Un terrain qui n’a pas été travaillé pendant plusieurs années est dur et tassé : un simple labourage ne suffit pas à le rendre cultivable. Un sol dur fait aussi obstacle à l’écoulement des eaux de ruissellement et d’arrosage, et favorise l’humidité stagnante, nuisible aux plantes potagères. Il n’est guère favorable à la germination des graines ni au développement des racines, parties essentielles de la majorité des plantes potagères.
Il faut donc :
- Défricher le terrain
- Dépierrer la parcelle
- Défoncer le sol
- Labourer le terrain
- Affiner la terre
- Dresser les planches de culture
Le défrichement
Coupez les hautes herbes et les ronces, et transportez-les dans le bac à compost. Tranchez ou sciez les arbustes qui ne présentent pas d’intérêt pour le potager ou le jardin d’agrément.
Lélimination des pierres
Enlever les grosses pierres et des différents débris souvent accumulés sur un terrain abandonné précédera le défoncement.
Mettez les pierres de côté : elles pourront servir pour border les allées, maçonner un petit muret décoratif ou un massif de rocailles.
Le défoncement
Le défoncement consiste à ameublir le sol sur une profondeur de 60 cm (soit deux fers de bêche).
Pour défoncer une surface importante, il vaut mieux utiliser une charrue défonceuse, donc solliciter l’aide d’un agriculteur.
Une charrue, tirée par un tracteur ou un puissant motoculteur est nécessaire pour un terrain de grande superficie ou qui n’a pas été labouré depuis longtemps. Elle pénètre profondément le sol.
Le louchet (bêche à fer droit) est l’outil à main convenant pour le défoncement des petites surfaces. Son maniement est très pénible, à cause de l’importance du volume de terre à remuer.
Une entreprise spécialisée, qui disposera d’un matériel (tracteur, charrue et émietteur professionnels) en rapport avec votre surface, peut être sollicitée. C’est une solution souvent rentable.
Le défoncement à double jauge
La méthode de travail commence par une division du terrain en bandes parallèles de 1 m de large environ. À l’aide d’un louchet, creusez sur 60 cm de profondeur. La difficulté consiste à ne pas mélanger la couche de sol (premier fer de bêche) et celle du sous-sol (deuxième fer). La terre extraite par le deuxième fer doit se retrouver au fond de la tranchée (ou jauge) et celle sortie par le premier fer en surface. Il faut donc travailler sur une jauge et demie, en réservant la terre extraite au début de l’opération pour la fin de la bande. Travaillez sur deux niveaux ; la jauge a un profil de marches d’escalier. La technique peut sembler compliquée au premier abord, mais le tour de main se prend vite au fur et à mesure du travail.
Amendement et fertilisation
Une fumure de fond peut être incorporée à l’occasion du défoncement.
Les engrais à décomposition lente s’incorporent progressivement à la terre : des fumiers et des gadoues conviennent, mais aussi des engrais verts (trèfles) et différents déchets d’origine végétale ou animale. Enfouis au début de l’automne, ces engrais ont ainsi suffisamment de temps pour se décomposer et apporter aux racines leur alimentation.
Les engrais minéraux peuvent aussi s’employer en fumure de fond : superphosphates, chlorure de potassium.
Ces différents engrais ont un effet prolongé, et leur utilisation se fait sentir la deuxième et la troisième année de production.
Un rééquilibrage du pH et un amendement pourront être conduits à ce niveau.
L’élimination des pierres, des roches mais aussi des grosses racines et des souches d’arbustes (ou même d’arbres) rencontrées se fait à l’occasion du défoncement.
Le labour
Le labour consiste à ameublir le sol qui, sans cela, a tendance à se tasser. Il permet de l’aérer pour augmenter sa vitalité grâce au développement des micro-organismes. Le sol du potager doit être labouré tous les ans avant le début de l’hiver.
Le sol doit être labouré sur 20 ou 30 cm de profondeur, ce qui correspond à peu près à une longueur du fer d’une bêche ou d’un louchet. Il faut labourer avant le début des gelées, qui rendent tout travail impossible puisque la terre devient trop dure. On ne laboure pas une terre trop humide, en particulier si le sol est lourd (argileux) : les mottes se forment mal et la terre colle aux outils. C’est l’occasion d’éliminer les restes de cultures antérieures et les racines des mauvaises herbes. Après le labour, le sol est propre, constitué de grosses mottes disposées en rangées. Passant l’hiver ainsi, il sera prêt pour les préparatifs des semis de printemps.
Les surfaces importantes (plus de 300 m2) se labourent mécaniquement.
Une grande surface peut se labourer à la charrue tirée par un micro-tracteur ou par un motoculteur ; il faut alors tracer des sillons parallèles dans la plus grande longueur (comme dans un champ).
Une surface moyenne se travaille à la moto-bêche (ou à la moto-houe, à couteaux rotatifs moteurs). Évitez toutefois d’utiliser des outils creusant trop profondément car atteindre le sous-sol modifierait l’équilibre biologique. Si vous travaillez à la moto-bêche un terrain récemment défriché, les couteaux rotatifs sont parfois rapidement bourrés par les racines s’y enroulant. Ils tournent alors sans mordre la terre ; il faut donc les nettoyer souvent.
