments organiques qui contribuent à la fertilité en favorisent l’assimilation de l’azote nitrique par les plantes. Riches en oligo-éléments et en hormones, elles présentent un bon équilibre entre calcium et magnésium qui favorise le développement racinaire. On peut les considérer un peu comme les « vitamines » du sol.
La Dolomie
Cette roche riche en calcium et en magnésium est d’ailleurs parfois appelée « chaux magnésienne ». Dans le terreau, c’est un élément d’équilibre du pH, qui contrebalance la forte acidité des tourbes et des matières végétales. Elle joue aussi un rôle de stimulant de l’activité microbienne.
Le pH (potentiel hydrogène) mesure l’acidité ou l’alcalinité du substrat (l’échelle va de 0 à 14 avec la neutralité à 7). Un bon terreau doit présenter un pH autour de 6 (légère acidité) qui convient à une très large palette de plantes. Les formulations trop acides (moins de 6) sont en général assez pauvres sur le plan agronomique car ces substrats retiennent mal les éléments minéraux. Ils ne conviennent qu’aux espèces dites acidophiles (bruyère, camélia, fougère, hortensia, magnolia, etc.)
Une fois que vous aurez pris en compte tous les éléments que nous avons passés en revue, il vous sera beaucoup plus facile de sélectionner un terreau de qualité en fonction de l’usage prévu. De par sa composition structurellement équilibrée et sa richesse nutritive, un bon terreau est le support de culture idéal pour toute plantation en pot, en bac ou en jardinière dans lesquels il remplace avantageusement la terre. Si vous ne connaissez pas la quantité qui est nécessaire à votre plantation, sachez qu’il existe sur Internet un calculateur simple et pratique qui vous indiquera vos besoins.