Avec sa maison en bois, Nicolas Macaret prouve que l’autoconstruction peut rimer avec écologie, économie d’énergie et plaisir du travail bien fait. Le projet qu’il a concrétisé en dix-huit mois est exemplaire.
Mûri pendant dix ans, ce projet de
maison passive et bioclimatique a eu le temps d’évoluer. "
Au début, nous explique Nicolas Macaret, j
’imaginais une maison en maçonnerie classique. Peu à peu, ma conscience écologique s’est éveillée et, parallèlement, je me suis passionné pour le travail du bois." Il n’en faudra pas plus pour que le projet se transforme en une belle expérience d’autoconstruction que l’on peut qualifier d’écologique : structure et habillage bois sur fondation en béton,
isolation en paille, énergie renouvelable, récupération des eaux de pluie… Rien ne manque.
Compte tenu de son ampleur, notre lecteur s’est entouré de façon à ne rien laisser au hasard : "
J’ai fait appel à un bureau d’études pour dimensionner la structure parce qu’en consultant la littérature (Eurocode 5), on s’aperçoit vite que c’est bien compliqué." Un projet de maison bioclimatique, c’est aussi un terrain exposé au sud de façon à pouvoir bénéficier des apports solaires grâce à de larges baies vitrées. "
Nous avons trouvé le terrain facilement, mais le sud donne sur une route. Nous avons fait des compromis, car il n’est pas facile de trouver le terrain idéal."
- Les premiers travaux de terrassement commencent par la préparation du sous-sol. "C’est la seule entreprise qui est intervenue sur mon chantier."
- On aperçoit au second plan la réalisation des fondations et de la dalle du garage enterré. Les armatures ont été mises en place selon le plan du bureau d’études. Le tout est coulé avec un béton autoplaçant.
- Les murs du garage sont montés classiquement à l’aide de blocs à bancher et de blocs béton à coller.
- Notre lecteur met en place les réseaux et les cuves utiles à la récupération des eaux de pluie.
- La maison n’étant pas raccordée au réseau public, deux cuves de 10 m ont été installées en cascade : la première avec les systèmes de filtration.
Une maison ossature bois
C’est parti pour la construction bois proprement dite. La structure de la maison a été commandée chez un distributeur recommandé par le bureau d’études. Le déchargement est assuré par une grue routière, louée par Nicolas Macaret. Le choix d’un matériel ad hoc est important : "
Il ne faut pas hésiter à se professionnaliser et à investir pour s’économiser. Par exemple, j’ai acheté un camion-nacelle de 15 m pour éviter l’échafaudage. Je l’ai revendu après le chantier."
Et, ce, d’autant que notre lecteur est en quasi autoconstruction : "P
resque toutes les pièces de bois abouté sont livrées en treize mètres. On peut les faire livrer prédécoupées mais je souhaitais faire un maximum moi-même."
La construction débute par la réalisation du plancher bois, puis des différents pans de murs extérieurs et intérieurs qui assurent un contreventement. Puis, c’est au tour de l’étage. "
C’est ma partie préférée du chantier : rapide – un mois et demi à deux personnes – et pas salissante." Pour la charpente, notre lecteur fait le choix de la charpente industrielle : "
Je ne me voyais pas grimper des fermes de plus de 100 kg."
- Le montage de l’ossature démarre par le plancher du rez-de-chaussée qui est posé sur les murs maçonnés du sous-sol. "Sur les conseils du bureau d’études, nous avons récupéré trois poutres de l’ancienne maison pour renforcer le plancher. Celui-ci est composé principalement de poutre en I de 40 cm pour pouvoir l’isoler avec de la paille."
- Le plancher en place, c’est le moment de construire l’ensemble des parois extérieures et murs de refend.
- Les parois sont également constituées du même type de poutres pour y intégrer l’isolation.
- Les murs, dont les plus lourds font 900 kg, sont redressés avec des lève-murs maison et maintenus en place à l’aide d’étais tirants-poussants.
- L’ossature des murs de façades et des pignons sont recouverts de panneaux rigides de fibres de bois de 16 mm d’épaisseur côté extérieur.
- Ces panneaux permettent de retenir l’isolant posé par l’intérieur.
- Ils seront ensuite protégés des intempéries par le bardage en bois.
