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Récupérer l’eau de pluie en 10 questions

Grâce à la pluie, une partie de nos besoins en eau peut être satisfaite gratuitement. Pour faire des économies autant que pour protéger la ressource, il est utile de connaître les équipements adaptés.

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions

Pour quels usages ?

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions Chacun de nous consomme en moyenne 150 l d’eau par jour*, soit un peu moins de 55 m par an. Le prix du m3 s’élevant à 3,24 € environ**, la dépense dépasse 700 €/an pour une famille de quatre personnes. Ce qui laisse entrevoir la perspective d’économies substantielles…

Pas question toutefois de remplacer toute l’eau du réseau par de l’eau de pluie. Parce qu’elle est non potable, il est interdit de l’utiliser pour se laver, faire la vaisselle, préparer des aliments et, bien sûr, la boire.
Cumulés, ces usages représentent 56 % de notre consommation, soit 31 m/an. En revanche, les 44 % restants (24 m/an) peuvent provenir de l’eau de pluie. Remplir les réservoirs de chasse d’eau, laver et sécher du linge, nettoyer les sols, arroser le jardin… Pour tous ces usages, il suffit d’investir dans un équipement judicieusement choisi.

* Sources : www.eaufrance.fr/spip.php?rubrique187&id_ article=468 et www.eaurigine.fr 
** Centre d’information sur l’eau – baromètre 2011 : chiffre Insee 2011 (www.cieau.com).

Quelle quantité peut-on récupérer

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions Le volume maximal d’eau de pluie récupérable (Vmax en litres) dépend de plusieurs facteurs : la pluviométrie (P en mm), la surface de toiture (S en m), la nature et la pente de la toiture (coefficient de restitution KT) et l’état de propreté du filtre (coefficient de rendement hydraulique KF).

En conditions idéales, mais théoriques, KT et KF sont de l’ordre de 90 %, soit une valeur de 0,9.
Ce qui permet de définir un volume maximal théoriquement récupérable égal à P x S x KT x KF.
Par exemple, dans une région où il tombe 800 mm de pluie par an, une toiture de 100 m permet de récupérer au maximum 64 800 litres (800 x 100 x 0,9 x 0,9). De quoi satisfaire les besoins en eau non potable de plus de deux personnes…

En fait, le volume récupéré est toujours inférieur pour des raisons diverses :

  • débordement des gouttières (orage...),
  • filtre en partie bouché,
  • cuve pleine qui rejette l’excédent par son trop-plein…

Bien que théorique, ce calcul peut néanmoins servir de base pour évaluer la capacité du récupérateur, en la majorant dans une région exposée à la sécheresse.
Là où la pluviométrie est plus régulière, on table plutôt sur une autonomie correspondant à trois semaines de consommation. Ce délai étant considéré comme suffisant pour des intervalles moyens de dix jours sans aucune pluie.

Arrosage : quel mode de stockage, à quel prix ?

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions Pour le seul usage extérieur, du type arrosage et nettoyages divers, l’installation se limite à un stockage extérieur (dit aérien) : un réservoir synthétique posé au sol, complété par une petite pompe, est raccordé à la descente d’eau de pluie via un collecteur (voir point 6).
 

Toutefois, avant les premières gelées, ce type de réservoir doit être vidangé et la pompe rangée à l’abri.

Une installation de 500 l réalisée avec du matériel acheté en GSB (collecteur, réservoir aérien et pompe immergée) coûte environ 200 €.
Avec une eau vendue 3,24 €/m (coût moyen du m d’eau en France) et une toiture de 100 m dans une région où il tombe chaque année au moins 800 mm d’eau, cette installation sera rentabilisée en un peu plus d’un an…
Elle servira à l’arrosage du jardin autant qu’au nettoyage des vélos, voiture, bottes, etc.

Quel est le coût d’une installation ?

Alimenter chasse d’eau et lave-linge exige une installation capable de fonctionner toute l’année et de taille suffisante. Ce qui conduit à opter pour une cuve enterrée. L’équipement est alors plus cher, mais totalement invisible.
 

