Anne-Sophie et Vincent Grosset-Janin ont relevé un sacré défi. Celui de transformer un rustique abri d’alpage en un chalet agréable et chaleureux, autonome en eau et en électricité.
Anne-Sophie et Vincent ont appelé leur petit coin de paradis "La Vieille Écurie" :
"C’est un chalet d’alpage en pierre qui a du cachet. Il servait à abriter le bétail qui pâturait dans les alpages", explique Anne-Sophie.
Car nous sommes ici dans les Alpes, pas très loin de Val d’Isère. Aujourd’hui, il n’y a plus de bétail mais un beau chalet où il fait bon vivre.
Sa particularité ? Être une habitation totalement autonome en eau et en électricité, car évidemment nous sommes ici très éloignés des réseaux. Pour le moment, nous utilisons un groupe électrogène, mais nous avons tout prévu pour une installation autonome avec des panneaux solaires photovoltaïques."
En attendant, première étape des travaux : la
mise en œuvre d’une nouvelle charpente pour une toiture qui en avait bien besoin :
"Elle avait plus que vécu." Mais attention lorsque l’on parle de charpente à 1500 mètres d’altitude, mieux vaut prévoir du solide :
"Nous avons eu 1,50 m de neige sur le toit, l’année dernière." Ce sont donc des billes de bois, y compris pour les chevrons, qui constitueront la charpente.
- Toiture et charpente sont remontées selon les principes constructifs de l’époque : pannes et chevrons en billes de bois et toiture en bac acier.
- Le toit est rehaussé de 30 cm pour gagner de l’espace à l’intérieur.
- Vincent prépare les arases pour que la nouvelle charpente prenne correctement appui sur le mur.
- Plus tard, les pannes sablières y prendront place.
- Les billes ont été livrées : "Nous les avons passées à la plane afin de les écorcer et les dégrossir, puis nous leur avons appliqué un produit de protection préventif."
Où trouver des billes de bois ?
Selon la région, se procurer des billes de bois (troncs d’arbre sans branches exempts de gros défauts) pour une construction en fuste ou une charpente est plus ou moins facile. C’est évidemment plus simple de trouver un scieur dans les Alpes, le Jura ou les Vosges qu’en Ile-de-France. Car c’est directement en scierie qu’il est possible de se fournir ; les distributeurs de matériaux classiques ne proposent pas ce type de produits. En outre, il est impératif de veiller à la qualité des bois mis en oeuvre à l’intérieur et à leur taux d’humidité, à savoir 12% maxi (référence européenne).
- Pour la mise en place des pannes (9 m de portée) et des chevrons, nos lecteurs ont utilisé une pelle araignée.
- Les pannes sont scellées dans les murs pignons.
- Les chevrons y seront solidarisés à l’aide de tire-fonds.
- La couverture est composée d’un voligeage, d’un pare-vapeur goudronné et de panneaux sandwichs isolants de couverture avec parement extérieur en acier (ép. 4 cm). Une isolation qui peut paraître faible : "Pour le moment, ce n’est pas notre résidence principale."
Acheminer l'eau jusqu'au chalet
Le couvert est assuré, vient la seconde étape des travaux : amener l’eau dans la maison.
"Lorsque nous avons acheté le chalet, il y avait en contrebas une source à vendre sur un petit terrain de 25 m, explique Vincent.
C’était indispensable de l’acheter pour ensuite la capter, puis l’acheminer jusqu’à la maison." Pour ces travaux, Vincent, qui travaille dans le BTP, prend conseil auprès de spécialistes.
L’installation repose sur l
e captage, le pompage, le stockage de 1000 litres au niveau de la source et dispose d’un autre stockage tampon, de 1000 litres également, à côté de la maison. La seconde cuve de stockage a été installée dans un conteneur situé contre le pignon arrière de la maison. Ce dernier a son importance : il fait également office de protection contre les avalanches.