Les petites surfaces (inférieures à 300 m2) gagneront à être labourées à la main.
La bêche, le louchet ou la fourche-bêche sont les outils les plus utilisés. La fourche-bêche est à utiliser de préférence sur un terrain un peu humide ou dur. Ses dents s’enfoncent plus facilement que le fer d’une bêche ou d’un louchet, et collent moins aux mottes. Elle glisse également mieux entre les pierres. La technique de travail est la même pour les deux outils.
Travaillez sans précipitation et sans forcer, mais régulièrement.
Amendement
L'automne est le meilleur moment pour labourer, amender et fertiliser un sol.
- Les amendements d’une terre doivent s’effectuer juste avant – ou en même temps – que la fertilisation.
- L’apport de fumier et de compost se fait au moment du labour. Cette fumure est destinée à produire son effet au printemps suivant.
- Certaines plantes redoutent les fumures mal décomposées. Ainsi les plantes potagères à grosses racines, comme les carottes, les navets ou les betteraves, viennent mal et prennent un aspect fourchu, les poireaux pourrissent, etc.
L’affinage
L'affinage du sol consiste à émietter les mottes retournées à l’occasion du défoncement et du labour (ce qu’aura déjà fait en grande partie le gel si l’on attend la fin de l’hiver).
Après un labour au micro-tracteur ou au motoculteur, équipez la machine :
- d’une herse afin de casser les mottes et de ramasser pierres et racines ;
- d’un émietteur rotatif à fraises qui se place derrière le tracteur ou derrière le motoculteur en utilisant la prise de force.
L’affinage peut aussi être pratiqué à la moto-bêche ou à la moto-houe.
Après un labour à la bêche, au louchet ou à la houe, émiettez la terre avec un outil à main : croc, griffe, cultivateur, etc. Les fabricants d’outils rivalisent d’imagination dans ce domaine.
Les planches de cultures antérieurement cultivées n’ont généralement besoin que d’un affinage régulier, le labour n’intervenant que tous les trois ou quatre ans, notamment pour réincorporer des engrais de fonds.
La réalisation des planches
La réalisation des planches consiste à diviser le terrain en petits rectangles destinés aux différentes cultures. Ces aires rectangulaires portent le nom de “planches”. Leur surface dépend de l’importance donnée à telle ou telle culture : la planche consacrée aux pommes de terre a, par exemple, en général, une surface plus importante que celle destinée aux radis.
L’orientation idéale des planches est est-ouest, c’est-à-dire parallèle au déplacement du soleil, pour permettre un ensoleillement harmonieux des cultures sur une même planche.
L’espace séparant les planches constitue une allée : sa largeur optimale – 30 à 40 cm – doit permettre le passage avec une brouette (ce qui n’est malheureusement pas toujours possible dans les petits jardins de ville), ainsi que celui du tuyau d’arrosage, sans risque pour les cultures. Ces allées ne sont pas définitives : leur place change avec les années et l’évolution des cultures dans le potager.
La largeur des planches varie aussi. Elle peut être déterminée par la largeur des châssis sur laquelle s’alignent les autres planches (1,50 m environ). Cette largeur a l’avantage de permettre le travail sur une planche, en restant sur le sentier. Une planche est en général destinée à une seule culture, mais il reste possible de planter diverses variétés potagères sur une seule planche pour des cultures peu importantes ou de croissance très différentes.
Le dressage des planches s’effectue au râteau, en faisant en sorte de relever le niveau du terrain à l’emplacement des planches, les allées étant en léger contrebas.
Réalisation d'une planche
- 1. Affinage du sol avec une moto-bêche.
- 2. Dégrossissage de la planche à la pelle.
- 3. Délimitation de la planche de culture avec des cordeaux.
- 4. Affinage et réglage de la planche au râteau.
Les ados et les côtières
Les ados et les côtières sont des planches de cultures dressées de telle sorte qu’elles offrent un plan incliné vers le sud, ce qui leur permet de bénéficier d’un ensoleillement plus direct même en hiver, lorsque le soleil est bas sur l’horizon.
- L’ados est, comme son nom l’indique, adossé contre une planche située généralement en haut du jardin (dans le cas d’une disposition idéale nord-sud).
À défaut d’un mur pouvant accueillir une côtière, on peut placer une planche, sur laquelle
on adossera la terre – d’où le nom d’ados – et lui donner l’inclinaison favorable à un ensoleillement optimal. On y pratiquera ensuite semis et repiquages précoces.
- La côtière est adossée à un mur, protégé du nord, lorsque le jardin est clos.
Les châssis
Les châssis sont des constructions légères ou maçonnées, couvertes de cadres vitrés amovibles, permettant de pratiquer des cultures sous abris. On les trouve généralement dans le secteur des côtières. On les remplace éventuellement par des tunnels qui peuvent aussi couvrir les planches de culture.
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