Ce type d’installation tous usages comporte généralement un réservoir de 5 m, auquel s’ajoute le matériel (pompe, filtres et accessoires divers), pour un budget d’environ 5 800 €, terrassement et raccordements aux sanitaires compris. Ce prix tient compte de la TVA à taux réduit (7 %) et du crédit d’impôt de 18 %.
Avec une eau à 3,24 €/m et sur une base de 96 m consommés chaque année (44 % de la consommation moyenne totale), une famille de quatre personnes devra donc attendre plus de 18 ans pour amortir l’installation. Évidemment, plus l’eau est chère, plus vite l’installation est amortie.
Ainsi, en Ile-de-France ou en Picardie, à 4 €/m d’eau, l’amortissement est obtenu au bout de 15 ans. Mais si le prix est inférieur à la moyenne nationale (Ain, Gard, etc.) la durée sera supérieure : plus de 26 ans avec une eau à 2,26 €/m !

Quelle capacité pour quel usage ?

Sauf contrainte particulière (surface réduite, etc.), c’est en général la consommation et l’autonomie souhaitée qui servent de critères de base.
 
  • Ainsi, pour une installation tous usages, en faisant la moyenne de la consommation, multipliée par l’autonomie projetée (21 jours), on obtient pour quatre personnes un volume de 5 544 l (264 l x 21 j).
  • Si, en revanche, on ne considère que l’arrosage et le lavage d’une voiture (6 % de la consommation, soit 36 l/jour), le résultat est bien différent : 36 l x 21= 756 l.
  • Attention, la consommation réelle est bien supérieure aux 150 l par jour et par personne dans les départements du sud-est.
  • La pluviométrie a aussi son importance : là où l’on récupère moins d’eau pendant une période donnée, il convient de majorer la capacité de la cuve.

Faire ou faire-faire ?

Installer un réservoir aérien de quelques centaines de litres est une chose, enterrer une cuve synthétique ou en béton de plusieurs mètres cubes en est une autre…

Dans le premier cas, pas de travaux : le réservoir, acheté en GSB ou par correspondance, est installé hors-sol.
Dans l’autre, le recours à une entreprise peut s’avérer intéressant pour deux raisons : la TVA à 7 % (sous conditions) et le crédit d’impôt développement durable accordé sans condition. Il faut aussi prévoir l’accès à un engin de terrassement pour creuser la fouille puis la remblayer après mise en place de la cuve (livrée avec un camion-grue).

Collecte : comment ça marche ?

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions
  • Un réservoir extérieur est alimenté par un collecteur d’eau de pluie, dispositif en PVC ou en zinc interposé à hauteur d’homme sur une descente de gouttière.
  • Un filtre empêche les plus gros déchets végétaux d’aboutir dans la cuve du récupérateur.
  • Une fois la cuve remplie, un inverseur permet de rétablir manuellement l’écoulement des eaux pluviales vers le réseau d’évacuation.
  • Afin de recueillir le maximum d’eau, un réservoir enterré est en général alimenté par plusieurs conduites de descente, voire toutes lorsque c’est possible.
  • Elles sont alors réunies par un bouclage souterrain aboutissant à un collecteur situé au-dessus du réservoir.
  • Dès que ce dernier est totalement rempli, l’excédent est évacué dans le réseau via un trop-plein.

La consommation d’eau par habitant et par jour

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions

SOURCE : IFEN-SCEES, ENQUÊTE EAU 2004-INSEE, RECENSEMENT 2004 DE LA POPULATION

Comment l’eau est-elle distribuée ?

Un réservoir extérieur peut fournir l’eau par gravité : il est généralement placé à quelques dizaines de centimètres du sol sur un socle (fourni).

