En montagne, le bois de chauffe est incontournable. Pour être efficace, il doit être stocké au sec dans un espace ventilé. Le bûcher de Jean-Claude répond à ces critères tout en s’intégrant parfaitement à l’existant.
C’est à la faveur du remplacement de l’ancienne chaudière au fioul par une nouvelle fonctionnant au bois que notre lecteur, Jean-Claude Thovex, décide de construire un bûcher. Un projet que ce retraité réalise en famille : "
mon gendre et mon petit-fils sont passionnés par le travail du bois. Comme j’étais moi-même menuisier-charpentier, c’était l’occasion de les former."
Attenant à la maison, le bûcher dessiné par notre lecteur sera, sauf fondations et soubassements,
entièrement en bois. La charpente, qui pourrait paraître surdimensionnée dans une autre région, est prévue pour soutenir le
poids de la neige : "
en général un peu plus d’un mètre, mais ça nous est arrivé d’en avoir jusqu’à trois" ! Particularité : le projet est préparé à l’atelier pour limiter au minimum la manutention.
"J’ai bientôt 80 ans, alors je m’organise pour que les assemblages soient parfaitement ajustés avant le montage."
"
Tous les assemblages sont à tenons et mortaises et les entretoises assemblées en sifflet. J’ai horreur des platines et connecteurs métalliques !"
Une enveloppe tout bois
Comme la charpente, le reste de la construction est en bois, principalement en
épicéa. Pour faciliter le séchage du bois de chauffage, le bûcher n’est pas totalement fermé.
La ventilation est assurée par l’espacement entre les lames d’épicéa mises en œuvre à claire-voie. Pour la couverture, notre lecteur perpétue une méthode traditionnelle dans cette région :
"ici toutes les toitures sont en tavaillons". Ces éléments de couverture sont en fait des "tuiles" de bois qu’il fabrique lui-même.
Pour cet ancien menuisier-charpentier, le bois doit être scrupuleusement sélectionné : "
je choisis des bois denses qui ont poussé lentement avec des veines très fines. Lors de l’affouage*, je repère les billes de qualité que je stocke en prévision".
À l’intérieur, la construction dispose d’un plancher, doté d’une trappe pour accéder au grenier. Le plancher est réalisé en partie avec un parquet en chêne récupéré. Et chaque détail est soigné, y compris l’ouverture de la trappe : "
un système de tirette que l’on actionne depuis le bas par l’intermédiaire d’une petite corde".
* Droit d’utiliser le bois des forêts communales.
"
Traditionnellement, les tavaillons mesurent 40 cm de long. Je préfère les plus grandes longueurs de 60 cm, qui assurent un meilleur recouvrement."
Bricolage : bon à savoir
Un bois bien sec est essentiel au bon fonctionnement d’une chaudière, d’un poêle ou d’un insert, car il participe au rendement d’un appareil de chauffage : entre un
bois sec à moins de 20 % d’humidité et un bois fraîchement coupé (45 % d’humidité), l’énergie délivrée est divisée par deux. L’idéal pour bien sécher est de disposer d’un
abri correctement ventilé ou d’une bâche ouverte sur les côtés. Le temps de séchage a son importance.
Par exemple : 15 mois sous abri en quartier de 33 cm (17 mois en rondins), 18 mois en quartier de 1 mètre à l’air libre (24 mois en rondins).
Pour plus d’information : www.flammeverte.org (conseils pratiques et réglementaires…).
- La construction du bûcher débute par le terrassement – "réalisé par un ami maçon" – et les fondations "décaissées sur 40 cm".
- Les fondations sont coulées avec un béton livré par camion toupie, puis le soubassement est réalisé en blocs de béton de 20 cm d’épaisseur.
- Une étanchéité bitumée est appliquée pour éviter toute remontée capillaire.
- "La charpente, en mélèze, est assemblée avec l’aide de mon gendre".
- Les poteaux sont scellés dans la dernière rangée de parpaings, à l’aide de pattes métalliques noyées dans le béton.
- Ultime vérification avant montage : la partie supérieure de la charpente est montée à blanc au sol, puis assemblée sans aucune difficulté.
- Pour assurer une parfaite étanchéité à l’eau, le platelage en bois est recouvert d’un pare-pluie, maintenu par un contre-lattage qui supportera les tavaillons (éléments de couverture).
- Tous les tavaillons de la toiture sont fabriqués par le lecteur.
- En apparence simple, ce travail demande une solide expérience.
- La couverture se pose en famille.
- Ici, le grand-père et son petit-fils clouent les tavaillons à l’aide de pointes Inox sur les lambourdes : "ces dernières sont fixées avec un entraxe de 15 cm correspondant au pureau de tavaillons".
- Jean-Claude et son petit fils mettent en place le bardage.
- Les lames ont été préparées à l’atelier.
- Elles s’insèrent dans une feuillure de chaque côté de la poutre centrale
- L’habillage du grenier, en lames d’épicéa, est posé à la verticale.
- Un volet, réalisé avec le même bois, ménage une ouverture dans le comble.
- Le plancher d’étage en chêne, posé avant les pannes, reste en place.
- Le système de poulie facilite l’ouverture de la trémie.
- À l’intérieur, le bois a trouvé sa place et, grâce au tube PVC Ø 160 mm, l’alimentation de la chaudière est un jeu d’enfant.
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