Deux techniques de moulage ont permis de redonner à la façade ses moulures d’origine. Accessibles en apparence, elles n’en réclament pas moins un vrai tour de main !
Niveau : Confirmé
Coût : 200 e environ par encadrement de fenêtre
Temps : 1 à 2 journées par fenêtre
Équipement : auge, truelle, clous, plâtre gros, planches de coffrage, feuilles de zinc, chevillettes…
Astuce de chantier
Délicat à appliquer, le plâtre exige un savoir-faire certain ! Pour faciliter sa mise en œuvre, il peut être additionné d’un peu de chaux hydraulique naturelle ou de liant-colle pour carreaux de plâtre (env. 1 vol pour 5 de plâtre), afin de retarder sa prise et de le rendre plus souple.
Cette demeure appareillée en simples moellons doit son caractère aux belles moulures qui rythment sa façade : encadrements de fenêtres et de portes, bandeaux intermédiaires, chaînes d’angle, corniches… Tous sont réalisés en plâtre gros de Paris.
Fort de ces qualités remarquables (microporosité, isolation thermique et phonique, plasticité, esthétisme…), le plâtre a naturellement été choisi pour recréer les différentes moulures d’origine, altérées par le temps. conduite en même temps que les trois couches d’enduit appliquées sur la façade, cette opération met en œuvre deux techniques : l’une pour la porte et les fenêtres, l’autre pour les moulures plus conséquentes (chaîne d’angle, bandeaux décoratifs, corniches…).
La technique du « calibre » consiste à profiler des moulures autour des fenêtres et des portes. Au préalable, il faut réaliser un cadre en bois (planches en panneaux de particules et tasseaux), à partir des relevés des moulures effectués avant le piquetage de l’enduit (notre chantier précédent). Fixé autour de la baie, il forme une réservation qui délimite la largeur et l’épaisseur de la moulure à recréer.
Le plâtre est alors projeté dans la réservation puis profilé à l’aide d’un « calibre » (gabarit formé d’une bande de zinc dont le profil est réalisé à partir des empreintes de moulure prélevées lors du piquetage).
Simple dans le principe, cette méthode n’en exige pas moins une vraie maîtrise technique. Il faut avancer par petites longueurs pour éviter que le plâtre ne « coule » ou que le calibre ne se charge de plâtre et ne produise des bourrelets.
La technique du coulage en coffrage s’utilise pour recréer des structures plus conséquentes qui nécessitent d’être moulées dans la masse tels les appuis de fenêtre ou les bandeaux décoratifs. Un coffrage en planches et tasseaux est donc réalisé à partir des dimensions de l’appui d’origine. Y prend place une feuille de zinc profilée à partir de l’empreinte de la moulure.
Après avoir graissé sa face intérieure pour faciliter le démoulage, le coffrage est fixé (à la base d’une fenêtre par exemple), puis rempli de plâtre. Lorsque ce dernier a fait sa prise, le coffrage est déposé puis fixé à la base de la baie suivante. Le travail en série est ainsi facilité. En fin de chantier, les appuis et les bandeaux sont protégés du ruissellement par une bande de zinc prépatiné. L’étanchéité des joints est assurée par un mastic polyuréthane.
En finition, il est possible d’appliquer deux couches de badigeon sur les moulures. Économique et naturel, un badigeon est une peinture protectrice et décorative que l’on obtient en mélangeant un volume de chaux dans deux volumes d’eau (avec ajout éventuel de colorants type pigments ou ocres). Mais il existe aussi des produits prêts à l’emploi (« Badilit » et « Ravalith » de Cesa Saint-Astier, « Vixalit » de Lafarge, « Calcilane badigeon » de Parex…).
Un cadre en bois est réalisé à partir des relevés des moulures avant piquetage de la façade. Fixé autour de la baie, il délimite la largeur et l’épaisseur du décor à recréer.
Des clous sont plantés dans la réservation pour accrocher le liant. Le plâtre gâché est projeté puis raclé en faisant glisser le chant de la truelle sur le bord des planches.
Le calibre (gabarit formé d’une bande de zinc pour profiler les moulures) est réalisé à partir des empreintes initiales. Il est tenu d’une main ferme pour le faire glisser le long du cadre.
Même opération pour les montants. Le profilage s’effectue de bas en haut le long du cadre en avançant par petites longueurs pour éviter que le calibre ne se charge de plâtre.
Au bas des fenêtres, un coffrage en planches et tasseaux est réalisé aux dimensions de l’appui d’origine. Il reçoit une feuille de zinc profilée selon l’empreinte de la moulure.
Le coffrage est graissé à l’intérieur, puis fixé à l’aide de chevillettes. Après coulage du plâtre, il sera déposé pour ensuite être fixé contre la base de la fenêtre suivante.
Le plâtre assez liquide est versé dans le coffrage (la prise s’accélère en ajoutant du sable). Quand il affleure la surface, il est resserré à la truelle pour éviter bulles et zones creuses.
Lorsque le plâtre a fait sa prise, le coffrage est ôté avec délicatesse. Même opération pour la réalisation des bandeaux décoratifs qui ceinturent la façade.
Les fenêtres de l’étage sont couronnées par un bandeau mouluré. Son emplacement est tracé à l’aide d’un niveau et d’une grande règle suivant les relevés effectués avant travaux.
Des trous percés le long des traits dans la couche de l’enduit facilitent la fixation des chevillettes. Des clous sont plantés pour assurer une meilleure accroche du plâtre.
Formé d’une feuille de zinc profilée comme le bandeau d’origine, le coffrage est fixé par des chevillettes et rempli de plâtre. Il est déposé après une heure de séchage.
Avant que le plâtre n’ait tiré, le coffrage est « vibré » en le frappant au marteau pour faire remonter les bulles d’air à la surface et homogénéiser le remplissage.