En partie basse, un robinet permet de remplir un arrosoir ou de brancher un tuyau. Pour remédier à un faible écoulement gravitaire, il suffit d’ajouter une pompe (immergée ou de surface) et de la mettre en route à la demande.
Elle dispose en principe d’une sécurité « manque d’eau » qui l’empêche de fonctionner si le niveau d’eau est trop bas. Une pompe est également nécessaire à un réservoir enterré. Elle s’installe dans la maison (au sous-sol par exemple).
Commandée par interrupteur manométrique, elle démarre automatiquement dès que l’on tire de l’eau. Ce type de pompe est par ailleurs relié à un petit réservoir-tampon alimenté par l’eau du réseau. Ainsi, en cas de manque d’eau dans le récupérateur, chasse d’eau et lave-linge pourront continuer à fonctionner.
C’est une électrovanne à 3 voies qui se charge de permuter les arrivées, sachant qu’elles restent parfaitement séparées. L’eau de pluie n’a donc aucune chance de se mélanger à l’eau potable.

8 Quelles formalités ?

Aucune formalité administrative n’est nécessaire si l’eau de pluie est rejetée après utilisation vers une fosse toutes eaux (assainissement individuel). En revanche, si elle rejoint un réseau collectif, une déclaration en mairie est obligatoire.
 

Ce type de déclaration doit par ailleurs être effectué (quelle que soit la destination de l’eau après utilisation) lorsque la cuve d’un récupérateur enterré dépasse de plus de 60 cm la surface du sol. Le service public de distribution d’eau potable peut procéder au contrôle de l’installation.
L’abonné est alors tenu de leur laisser l’accès dans les conditions prévues par la réglementation (arrêté du 17 décembre 2008 relatif au contrôle des installations).

9 Quelles aides ?

Depuis 2008, la récupération d’eau de pluie à destination domestique (hors arrosage seul) par un réservoir enterré fait partie du dispositif fiscal visant à encourager le développement durable.
 

Outre une TVA à taux réduit (pour les logements de plus de deux ans), cet investissement bénéficie d’un crédit d’impôt.

Certains conseils généraux proposent en outre des subventions. Exemple dans les Hauts-de-Seine avec une subvention de 25 % du coût des travaux, plafonnés à 500 € TTC*.
*http://www.agglo-hautsdebievre.fr/environnement/les-%C3%A9co-travaux.html et www.service-public.fr

Cuves de récupération d'eau de pluie

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions

Sur cette cuve synthétique, on distingue l’arrivée d’eau qui plonge tout au fond et en partie haute, ainsi que le trop-plein équipé d’un siphon.
L’eau est pompée à partir de la surface, via un tube terminé par un filtre suspendu à un flotteur.

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions

Si l’on dispose de l’espace nécessaire dans un sous-sol, on peut opter pour plusieurs réservoirs verticaux montés en batterie. Assez étroits pour passer par une porte de communication, ils offrent une capacité unitaire de 500 à 1 000 l.

Quelles obligations techniques ?

Récupérer l’eau de pluie en 10 questions Le trop-plein d’un récupérateur doit obligatoirement être raccordé au conduit de collecte des eaux pluviales, lorsque ce réseau est séparé de celui des égouts.
 

Le raccordement fait en principe l’objet d’une vérification par la société qui gère le réseau public d’assainissement (surtout dans le cas d’une demande de subvention).
Les robinets intérieurs distribuant l’eau de pluie doivent être repérés par une étiquette et être verrouillables à l’aide d’un outil spécifique. Cette disposition est recommandée à l’extérieur, mais pas obligatoire.

Un récupérateur d’eau de pluie demande peu d’entretien, surtout s’il est parfaitement opaque. Ce n’est pas toujours le cas des réservoirs aériens qui, en été, sont exposés à une élévation de température propice au développement des algues et des micro-organismes.

Le filtre d’un collecteur est à inspecter tous les six mois, sachant que le ou les orifices de descente d’eaux pluviales doivent être équipés de crapaudines pour retenir les plus gros débris.

On peut profiter de la vidange annuelle du réservoir (avant les premières gelées) pour le rincer avec de l’eau contenant un peu d’eau de Javel. Sa pompe, elle, est à vidanger et à placer à l’abri du gel.

Enfin, l’entretien d’une installation enterrée implique certains contrôles, notamment du fonctionnement du système de déconnexion, qui permet d’alimenter l’installation en eau du réseau.

Sur cette illustration, pour pouvoir nettoyer la cuve, une rehausse affleure le niveau du sol fini. Son diamètre doit permettre le passage d’un homme.


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