Compte-tenu de l’augmentation du coût de l’eau, on peut être tenté d’utiliser l’eau de pluie. Avant de se lancer dans l’aventure, il faut savoir quel usage on veut en faire et combien cela va coûter.
Schéma du principe d’une installation de récupération des eaux pluviales.
Où s'informer
Depuis le 1er janvier 2009, tout dispositif destiné à obtenir de l’eau pour un usage domestique doit faire l’objet d’une déclaration en mairie (récupération d’eau de pluie, puits ou forage). Cette déclaration est transmise à la DDASS de votre département.
Outre certaines obligations pour obtenir le crédit d’impôt, l’administration exige le respect des arrêtés en vigueur :
- Mise en service : produire une fiche établie par la personne responsable de la mise en service attestant la conformité de l’installation ;
- Entretien : tous les douze mois, nettoyage des filtres, vérification de l’installation, vidange, nettoyage, désinfection de la cuve ;
- Suivi : tenir à jour un carnet sanitaire (plan de l’installation, dates des entretiens…).
Pour en savoir plus :
- L’IFEP, le syndicat professionnel des Industriels français de l’eau de pluie, fédère les industriels du secteur et valorise leur savoir-faire. Sur son site internet (www.ifep.info), on peut consulter les arrêtés ministériels, la liste des fabricants adhérents, les documents techniques sur les installations réglementaires de récupération d’eaux pluviales.
- Les artisans Qualipluie constituent un réseau de professionnels compétents pour installer des systèmes de récupération des eaux de pluie éligibles au crédit d’impôt. Informations disponibles sur le site www.qualipluie.com
Utilisée de longue date pour le jardin, la récupération des eaux pluviales a été relancée par voie législative et réglementaire : loi sur l’eau de 2006, crédit d’impôt (malheureusement plus actuellement) et encadrement des conditions d’installation, d’utilisation et de contrôle (du 21 août et du 17 décembre 2008).
D’autant qu’une grande partie de l’eau utilisée n’a pas besoin d’être potable. La moitié de notre consommation d’eau potable sert pour les W.-C. (31 %), le lavage du linge (9 %), la vaisselle (4 %), le lavage de la voiture (4 à 6 %) et l’arrosage du jardin (6 à 8 %). Il est donc tentant d’utiliser l’eau de pluie.
Encore faut-il qu’elle soit disponible en quantité suffisante et que l’investissement soit rentable !
- La pluviométrie.
Elle varie en France entre 200 et 3 000 litres/m par an (1 mm de précipitation = 1 litre/m). Pour en savoir plus, consulter les sites spécialisés (www.meteociel.com ou www.meteofrance.com). Il est toutefois conseillé de choisir des cuves plus grandes que nécessaire pour récupérer le maximum d’eau.
- La surface de captage.
Elle correspond aux dimensions du toit rapportées sur un plan horizontal. Soit la surface au sol du bâtiment, augmentée le cas échéant du débordement de toiture.
Pour calculer la moyenne d'eau de pluie mensuelle
Multiplier la surface de captage par la pluviométrie, puis par un coefficient de perte (0,9 pour les tuiles et ardoises, 0,8 pour un toit ondulé, 0,6 pour une toiture terrasse) et diviser par 12 pour obtenir la moyenne d’eau de pluie mensuelle.
Par exemple : [100 m2 x 800 litres x 0,9 ] / 12 = 6 m3 par mois (6 000 litres).
La consommation d’eau non potable (jardin et habitat) d’une personne est généralement estimée à 75 litres par jour (11 à 18 litres par jour et par personne pour un W.-C. – hors chasse d’eau économique –, 60 à 120 litres pour une machine à laver, 15 à 20 litres/m par an pour l’arrosage du jardin, 100 à 200 litres par lavage de voiture).
Si la collecte d’eau de pluie mensuelle est de 6 m en moyenne (exemple calculé précédemment), une citerne de 7 m satisfera les besoins en eau non potable d’une famille de quatre personnes. Généralement, on surdimensionne pour faire face à des précipitations importantes et prévoir une réserve en cas de sécheresse. Ces dispositions permettent une économie d’environ 250 € par an (prix de l’eau potable estimé à 3,50 €/m).
Face à ces économies potentielles, il ne reste plus qu’à estimer le coût de l’installation. La solution la plus simple et la moins chère (80 à 500 €) consiste à placer une cuve de 100 à 600 litres raccordée sur une descente d’eau pluviale. La rentabilité dépendra de la fréquence de remplissage de la cuve et de la surface à arroser. On peut espérer une économie de 10 m d’eau par an.
