À l’heure où les choix énergétiques s’orientent vers des appareils plus performants, la chaudière à condensation permet de bénéficier du confort au meilleur prix.
Après les deux chocs pétroliers des années 70, la mise au point d’une technique moins consommatrice d’énergie est devenue nécessaire : c’est ainsi qu’est apparue la chaudière à condensation. D’après une étude réalisée par Uniclima* pour l’année 2012, le marché des chaudières gaz et fioul a progressé de 1 %. Une croissance faible, mais qui cache des disparités puisque les chaudières gaz et fioul classiques ont perdu 5,5 %, alors que les chaudières à condensation gaz ont progressé de 11,9 % et que les chaudières à condensation fioul ont baissé de 13,7 %. Leurs problèmes : les effets conjugués d’un prix élevé, tant pour l’appareil que pour le combustible, les contraintes de stockage du fioul et une réticence croissante pour les énergies fossiles. Toutefois, d’après une étude publiée par le CLIP (Club d’ingénierie prospective énergie et environnement), les chaudières gaz à condensation devraient pour leur part rester encore présentes sur le marché, notamment en raison de leur rapport efficacité/prix (le meilleur du marché).
*Uniclima : le Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques.
Des rendements optimaux
Une chaudière à condensation offre un meilleur rendement grâce à la restitution de près de 100 % de l’énergie consommée sous forme de chaleur. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), elle permet en effet des économies d’énergie allant jusqu’à 30 % par rapport à une chaudière de plus de 15 ans, 15 à 20 % par rapport à une chaudière standard récente et 5 % par rapport à une chaudière basse température.
Plus précisément, son secret réside dans le fait qu’elle récupère, en la condensant, la chaleur latente de la vapeur d’eau contenue dans les produits de combustion du gaz naturel ou du fioul, contrairement aux chaudières traditionnelles qui la laissent s’échapper dans l’atmosphère. La vapeur d’eau traverse un échangeur condenseur, se transforme en eau et libère de la chaleur qui est ensuite transmise au circuit d’eau chaude de l’habitation.
Pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire
Non seulement, elles bénéficient d’un crédit d’impôt (dans le cadre d’un « bouquet de travaux »), mais les chaudières à condensation facilitent l’atteinte des plus hauts labels de performance énergétique et sont particulièrement adaptées à tout projet de construction basse consommation, qui constitue la norme de la RT (Réglementation thermique) 2012.
Selon l’Anah (Agence nationale de l’habitat), l’installation d’une chaudière à condensation associée à l’isolation des combles constitue la combinaison de travaux la plus rentable dans une maison. La puissance des chaudières à condensation est dimensionnée par rapport aux besoins en eau chaude sanitaire (ECS) qui restent stables, alors que les besoins en chauffage semblent diminuer en raison d’une meilleure isolation des logements.
C’est la raison pour laquelle la RT 2012 accorde un intérêt à la petite puissance. Ce décalage entre une puissance maxi fixe (ECS) et une puissance mini (chauffage) donne lieu à un travail des fabricants sur la modulation, qui permet d’obtenir un ratio de 1 à 10.
L’intérêt de la modulation
Une chaudière de 25 kW peut ainsi moduler sa puissance entre 2,5 et 25 kW, entraînant de belles économies. Quant à la production d’ECS, elle s’effectue à la demande et à température constante, soit avec une micro-accumulation (réserve de quelques litres), soit avec un ballon à accumulation (intégré ou non) suivant les besoins. Il existe plusieurs modèles de chaudières à condensation, la différence se trouvant au niveau de la source d’alimentation.
Les condensats
Selon des tests réalisés par l’Université Technique de Munich, un chauffage 24 kW condense 7 000 l/ an d’acide fort (pH 2,6 à 5). Les condensats, bien qu’assimilés aux eaux usées, doivent être évacués après traitement obligatoire à l’aide d’un filtre neutraliseur (Polar).
Concepts hybrides
Les chaudières à condensation évoluent encore avec des concepts hybrides. Ici, la Pharos Opti de Chaffoteaux réunit une chaudière, un préparateur pour ECS solaire et un groupe de transfert solaire intégré.
Chaudière à condensation : des performances mais à quel prix ?
