On la croirait taillée dans la pierre, mais elle est en béton moulé. Et elle semble là depuis toujours, pourtant, c’est écrit dessus : cette fontaine est datée de 2004!
Niveau : Confirmé
Coût : 300 Euros environ
Temps : 1 mois
Fournitures : béton prêt à gâcher, additif hydrofuge, panneaux d’agglo 22 mm.
Outillage : scie circulaire, scie sauteuse, visseuse, bétonnière
Voir le plan de cette réalisation (en pdf) : Fontaine de village : le plan
Jonathan Wittig, son créateur, nous l’explique très bien. Souhaitant apporter un peu d’animation autour du thème de l’eau dans son jardin, il ne parvenait pas à trouver ce qu’il cherchait dans les magasins de bricolage et chez les revendeurs spécialisés : « trop banales, trop chères ou inadaptées à mes besoins, les fontaines proposées ne me convenaient pas. » Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, notre lecteur s’est retroussé les manches. Et l’entreprise a de quoi séduire !
Son style a différentes origines, mais se retrouve principalement dans les fontaines du « pays » de Sundgau, au sud de l’Alsace. Autrefois, chaque bourg de France disposait d’une de ces vastes auges alimentées en eau vive. Dans cette région, elles ont été conservées et fonctionnent toujours. Ce n’est plus le lieu de rencontre du village, pour abreuver les animaux ou partager l’eau potable, mais la fontaine contribue au charme d’un village. Tout en s’en inspirant, Jonathan l’a adaptée, déplaçant la colonne vers le centre de l’auge.
L’ornementation en laiton, le déversoir (une création originale), la croix au sommet, la boule (coulée dans un ballon de chimie en verre) et le trop-plein, insistent sur le mélange des styles. Si cette fontaine vous semble familière, elle est cependant à nulle autre pareille !
Cet ensemble est réalisé à partir d’éléments en béton moulés sur place dans des coffrages fabriqués avec la plus grande précision. L’auge est coulée d’une seule pièce pour garantir son étanchéité mais elle n’est pas ferraillée. La colonne est composée de trois parties superposées, surmontées d’un chapiteau.
Les coffrages sont réalisés en panneaux d’aggloméré standard de 22 mm d’épaisseur (voir les schémas ci-dessus et page suivante). Le moule et le contre-moule de l’auge sont prévus pour couler des parois et un fond de 10 cm d’épaisseur.
Avant l’assemblage, des motifs sont taillés au cutter dans des plaques de polystyrène extrudé (deux feuilles de « Dépron » de 6 mm contrecollées). Ces ornements en relief sont collés au mastic sans solvant sur les faces internes du coffrage extérieur. Au démoulage, les motifs apparaîtront donc en creux. Pour les rainures et les moulures, des baguettes en demi-rond ou des tubes en PVC recoupés dans la longueur sont collés ou cloués sur la face interne des panneaux.
L’intérieur est généreusement badigeonné d’huile de décoffrage. Des chevrons de renfort extérieurs et des entretoises intérieures sont posés pour résister à la pression exercée par le béton frais.
Le béton est dosé à 400 kg de ciment CPA au m3. Les charges se composent d’un 1/3 de sable pour 2/3 de gravillons roulés (Ø 25 mm maxi). La préparation est importante pour garantir la stabilité de l‘ouvrage. Il faut être organisé pour le couler en continu (700 kg environ pour l’auge). Jonathan conseille de travailler à trois : le premier à la bétonnière, le second au coffrage – vibrage – débullage, et le troisième à la brouette. Le béton doit toujours être dosé et gâché de la même manière, de façon à disposer d’une pâte ferme, plastique mais pas coulante (ne pas oublier d’ajouter l’hydrofuge plastifiant qui assure l’étanchéité de la cuve).
Ces opérations doivent se dérouler par temps sec, ni trop froid ni trop chaud. Des conditions climatiques qui doivent perdurer pendant les trois semaines de durcissement nécessaires avant le décoffrage. Ces précautions prises pour le gâchage, le coulage et le durcissement du béton réduisent le risque de fissuration de l’ouvrage qui ne comporte pas le moindre ferraillage.
Le poids de l’ensemble approchant la tonne, il est nécessaire de renforcer la stabilité du sol. Comme la mise en place de l’arrivée d’eau et de l’évacuation (si nécessaire), ces travaux sont à effectuer avant la construction des coffrages. En effet, compte tenu du poids de l’auge, notre lecteur conseille de réaliser cette opération le plus près possible de l’emplacement définitif.
Les différents éléments de la colonne sont assemblés avec des goujons métalliques fichés dans les angles
Le coffrage de l’auge est assemblé à l’envers, le fond au-dessus. Des chevrons et des serre-joints renforcent la résistance des panneaux à la déformation provoquée par les 700 kg de béton frais.
Le coffrage intérieur est renforcé par des entretoises. Tous les panneaux sont badigeonnés d’huile de décoffrage. Bien gâché à la bétonnière et presque fluide, le béton est rapidement coulé.
Au fur et à mesure du coulage, le béton est brassé avec un tasseau. Puis il est vibré en tapotant les flancs de tous les coffrages au marteau de façon à faire remonter les bulles d’air.
Une fois les côtés de l’auge remplis et débullés, le fond est mis en place. Auparavant, le panneau a été généreusement badigeonné d’huile de décoffrage. Il s’encastre parfaitement entre les parois.
Central, le coffrage est rempli de sable fin brossé avec soin. Remarquez le morceau de tube destiné au trou de bonde.
Le fond est coulé au ras du coffrage extérieur. Celui-ci sert de guide pour lisser la surface avec un tasseau. Protégée par des cartons humides, l’auge durcit pendant trois semaines.
Le délai passé, le coffrage est retourné avec précaution puis ses panneaux sont dévissés. Quelques coups de maillet dégagent les pièces récalcitrantes. Remarquez le relief laissé par le polystyrène.
Malgré les précautions prises, il y a toujours quelques bavures de ciment. Elles s’enlèvent facilement à la main, à la brosse, au fer ou à la taloche, tout de suite après le décoffrage.
L’emplacement définitif de la fontaine est renforcé par un pavage scellé de 5 cm d’épaisseur avant la mise en place de l’auge. Celle-ci repose sur deux traverses en béton de 20 x 20 x 60 cm.
Pour gagner sur le poids et permettre le passage de la plomberie, le centre de chaque coffrage de la colonne est évidé grâce à un tuyau de PVC, coupé dans la longueur pour faciliter son démoulage.
Chaque coffrage se compose de quatre côtés en aggloméré, fixés sur un fond. Le béton est coulé, brassé et débullé, comme pour l’auge. Une aide est nécessaire pour bien caler le tuyau au centre.
La coulée terminée, des cales triangulaires sont ajoutées dans les angles. Elles sont équipées de chevilles de bois qui permettent de mouler les trous nécessaires aux goujons d’assemblage.
La base de la colonne cachée par l’auge reste lisse, les deux autres parties sont agrémentées de reliefs. Cette vue en montre les détails réalisés avec du polystyrène et des baguettes.
Le dessus se compose d’une corniche un peu plus élaborée et d’un chapiteau à quatre pentes, moulé en plein dans une forme en aggloméré. Le durcissement demande toujours vingt et un jours.