Pour une utilisation plus importante (extérieure et intérieure), l’idéal est d’enterrer la cuve. On aura le choix entre des modèles en béton ou en matériaux de synthèse (polyéthylène, polyester…) d’une capacité de 1 000 à 10 000 litres…
Pour bénéficier du crédit d’impôt, la cuve de stockage devaient auparavant être :
- Etanche et opaque,
- Fermée par un couvercle sécurisé,
- Dotée d’un dispositif d’aération anti-moustiques,
- Vidangeable et nettoyable intégralement.
- ...
Les anciens systèmes de stockage étaient exclus du crédit d’impôt, même réhabilités : cuves à fioul ou fosses septiques, stockage des eaux de pluie à l’air libre.
En 2017, il n'y a plus de crédit d'impôt pour un système de récupération d’eau de pluie.
Pour un usage intérieur
Un arrêté du 21/08/08 autorise l’utilisation d’eaux pluviales pour l’alimentation des W.-C., le lavage des sols et, à « titre expérimental », pour le lavage du linge. L’installation doit comporter un surpresseur (1) installé sur un réseau séparé du réseau d’eau potable. D’une puissance inférieure à 1 kW, il redistribue l’eau vers les appareils de la maison et vers l’extérieur à une pression de 3 bars. Ce surpresseur est connecté au réseau d’eau de ville et assure une commutation automatique sur l’eau du réseau si la citerne est vide.
Il faut aussi installer un disconnecteur par surverse totale avec garde d'air visible, complète et libre, installée de manière permanente (2) dont le rôle est d’empêcher la pollution du réseau public par l’eau de pluie.
Les fabricants proposent généralement pompe, surpresseur et disconnecteur sous la forme d’un groupe qui facilite les raccordements et l’installation.
À noter que la pose d’un compteur pour les volumes d’eau de pluie utilisés est obligatoire.
Pour un usage extérieur
Une dérivation sur descente est installée pour dériver l’eau de pluie vers la zone de stockage. S’il y a plusieurs descentes, un regard (3) est posé pour rassembler l’intégralité des eaux récupérées. Une filtration s’impose pour éliminer les pollutions diverses qui s’accumulent sur les toits. Elle s’effectue en deux temps. Une crapaudine est installée sur la naissance de chaque descente de gouttière. Elle empêche les feuilles, mousses et petits animaux d’obstruer le conduit. Une filtration fine s’effectue en amont du dispositif de stockage.
Le filtre est constitué d’une grille de maille inférieure à 5 mm, démontable pour être nettoyée périodiquement. Il est généralement intégré soit à la dérivation sur descente, soit au regard de dérivation (4).
Une pompe électrique (5) immergée ou de surface s’impose pour alimenter un arrosage extérieur, laver la voiture…
Le robinet de soutirage doit être verrouillable, c’est-à-dire qu’il ne peut être ouvert qu’à l’aide d’un outil spécifique. Une plaque de signalisation "eau non potable" avec un pictogramme caractéristique (verre barré) doit être fixée au-dessus du robinet.
Disponible en 400 ou 800 litres, ce récupérateur d’eau de pluie est en lames de sapin traité avec bâche d’étanchéité. Avec filtre sur descente et couvercle en option. À partir de 109,99 €. Collecteur d’eau de pluie de Gardena.
Éligible au crédit d’impôt, cette cuve extérieure en PEHD (matériau de synthèse) peut être montée en série. Livrée avec ou sans rehausse à filtre intégré et avec filtre collecteur à poser sur descente de gouttière.
« AquaVario », basic ou standard de Sotralentz. 1 302 € en 750 litres.
Répondant aux dernières normes en vigueur, ce système est équipé d’un automatisme qui assure le basculement vers le réseau d’eau de ville lorsque la cuve de récupération est vide.
« Récupéo » de Salmson (sur devis).
Ce fabricant propose une gamme de cuves en béton pour la récupération simple d’eau de pluie ou pré-équipées avec des filtres, un disconnecteur et un gestionnaire d’eau de pluie pour l’utilisation intérieure. « Gamme Captéco » de Bonna Sabla La Nive (sur devis).
Protégé par une cage en fil d’acier, ce réservoir en PEHD de 1 000 litres est posé sur une palette imputrescible. Elle est livrée avec un couvercle vissant et un robinet (L 100 x P 120 x H 120 cm).
Réf. 33076. Sotralentz. 421 €.
Qu’elles soient en matériaux de synthèse ou en béton, les cuves enterrées doivent être conçues pour résister à l’écrasement et aux pressions du terrain, quelle que soit la quantité d’eau qu’elles contiennent (Doc. Simop).