"La dernière n’est pas passée très loin de la maison !" Pas rassurant. " Et pour qu’il se fonde dans le paysage, nous l’avons habillé d’un bardage bois et avons aménagé une terrasse panoramique au-dessus."
"Pour une rénovation comme celle-ci, mieux vaut être patient. Il faut savoir prendre son temps pour ne pas commettre d’erreurs."
- Le conteneur, qui abrite entre autres la réserve d’eau, a été mis en place contre le pignon arrière de la maison.
- Pour amener l’eau, de la source située en contrebas de la maison, une tranchée de 178 m de long sur 25 m de dénivelé est creusée.
- Un tuyau d’alimentation en PER (Ø 32 mm) y est installé ainsi que le câble électrique d’alimentation de la pompe, relié pour le moment au groupe électrogène.
- Pas facile de faire disparaître un conteneur en métal dans un tel paysage !
- Anne-Sophie et Vincent ont eu la bonne idée de l’habiller d’un bardage en mélèze, et de prévoir sur le toit une terrasse panoramique.
- Le conteneur a disparu. Il s’intègre à la montagne via un petit appareillage en pierre.
- À l’arrière, un escalier en bois facilite l’accès à la terrasse.
Aménager l'intérieur et l'extérieur du chalet
"Nous avons enchaîné par les travaux d’aménagement intérieur, notamment un nouveau plancher, et la réfection de la façade." Pour le plancher, ce sera du neuf : "
L’existant n’était pas récupérable." Pour la façade, un enduit à la chaux.
À l’intérieur, nos lecteurs aménagent une grande pièce à vivre avec coin nuit, salon séjour et cuisine. Côté cuisine, le sol est étanchéifié puis recouvert d’un carrelage dans la continuité du plancher.
À l’extérieur aussi, le paysage se transforme car, en plus d’être bricoleuse, Anne-Sophie s’intéresse au jardinage :
"Nous avons aménagé le jardin à la minipelle." Des travaux de longue haleine et tout n’est pas terminé : "
Nous nous sommes concentrés sur la partie habitation ; il reste l’écurie où l’on compte créer à terme une chambre, une salle de bains et un atelier. Pour aménager l’écurie, il va falloir décaisser le sol pour gagner en hauteur. Et après tout cela, nous envisageons de construire un abri de jardin en fuste, version chambre d’amis." De quoi s’occuper pour de longs mois encore !
- Le nouveau plancher est mis en place sur l’ancien.
- Il comporte un solivage, une isolation en laine de roche, des panneaux agglomérés et, en finition, un plancher flottant en chêne. "Cela nous a permis de tout remettre à niveau, il y avait une différence de 13 cm."
- Pas de parquet pour le coin cuisine, mais un carrelage mis en place sur le nouveau plancher.
- Sachant qu’à l’interface entre la colle à carrelage et le sol en aggloméré, nos lecteurs ont posé une nappe de désolidarisation et d’étanchéité.
- Deux tabatières ont été installées en toiture pour apporter de la lumière naturelle à l’intérieur.
- En hiver, avant que le toit ne soit complètement recouvert par la neige, nos lecteurs les protègent par l’extérieur avec un système de cache en bois et acier : "C’est pour sécuriser. La vitre fait 10 mm d’épaisseur mais avec le poids de la neige, on ne sait jamais."
- Côté déco, un intérieur chaleureux avec parquet, lambris bois et murs de pierre enduits à la chaux. Tout le confort d’un chalet de montagne.
- Autour de la maison, 400 m de terrain et la montagne… Parterres de fleurs, jardin potager rendent les abords plus accueillants.
- La façade extérieure a été nettoyée et remise en état.
- En partie haute, les murs sont habillés avec un bardage en bois brut.
"Au départ, nous avons fait des plans. Mais avec ce genre de bâtiment, il y a beaucoup d’imprévus. Nous avons donc travaillé à l’instinct."
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