Constituée de plants serrés les uns contre les autres, la pelouse encourt, d’une façon générale, cinq grands dangers : le déchaussement; l’asphyxie (notamment par prolifération des mousses et des mauvaises herbes) ; les maladies cryptogamiques (mycoses, viroses, etc.) ; les dégâts des rongeurs et des taupes; les dégâts causés par les insectes.
Pour chacun de ces dangers il existe un traitement particulier, qu’il faut entreprendre périodiquement pour conserver une pelouse en parfait état.
Le déchaussement
Du fait de leur croissance dans un terrain relativement meuble (en tout cas moins tassé que la terre d’un champ), les plants de gazon ont tendance à se “déchausser”, c’est-à-dire à sortir de terre, ce qui, lors des tontes, peut entraîner leur déracinement pur et simple. Ce risque est d’autant plus grand lorsque le gazon est jeune, quelques semaines après le semis.
Pour éviter le déchaussement, l’unique moyen est le
roulage fréquent (au moins deux ou trois fois par an) avec un rouleau à main, lesté généralement avec de l’eau. Cette opération se fait en principe après la tonte, lorsque le sol est légèrement humide mais non détrempé, sinon on risquerait de marquer la pelouse. Pour les très grandes surfaces, il existe des rouleaux qui peuvent être attelés au tracteur (veiller à ce que celui-ci soit équipé de pneus-gazon et non de pneus agraires dont la forte structure, marquerait la pelouse). On trouve également certaines tondeuses à lames hélicoïdales (presque toujours d’origine britannique), qui sont pourvues d’un rouleau situé immédiatement après le dispositif de coupe.
L’asphyxie
Comme tout végétal, le plant de gazon a besoin, pour se développer correctement, d’un sol convenablement aéré. Les tontes répétées, qui tassent immanquablement la terre, et les roulages successifs vont à l’encontre de cette exigence. L’
aération de la pelouse est donc une nécessité absolue, mais elle doit se faire sans pour autant endommager l’aspect de surface du gazon. Pour cela, il convient de
perforer la surface du terrain. Divers outils sont ici à votre disposition. La technique la plus élémentaire consiste à piquer la couverture végétale avec une fourche-bêche ; opération fastidieuse si la surface de votre pelouse dépasse quelques centaines de mètres carrés.
Les spécialistes des gazons ont mis au point des appareils destinés à ce travail d’aération. Sans parler ici des aérateurs à gouges mototractés qui relèvent exclusivement de l’outillage professionnel, citons les aérateurs rotatifs à pousser et les pittoresques semelles à pointes qui s’adaptent sur n’importe quelles chaussures.
Dans le premier cas, il s’agit d’un appareil doté de roues et d’un “cylindre” porteur de piques qui pénètrent alternativement dans le sol lorsqu’on pousse l’aérateur. Celui-ci peut-être lesté (avec un parpaing de béton, par exemple), pour favoriser la pénétration des pointes dans la terre. Dans le second cas, on a une semelle métallique articulée pourvue de sangles de fixation aux chaussures et de pointes sur sa face inférieure. Cet accessoire présente l’avantage de jumeler deux opérations, l’opérateur pouvant, au besoin, rouler sa pelouse en ayant ses semelles à pointes aux pieds.
Les perforations réalisées dans la couverture végétale, outre qu’elles aéreront celle-ci, favoriseront la progression des racines et donc l’établissement des plants. Proche par sa finalité de l’aération, la scarification a une triple fonction :
- l’aération de la pelouse ;
- sa régénération ;
- l’émoussage.
Un scarificateur est un appareil pourvu de lames qui tranchent la couverture végétale en lignes parallèles et étroites (sans que cela nuise à l’aspect de la surface de la pelouse).
Divers appareils sont à votre disposition pour exécuter ce travail, qui vont du
scarificateur autotracté d’usage professionnel jusqu’au simple
râteau-scarificateur, en passant par des appareils à pousser comparables, dans leur principe de fonctionnement, aux aérateurs rotatifs évoqués plus haut.
En tranchant la couverture végétale, le scarificateur participe bien sûr à l’aération des plants, mais, surtout, il permet une division des touffes qui assure la régénération de la pelouse, les plantes qui constituent le gazon étant pour la plupart des vivaces.