Depuis le 1 janvier 2013, il est possible de bénéficier d’un crédit d’impôt de 10 % pour l’achat d’une chaudière gaz à condensation dès lors qu’elle est installée par un professionnel. Les prix d’une chaudière à condensation varient selon la source d’énergie : gaz, fioul, bois… Entre 3 000 et 6 000 € pour des condensations gaz ou fioul. Les modèles à granulés bois sont plus chers. Elles oscillent entre 5 000 et 10 000 € hors frais de pose par un professionnel et hors options (silo à granulés, intégration d’un ballon d’eau chaude…). On considère que l’investissement est amorti en moins de dix ans.
Chaudière à condensation au gaz
Le gaz naturel
Le gaz naturel profite de la condensation, qui lui permet d’atteindre des rendements supérieurs à 100 %. Cette solution peut très bien être envisagée en complément d’une énergie renouvelable comme le solaire thermique ou la pompe à chaleur en relève de chaudière. En outre, le gaz naturel reste une énergie intéressante d’un point de vue investissement/coût de l’exploitation/confort lorsque le logement est raccordé au réseau (gaz de ville). Mais cette énergie connaît depuis quelques années une augmentation continue.
Le GPL
Le GPL (gaz de pétrole liquide) est aujourd’hui plus cher que le fioul et se justifie en l’absence de gaz de ville. Il nécessite un stockage en citerne aérienne ou enterrée. Comme le gaz naturel, il a une combustion relativement propre, bénéficie des avantages de la condensation et peut être le complément idéal d’une énergie renouvelable.
Les combinés gaz à condensation peuvent intégrer un réservoir d’eau chaude sanitaire et un échangeur, comme la Vitodens 242-F de Viessmann. La couverture solaire pour la production d’eau chaude sanitaire et de chauffage atteint 60 %, voire davantage selon la région.
L’installation d’une chaudière à condensation requiert le recours à un installateur qualifié (professionnel du gaz) qui vous délivrera un certificat de conformité, nécessaire pour la mise en service de votre installation (liste des entreprises habilitées à consulter sur le site www.lesprofessionnelsdugaz.com).
Le fioul domestique
Le fioul domestique, quant à lui, est soumis à de très grosses fluctuations de prix. Il profite cependant des énormes progrès réalisés, tant au niveau des brûleurs que des chaudières elles-mêmes. Avec la condensation, les rendements sont ainsi passés de 50 % dans les années 60 à plus de 90 % aujourd’hui, permettant une économie d’énergie de l’ordre de 20 à 30 %.
Comme le gaz, on peut le coupler à une énergie renouvelable (chauffeeau solaire, pompe à chaleur…).
Les fabricants de chaudières à condensation au fioul font de gros efforts de recherche pour permettre à leurs modèles d’atteindre de belles performances. Ainsi, la chaudière Modulens O de De Dietrich permet de réaliser jusqu’à 35 % d’économie d’énergie par rapport à une chaudière fioul de 18 à 20 ans sans régulation. Cette chaudière peut être combinée avec d’autres énergies (systèmes solaires, bois ou pompe à chaleur).
L’avis d’un expert*
L’évacuation des produits de combustion est un élément important. Il faut savoir que les conduits des chaudières fioul à ventouse ne sont pas encadrés par des textes réglementaires de type DTU(1). En habitat individuel, leur mise en œuvre est sous Avis Techniques et est plus restrictive et plus sécuritaire sur les débouchés en toiture qu’avec d’autres types de combustibles ».
*Cédric Normand du Centre Scientifi que et Technique du Bâtiment.
(1) Le Document Technique Unifié est une norme de mise en œuvre à respecter, faute de quoi, le professionnel assuré est déchu de tout droit à garantie en cas d’inobservation inexcusable du DTU. Cela vaut aussi pour le respect des Avis Techniques.
Première place pour le bois
La condensation exploite particulièrement bien le bois comme énergie : si le prix d’une chaudière à condensation à granulés bois est beaucoup plus élevé que tous les autres modèles, c’est aussi la plus efficace en matière de rendement. Ainsi, 2 kg de granulés (moins de 0,65 € en qualité premium) offrent une même quantité énergétique qu’un litre de fioul (environ 1 € le litre). En outre, leur approvisionnement s’effectue automatiquement. Enfin, sur le plan de l’autonomie, les plus performantes peuvent aller jusqu’à un an.
Une fois les fumées refroidies, la vapeur d’eau se condense dans un circuit parallèle à celui du foyer où se produit la combustion. Cette double utilisation de la combustion permet à certaines chaudières à granulés de présenter des rendements qui peuvent dépasser 100 %.