- À l’extérieur, les travaux se poursuivent : mise en place de l’isolation de la toiture à l’aide de panneaux de fibres de bois, jusqu’à la couverture : "Pour laquelle j’ai loué un chariot télescopique qui facilite vraiment les étapes importantes du chantier".
- Lorsque le montage est terminé, les ballots de paille sont insérés entre les poutres en I.
- Des panneaux semi-rigides de laine de bois sont déroulés sur la paille.
- Puis le tout est maintenu et protégé par une membrane d’étanchéité "respirante" avant d’être recouvert par des plaques rigides de fibres de gypse.
- "J’ai organisé une sympathique journée paille pour mettre en place les ballots dans la structure. Les amis ont répondu présents. Pas sûr que j’aurais eu autant de succès en organisant une journée laine minérale ! "
Un risque d'allergie avec la paille ?
Avec la paille, il y a moins de risque d’allergie qu’avec le foin. Ici, le problème est plutôt la poussière, surtout lors de la mise en oeuvre. Les personnes sensibles ont intérêt à utiliser un masque. Lorsque la construction est terminée et que les murs sont enduits et protégés, il n’y a plus aucun risque et l’air, à l’intérieur d’une maison isolée avec de la paille, est de très bonne qualité. La paille a même un effet hygroscopique qui empêche la formation de moisissures, source d’allergie et d’inconfort.
Des menuiseries en bois
La maison est maintenant hors d’eau mais pas encore hors d’air. Encore une fois, Nicolas Macaret joue la carte de l’autoconstruction et pousse loin l’exercice : "
J’ai réalisé toutes les menuiseries, juste pour le plaisir de le faire !"
C’est aussi une source d’économie, maison passive oblige : "
Elles sont toutes avec un triple vitrage." Menuiserie bois, cela va sans dire. Et comme dans ce secteur, il marie les essences : "
Du chêne à l’extérieur, pour sa résistance aux intempéries, du sapin au centre pour la stabilité et du peuplier à l’intérieur pour sa légèreté et sa facilité à le travailler." En même temps ou presque, avec son épouse Christelle, il s’occupe du bardage extérieur : "
Nous voulions une essence locale – de l’aulne. Nous l’avons entièrement usiné."
À l’intérieur aussi, ça usine : électricité, cloisonnement, sol – carrelage et parquet chêne sur lambourdes à l’étage – plomberie et toujours beaucoup d’imagination : "
Comme il faut faire venir un pro pour couler la chape sur un plancher chauffant, j’ai construit des murs chauffants avec de la terre tamisée."
- Vient la pose du bardage en bois massif.
- Les clins de 8 mm d’épaisseur sont fixés verticalement sur une ossature en bois qui se compose de lattes et de contre-lattes.
- Les menuiseries sont fabriquées à l’atelier : assemblage à onglets avec tourillons, vis et agrafes crocodiles.
- Cette étape a duré deux mois : "C’est beaucoup de travail parce que je n’étais pas équipé comme un professionnel, il a fallu faire plusieurs passages à la toupie, mais c’est une grosse économie."
- Pour la mise en place des triples vitrages, mobilisation générale : "J’avais besoin de plusieurs paires de bras. Une seule vitre sera fendue suite à une mauvaise manoeuvre."
Côté chauffage, une chaudière bois vient en relève des panneaux solaires : "
J’ai un ballon tampon de 1000 litres chauffé par les panneaux solaires thermiques."
Pour le matériel, notre lecteur privilégie les panneaux sous vide en autovidange :
" L’intérêt ? C’est que dès que la pompe s’arrête, l’eau redescend dans le ballon. Avantage : pas de risque de pollution avec de l’eau glycolée dont il faut surveiller le niveau d’antigel."
- Les murs chauffants sont eux aussi faits maison : "Je tasse de la terre tamisée entre les montants des murs. Ensuite je réalise des rainures dans lesquelles je mets en place les tuyaux. Ainsi, on a un radiateur invisible qui chauffe des deux côtés. Bien sûr, il faut faire attention de ne rien fixer aux murs."
Notre lecteur se charge lui-même de toutes les finitions intérieures : "
J'ai conçu un parquet type pont de bateau en utilisant les plus belles lames d’aulne du bardage." Même l’escalier est l’une de ses créations réalisée avec deux limons centraux en poutre de lamellé-collé. "
Mais nous avons demandé à un ferronnier de reproduire le modèle de garde-corps repéré sur un catalogue."
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