L’appareil, surtout s’il s’agit d’un râteau, permet enfin l’
émoussage de la pelouse. Les mousses, en effet, en se développant (du fait notamment du manque d’aération et de la rétention d’humidité), finissent par proliférer au point d’asphyxier complètement les plants ou le gazon pour se substituer à eux. Après la destruction de la mousse par les moyens chimiques appropriés (voir ci-dessous), il faut l’ôter du terrain. Ceci se fera facilement avec le râteau scarificateur en utilisant la partie peigne, dont les dents sont en principe recourbées à 90° à leur extrémité. À défaut d’un peigne-scarificateur, vous pouvez utiliser un râteau à gazon à dents plates, ou simplement un râteau droit, en veillant à ne pas arracher les plants de gazon en même temps que la mousse.
Après ces différentes opérations, il est tout à fait bénéfique de procéder à l’épandage d’engrais et éventuellement à un ensemencement complémentaire, engrais et graines pénétrant mieux dans les perforations et dans les lignes de scarification.
La lutte contre les mousses et les mauvaises herbes
On regroupe, sous le terme de
mauvaises herbes, toutes celles qui n’entrent pas dans la composition du mélange semé lors de la création de la pelouse.
En fait, ce sont principalement les plantes à larges feuilles (trèfle, pissenlit, mouron, boutons d’or, etc.), qui défigurent la pelouse par les taches plus sombres qu’elles y mettent, et surtout par l’asphyxie des plants sélectionnés qu’entraîne leur prolifération.
Si le pied de mauvaise herbe est isolé, il est possible d’intervenir localement, soit en l’arrachant manuellement ou à l’aide d’un transplantoir, soit en disposant localement (au cœur ou à la racine), quelques gouttes de
désherbant total.
Si, au contraire, le stade de la prolifération est atteint, il convient de traiter avec un
désherbant sélectif qui n’affectera que les plantes indésirables.
Présenté généralement sous forme de liquide concentré, celui-ci doit être dilué dans de l’eau et appliqué sous forme d’arrosage, ou mieux de pulvérisation, sur les plaques de mauvaises herbes. On traitera de préférence lorsque le sol est humide, mais non lorsqu’il pleut, car l’eau de ruissellement entraînerait le désherbant trop profondément, ce qui annulerait ses effets. On s’abstiendra également de traiter lorsqu’il vente, surtout si l’on procède par pulvérisation, la brumisation étant alors emportée par le vent, au moins en partie.
Plusieurs traitements sont souvent nécessaires pour venir à bout des mauvaises herbes les plus vigoureuses.
La lutte contre la
mousse ne se fait pas avec un désherbant chimique élaboré, mais au moyen d’un produit simple : le
sulfate de fer. Lui aussi doit être de préférence dilué dans de l’eau avant application. En effet, son utilisation à haute dose directement sur la pelouse peut tout simplement entraîner la
brûlure du gazon. On peut toutefois y avoir recours localement pour venir à bout des plaques rebelles. Les précautions à prendre lors des opérations de traitement sont les mêmes que pour l’application du désherbant sélectif. Dans les deux cas, le
ratissage (voir plus haut) permettra l’élimination des plants intrus et de la mousse après jaunissement.
La lutte contre les maladies cryptogamiques
Les maladies cryptogamiques résultent de l’attaque de champignons microscopiques qui engendrent une décoloration et un dessèchement du gazon par plaques, généralement en automne. Souvent saisonnières et sans lendemain, elles sont cependant parfois assez graves pour entraîner la destruction de zones entières de pelouse. Elles résultent en premier lieu d’un mauvais choix de semences, certains gazons étant plus sensibles que d’autres aux attaques de ces maladies. Mais l’excès d’humidité est incontestablement la condition nécessaire à la prolifération cryptogamique.
Cette humidité résulte souvent de l’imperméabilité du sol, mais aussi tout simplement d’arrosages trop abondants ou insuffisamment espacés. Un semis trop dense favorise également la rétention d’eau. L’amateur ne dispose pratiquement d’aucun produit curatif permettant de lutter contre les cryptogames.
Si les dégâts qu’ils occasionnent sont durables, il convient, après chaque coupe, de ramasser l’herbe et de la brûler. On procédera également au nettoyage et, au besoin, à la désinfection des appareils de coupe et de ramassage. Un apport d’engrais bien équilibré et une lutte contre l’excès d’humidité constitueront dans bien des cas les meilleures techniques de lutte.