Mixité des énergies
Il peut être intéressant de combiner une chaudière gaz à condensation et une énergie renouvelable. Cette double génération de chaleur rend l’installation plus sécurisante pour l’utilisateur. Il existe même aujourd’hui des concepts hybrides, constitués d’un ensemble intégrant deux générateurs de chaleur : une chaudière à condensation et une pompe à chaleur air/ eau. Un dispositif analyse l’environnement et choisit le générateur le plus économique en fonction de la température ou du prix des énergies. Un bémol : cette combinaison nécessite un investissement important.
Chaudière à condensation : points importants à connaître
Les impératifs dans l’existant
Si l’on dispose d’un conduit de cheminée existant, il faut le doubler pour évacuer les gaz brûlés. S’il n’existe pas de conduit et qu’il est impossible ou trop coûteux d’en installer un, on peut faire appel à une « ventouse ». Il s’agit d’une double tuyauterie : l’une amène l’oxygène nécessaire à la combustion, l’autre évacue les gaz à l’extérieur de l’habitation. S’il existe déjà une ventouse, celle-ci doit faire l’objet d’une vérifi cation par un professionnel pour constater sa compatibilité (ou non) avec la nouvelle chaudière.
Un conduit résistant
Le conduit de fumée doit satisfaire à quatre exigences : assurer un tirage suffi sant, être étanche aux gaz et fumées, posséder une grande stabilité mécanique quelle que soit sa hauteur et être résistant à la corrosion, particulièrement aux condensats acides produits par une chaudière à condensation. Il doit donc être constitué d’un matériau tel que l’acier inoxydable, la céramique ou un matériau de synthèse PVDF (polypropylène). Dans un conduit existant, un tubage est mis en place pour limiter l’impact de l’acidité et de la condensation résiduelle.
Un fonctionnement en basse température
Pour un rendement optimal, la chaudière gaz à condensation doit fonctionner à basse température, soit 50 à 55 °C contre 70 à 90 °C pour les anciens modèles. En ce qui concerne les émetteurs, elle est donc idéalement associée à un plancher chauffant basse température et/ou à des radiateurs en mode chaleur douce (c’est-à-dire dimensionnés pour une température de retour d’eau inférieure à 50 °C). Il faut donc vérifier si les radiateurs sont adaptés.
Les radiateurs
Les radiateurs existants doivent convenir à la nouvelle chaudière à condensation. Il ne reste alors qu’à associer l’ensemble de l’installation à une régulation avec sonde extérieure qui permet d’ajuster la température au gré des saisons. Sinon, soit on remplace les anciens radiateurs par des modèles basse température, soit on améliore l’isolation globale de la maison, fenêtres ou combles. Dans une maison mieux isolée, les radiateurs deviennent en effet suffisants pour un fonctionnement en basse température.
La régulation
La régulation se fait si possible par sonde extérieure plutôt que par un simple thermostat intérieur « tout ou rien ». Cela permet d’ajuster en permanence la température de départ de la chaudière aux besoins de chauffage. La sonde d’ambiance, ainsi que la programmation du chauffage et de la production d’eau chaude sanitaire améliorent encore les performances.
Le désembouage
En cas de remplacement d’une chaudière, il est fortement conseillé de nettoyer le circuit de chauffage central, soit par un simple rinçage, soit par un procédé plus efficace tel qu’un désembouage, notamment quand l’installation est très embouée (avec un plancher chauffant, par exemple). Cette opération consiste à éliminer les boues qui se sont accumulées dans les radiateurs, les tuyaux sous l’effet de la dégradation et de la corrosion des métaux de l’installation par l’eau. Elle permet de protéger les équipements (corps de chauffe, échangeur, vannes…). En outre, l’eau du réseau de chauffage doit répondre aux préconisations usuelles : plage de pH, traitement antitartre, traitement antioxygène, inhibiteur…
Évacuation et condensats
Les conduits de fumée doivent être spécifiquement conçus pour la condensation, c’est-à-dire supporter une température jusqu’à 120 °C, fonctionner en dépression, résister à la condensation et à la corrosion. Quant à l’évacuation des condensats, elle se fait par un siphon raccordé au réseau d’évacuation des eaux usées. Sur certaines installations fonctionnant toute l’année à basse température, les tuyaux d’écoulements doivent être appropriés ou les condensats neutralisés par un filtre à condensats.
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