Une propriété au milieu des bois, un étang, des acacias et une idée : construire une cabane habitable sur l’eau. C’est le défi, réussi, que se sont lancé nos lecteurs qui ne manquent pas d’imagination.
Martine et José Abella, ont la chance de posséder une propriété en Sologne bordée d’un étang. D’où l’idée de construire une cabane qui le surplombe. Pour notre lecteur, ce n’est pas véritablement une première.
"J’ai déjà réalisé plusieurs ouvrages : une roulotte, un coin SPA. Pour moi, cette cabane c’est plutôt un challenge."
- Un projet qui se pense à deux. Mon épouse a souhaité que nous utilisions principalement du bois laissé à l’état brut. Cela ne m’a pas facilité la tâche. Mais le résultat est là et aujourd’hui cet espace est une chambre d’hôte atypique avec un petit lavabo et une douche solaire."
- Pour l’eau, pas de souci : "j’ai réalisé une réserve avec une longue jarre en terre cuite".
- Pour les toilettes, la solution retenue est propre à ce type d’environnement : "comme je coupe beaucoup de bois, je dispose d’un bon stock de sciure : j’ai donc opté pour des toilettes sèches".
- Autre point étudié de près : le farniente. Une large baie vitrée ouvre sur un petit balcon, offrant une vue imprenable sur l’étang.
Construction tout bois
Nos lecteurs disposant d’une bonne quantité de bois à proximité du chantier, la cabane est donc essentiellement construite avec des essences prélevées sur place : structure et habillage.
Mais comme nous sommes en milieu humide,
le choix du bois est capital pour éviter les déboires.
"J’ai donc utilisé de l’acacia pour la structure, y compris les pilotis, et pour l’habillage des parois extérieures."
Ce bois réputé imputrescible est laissé à l’état brut.
La difficulté pour notre lecteur concernait surtout la découpe.
"Je n’ai pas trouvé de scieur pour les planches, j’ai donc tout fait moi-même à la tronçonneuse. "
Le montage s’est déroulé sans trop de difficultés.
"J’ai débuté le chantier en hiver, l’étang avait une bonne épaisseur de glace, ce qui m’a facilité la tâche pour aligner et mettre les poteaux en place."
Quant à la structure, notamment celle de la charpente, elle a posé plus de problèmes :
"comme les fermes étaient à l’état brut, cela n’a pas été simple de les mettre à niveau et de trouver le bon équilibrage".
Idem pour la
couverture en shingle, qui s’est avérée plus difficile à poser que prévu. Côté décoration, la récupération est à l’honneur et, dans ce domaine, les rôles sont bien répartis.
"C’est mon épouse qui l’a pensée et effectuée."
Et au final :
"Le chalet est très confortable et on ne ressent absolument pas l’humidité."
Les essences pour construire en bois
Dans le cas de constructions en bois dont les conditions d’utilisation présentent un risque d’humidité, l’emploi d’essences durables et adaptées comme
le douglas, le robinier, l’acacia… ou d’un bois ayant subi un traitement (
thermochauffage, autoclave…) garantit la longévité de l’ouvrage.
Pour qu’il y ait dégradation, quatre conditions doivent être réunies : apport en oxygène (un bois immergé ne se dégrade pas ou très lentement), températures entre 20 et 30 °C, plus de 20 % d’humidité dans l’air, et présence d’insectes xylophages.
L’élimination d’une seule de ces conditions stoppe le pourrissement.
La glace hivernale a été une alliée pour la mise en place des deux poteaux en acacia. "J’ai troué la glace en deux endroits. J’ai aligné les poutres avec des plots de béton pour les niveaux. Puis j’ai relié le tout à l’aide de vis de 200 mm."
L’étape suivante consiste à réaliser le plancher : "les poutres maîtresses sont reliées avec des demi-chevrons". Ces derniers, posés à intervalles réguliers (tous les 25 cm) et solidarisés aux poutres à l’aide de sabots et de vis, supportent le plancher cloué à l’aide de pointes de 80 mm.
Notre lecteur s’attaque ensuite à la structure du bâtiment constituée de piquets en acacia solidarisés à l’aide d’équerres fixées par des vis en inox.
La charpente prend forme avec la mise en place des deux pannes sablières, des entraits et des arbalétriers. Toutes ces pièces sont réalisées avec des chevrons en acacia non équarris.
Pièce maîtresse, la panne faîtière a trouvé sa place. L’astuce pour la stabiliser et la mettre de niveau : un support en planches solidarisées au poinçon en acacia.
Vient le moment du remplissage et de l’habillage des murs et de la sous-face de la toiture. Pour les murs extérieurs, des planches d’acacia sont fixées comme un bardage. Seule concession à la modernité : les interstices entre les planches sont comblés avec une mousse polyuréthanne.
À l’intérieur, un isolant mince est pris en sandwich entre les parois extérieures et une volige peinte en gris : "les jointoiements avec les piliers bruts sont réalisés à l’aide de rebuts d’écorces de sciage".
Pour la couverture, José Abella a choisi un shingle de couleur verte. Un travail de précision où l’étanchéité est primordiale : "Toutes les pointes plates sont enduites et j’ai aussi recouvert de goudron les vis en inox de la faîtière."
À l’intérieur, le coin toilette, séparé de la partie nuit par une cloison, est aménagé avec des matériaux bruts. Le plan de toilette et la vasque sont taillés dans une bille en douglas. Les toilettes sèches sont aussi en bois.
La chambre est dotée d’un lit de 160 cm : "j’ai réalisé le sommier avec des palettes. Quant à la porte, nous l’avons achetée à un brocanteur."
En touche finale, une petite frise découpée dans un contre-plaqué est installée en rive de toiture.
"Je travaille à l’instinct. Parfois cela pose des problèmes. Comme ici avec la toiture, mais je finis toujours par trouver une solution."
L’acacia est aussi utilisé pour les rambardes de la terrasse. Elles sont solidarisées aux planchers à l’aide d’équerres.
La baie vitrée en PVC offre une belle vue sur l’étang.
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