En cas de prolifération persévérante, on pourra s’adresser aux instituts spécialisés (Centre national de la recherche agronomique, par exemple) qui sont en mesure de procéder à une analyse précise permettant de déterminer la maladie dont souffre le gazon et d’établir le traitement curatif qui lui convient. Certaines maisons grainetières peuvent aussi procéder à cette analyse ou servir d’intermédiaires.
La lutte contre les rongeurs et les taupes
Les dégâts infligés aux pelouses par les
rongeurs, ce sont essentiellement les galeries qu’ils creusent dans le terrain. Dans le cas des
mulots et autres rongeurs des champs, celles-ci se manifestent par de simples trous et de légères boursouflures, ou au contraire de petits effondrements au niveau des galeries. Les dégâts sont peu importants, et l’on viendra à bout de ces hôtes indésirables au moyen d’appâts empoisonnés ou de pièges. Pour les âmes tendres, signalons que certaines plantes (les
boules-de-neige par exemple) sont de bons
répulsifs pour ces animaux et suffisent parfois à les tenir à l’écart.
Les
taupes constituent un problème beaucoup plus important ; d’une part par les dégâts de surface qu’elles engendrent, d’autre part, par la difficulté qu’on éprouve à s’en débarrasser.
À la différence des rongeurs des champs, qui n’utilisent leur terrier que pour s’y abriter, les taupes vivent exclusivement dans leurs galeries, où elles trouvent leur nourriture (vers, larves d’insectes, etc.). Le réseau des galeries constitue donc leur habitat, d’où la nécessité pour elles d’y établir un système de ventilation, dont la manifestation de surface est la classique
taupinière, monticule régulier, haut parfois d’une quinzaine de centimètres, composé de la terre extraite lors du creusement de la galerie, et qui défigure la pelouse, poussant au désespoir le jardinier digne de ce nom.
Il est possible de prévenir l’attaque des taupes dans une proportion non négligeable.
Lorsqu’une pelouse n’est pas habitée par les taupes, il faut la ceinturer d’un grillage enfoncé à une trentaine de centimètres dans le sol. Ce ceinturage n’est bien sûr possible que si la pelouse est de faibles dimensions. Il ne constitue d’ailleurs qu’une protection relative : la taupe qui rencontre un obstacle peut très bien sortir de sa galerie, ramper sur le sol et pénétrer dans la pelouse ceinturée.
Les dégâts causés par une seule taupe sont d’autant plus affligeants qu’ils se manifestent par l’apparition simultanée – ou presque – de plusieurs taupinières. La lutte doit être entreprise rapidement, car la progression de l’animal s’accompagnera inévitablement de la naissance de nouveaux monticules.
On dispose aujourd’hui d’un
arsenal complet de moyens de lutte et de destruction souvent sophistiqués… mais rarement efficaces. Sans s’étendre sur la technique barbare consistant à utiliser des
tessons de verre qui, placés dans la galerie, entraînent l’hémorragie de l’animal (la taupe étant particulièrement hémophile), nous citerons les
pièges, les
bâtonnets fumigènes et les
appâts.
Les
pièges traditionnels, employés longtemps par les
taupiers professionnels (malheureusement disparus de nos campagnes), donnent encore d’excellents résultats et soutiennent favorablement la comparaison avec leurs versions modernes. Il s’agit tout simplement d’une pince à ressort dont les deux branches sont recourbées parallèlement à leur extrémité suivant un angle de 900. Le piège étant écarté à l’aide d’une clef, il est maintenu dans cette position par une cale (carré de fil de fer) disposée de telle sorte que le moindre heurt fasse se refermer la pince. Le piège est alors placé dans la galerie principale (voir schéma) entre deux taupinières, et non au niveau de l’une d’entre elles comme on le fait trop souvent. Il faut d’abord déplaquer le gazon, replacer la motte de terre et la tasser de façon à ne pas laisser passer l’air à cet endroit, ce qui alarmerait la taupe.
Plusieurs pièges étant souvent disposés simultanément, on plantera un repère pour localiser leur emplacement, afin de les relever périodiquement.
Les pièges traditionnels trouvent une version moderne dans les
pièges pyrotechniques récemment introduits dans le commerce. Sans entrer dans le détail de leur conception, disons qu’ils se composent de petits détonateurs qui, en créant une onde de choc dans la galerie lorsque la taupe touche le piège, la foudroient immédiatement. Ces pièges semblent très efficaces. Ils ont pour seuls inconvénients une technique de fonctionnement assez complexe et surtout un prix très élevé (comparativement aux pièges traditionnels). Leur mise en place est identique à celle que nous avons décrite ci-dessus.
