La tuile accompagne la vie des hommes depuis des millénaires. Produit de tradition, au carrefour d'une histoire des savoir-faire, de l'habitat, de l'architecture, de l'aménagement du paysage, elle a su s'adapter au fil du temps pour répondre aux exigences multiples de la construction : normes, performances, qualité et mise en oeuvre etc...L'exemple de la toiture des Hospices de Beaune porte au sommet l'architecture et l'esthétique dont est capable la tuile de terre cuite.
L'
apparition de la
tuile (de type
canal) serait attestée entre
4000 et 2500 ans avant notre ère par des fouilles archéologiques réalisées en
Chine.
Lors des
XIIe et XIe siècle, ce mode de couverture se
répand en
Mésopotamie puis plus largement dans tout le
bassin méditerranéen vers
500 avant J.C.
Les
Romains vont en
généraliser l'emploi dans tout l'
empire et donc en
Gaule.
Le
mode de couverture est alors
modifié et donne naissance à
deux formes distingues :
- l'une, plate et rectangulaire avec deux bords longitudinaux fortement relevés, c'est la tégula (de tegere, couvrir), elle est posée sur le support ;
- l'autre, qui a conservé la forme canal, est posée sur la jonction longitudinale de deux tégula, c'est l'imbrex (de imber, pluie) car destinée à protéger des infiltrations.
De ces deux modèles vont dériver au cours du
Moyen Âge, la
tuile canal utilisée au
sud de la Loire et la
tuile plate probablement inventée en
Bourgogne et inspirée de la tegula mais sans les bords relevés et seulement munie d'un tenon.
On atteint ainsi au
XVe siècle, la première modification importante avec l'
apparition au
nord de la France et au delà, de la
tuile en S donc
à emboîtement, dite tuile
"panne" ou "flamande".
Il faut attendre
1841 pour voir les frères Gilardoni, grâce à
l'invention du four à cuisson continue d'Hoffmann, mettre au point la
tuile dite "
mécanique". Au lieu d'être fabriquée à la main et cuite au feu de bois, cette tuile est
obtenue sous presse mécanique et doté d'emboîtements. Elle peut ainsi être
fabriquée en série puis sa
production être
automatisée. Depuis sont apparues parmi
700 modèles, dont la
tuile canal à emboîtement (dite
"romane"), la tuile
à emboîtement petite moule, la tuile
canal à verrou, la
double tuile ainsi qu'une quantité d'accessoires pour toitures sophistiquées.
Quatre familles de tuiles terre cuite se partagent le territoire français :
- tuiles à emboîtement ou à glissement à relief,
- tuiles à pureau plat,
- tuiles canal
- tuiles plates.
Ainsi sur les toitures faiblement inclinées du
sud-ouest ou de la
vallée du Rhône, on voit dominer la
tuile canal couplée à la tuile à emboîtement fortement galbée.
Pour es toitures plus pentues de la
Bourgogne, de la
Normandie, de l'
Alsace ou du
Centre, on utilise la tuile plate, couplée à la tuile à pureau plat.
Le
nord et l'
est du territoire ont privilégié les tuiles à
emboîtement faiblement galbée.
L'apparition de ces produits toujours plus faciles à poser s'accompagne d'une
amélioration de leur qualité :
résistance au gel et
imperméabilité allongeant la vie des toitures,
réduisant leur
coût d'entretien. Peuvent s'y ajouter la
couleur au goût de chacun ou des aspects vieillis par de subtils traitements de surface en
accord possible avec chaque
région, chaque
climat ou chaque
architecture.
La
tuile de terre cuite représente aujourd'hui
70% du marché des
petits éléments de couverture, évidemment plus au sud, au centre et dans l'est de la France que dans le Nord ou en Normandie. Quant à la Bretagne, c'est sa tradition de l'ardoise qui reste bien présente.
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