Autre moyen de lutte actif : les
bâtonnets fumigènes, qui donnent souvent des résultats satisfaisants. Il s’agit de cartouches à base de soufre, qui, après allumage, sont introduites dans la galerie. On choisira de préférence un jour de pluie, car la cartouche, en se consumant sous la terre, au contact de l’air humide dégage durant plusieurs heures un
anhydride sulfureux qui envahit la galerie et terrasse l’animal. Enfin, citons les
appâts empoisonnés présentés sous forme pâteuse, en tube, qui imitent les vers de terre. Ils conviennent parfaitement pour les taupes... affamées et particulièrement myopes.
La lutte contre les insectes
Bien que les gazons soient moins sensibles que d’autres végétaux (légumes, arbres) aux attaques des insectes, ils peuvent néanmoins en souffrir. L’herbe n’est pas attaquée dans sa partie aérienne, mais au niveau de ses
racines. En effet, c’est de l’appétit des
larves plus que des insectes eux-mêmes que les gazons ont à souffrir. On notera surtout le danger que représentent pour les pelouses les larves de hannetons, très voraces, et qui entraînent le jaunissement de plaques entières de gazon. On comptera également au nombre des insectes nuisibles aux pelouses les
fourmis.
Pour lutter contre ces insectes, on procédera à l’
arrosage du gazon avec des solutions d’insecticides spécialisés, en prenant toujours conseil auprès d’un spécialiste pour le dosage à respecter.
Un faux ennemi : le ver de terre
Les
vers de terre sont souvent considérés comme nuisibles à un gazon, d’une part en raison des tortillons de terre qu’ils laissent apparaître en surface, et d’autre part parce qu’ils constituent une excellente nourriture pour les taupes. Certains jardiniers imaginent donc qu’en éliminant les vers de terre ils se protègent efficacement des taupes.
Raisonnement douteux, car on peut considérer, au contraire, qu’une taupe qui ne trouve pas de nourriture (à supposer qu’elle ait fait des vers son régime unique…) n’en fouille que plus, multipliant ainsi le nombre de ses taupinières. Il faut donc voir dans le ver de terre un
allié qui contribue efficacement à l’
aération du sol. Seuls les jardiniers extrêmement méticuleux et disposant d’une pelouse exceptionnelle peuvent trouver à se plaindre de la présence de tortillons de terre en surface.
L’arrosage
Comme toutes les plantes, les herbes qui constituent le gazon ont besoin d’une certaine quantité d’eau pour vivre et se développer. L’arrosage est d’autant plus nécessaire à un gazon que l’aspect de la pelouse dépend directement du verdissement des plants, et de la constance de celui-ci dans le temps.
Omettre pendant quelques jours d’arroser des géraniums ou arroser les pots de façon inégale n’est pas une catastrophe et ne nuit pas considérablement à l’aspect d’un balcon ou d’une terrasse. En revanche, interrompre l’arrosage d’une pelouse ou répartir l’eau inégalement peut avoir des conséquences catastrophiques sur l’état du gazon. En effet, à la différence de l’herbe d’une prairie, enracinée depuis fort longtemps, celle d’une pelouse a rarement le temps d’enfoncer ses racines profondément dans le sol, puisqu’il est d’usage de refaire une pelouse à intervalles réguliers (tous les
sept ans au moins). Le gazon est donc très sensible au dessèchement de surface, qui s’opère d’autant plus rapidement que le semis est plus clairsemé. On comprendra dans ces conditions la nécessité de prévoir un dispositif d’arrosage, quelle que soit la région où l’on se trouve.
Que le gazon soit implanté en Bretagne ou dans le Midi, et même si la fréquence des arrosages et leur quantité ne sont pas identiques, l’apport d’eau sera, dans les deux cas, nécessaire.
De la taille de la pelouse et de la fréquence des arrosages (conditionnés par le climat de la région) dépendra le
système d’arrosage que l’on devra mettre en place pour l’irrigation du gazon. On aura le choix entre un système
élémentaire (simple tuyau et arroseur approprié) et un ensemble intégré d’arrosage
enterré. Dans les deux cas on trouvera toute une gamme d’appareils et d’accessoires plus ou moins sophistiqués.
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