En matière de restauration de maisons anciennes, il est toujours préférable de renouer avec les techniques traditionnelles adaptées à leur maçonnerie. De la chaux, du sable et de l’eau, ces ingrédients simples régissent le rejointoiement à pierres vues, choisi pour ce mur de soutènement.
Vous disposez de 24 h après son application pour retravailler la chaux aérienne. Si vous estimez avoir caché trop de pierres, réhumidifiez votre travail et brossez vigoureusement pour creuser la surface de votre enduit.
120 kg de sable à enduire et 40 kg de chaux suffisent à restaurer 10 m de mur, pour un coût d’environ 1,5 € au m !
Que le mur ait été recouvert de plâtre, de ciment ou, comme ici, de lambris, tout rejointoiement exige un travail préalable : dégager les pierres et creuser les joints sur trois centimètres de profondeur, puis établir un état des lieux. Les particularités de la maison vont définir le traitement le plus adapté, car il obéit à des règles précises.
Seule la chaux permet à un mur en pierres naturelles de respirer vraiment. Dans le cas de murs intérieurs en contact direct avec l’humidité (caves, rez-de-chaussée...), l’enduit doit être composé de chaux hydraulique naturelle (NHL). Sa prise s’effectue au contact de l’eau. Tout autre cas requiert l’emploi de chaux aérienne (CL) qui durcit au contact de l’air.
Dans notre cas précis, le tiers inférieur, enterré, reçoit un enduit de chaux hydraulique. Les deux tiers supérieurs sont jointoyés à la chaux aérienne. La composition des deux enduits est similaire : 65 % de sable et 35 % de chaux. Ajoutez 5 % du poids global de ciment blanc. Dans ces proportions, il accélère la prise, sans pour autant dénaturer les qualités de la chaux. Lors du gâchage, la quantité d’eau ajoutée doit permettre d’obtenir une pâte moelleuse et souple.
Le choix du sable à enduire est primordial : sa teinte définit l’aspect final du rejointoiement. Le gris, ou le bleu, convient bien au granit, le calcaire se satisfait mieux de sables jaunes.
La veille, mouillez copieusement le mur bien dépoussiéré et réhumidifiez-le une heure avant de commencer. Préparez l’enduit : un seau de sable représente environ un mètre carré, soit une heure de travail. Appréciez la profondeur du retrait, permettant l’émergence des pierres, et mémorisez-la ; il faudra l’appliquer sur l’ensemble du pan de mur.
Remplissez les joints bien à plat, sans creuser autour des pierres, mais sans couvrir non plus celles qui sont vouées à ressortir. La difficulté est qu’il est impossible de talocher : seule la truelle langue-de-chat permet de travailler les niveaux. Placez-vous souvent au ras du mur pour les vérifier.
Après quelques heures de tirage (2 à 4, selon la température et l’hygrométrie), brossez l’enduit tout en conservant sa planéité, sans passer sur les pierres pour ne pas les salir. Pour une finition moins rustique, lissez ensuite avec un pinceau plat ou une éponge humide.
Le lendemain, du vinaigre d’alcool pur vous permettra de dissoudre les quelques traces de laitance de chaux, affleurant les pierres. Le séchage en surface nécessite une semaine, mais le tirage n’est complet qu’au bout de quelques mois.
Le mur en pierres était caché sous du lambris et a eu la chance de ne subir aucun dégât dû à des rénovations. Montées au sable, à la terre et à la chaux, les pierres calcaires sont tendres.
Les traces d’humidité sur les pierres sont dues à ce que le mur de soutènement est en partie enterré et que la pièce est restée longtemps sans ventilation. Il reçoit un enduit de NHL 3,5.
Dégagez toutes les pierres au burin plat ou à la pointerolle sur environ 3 cm de profondeur. Les légères fissures du mur sont mises à profit et agrandies pour y encastrer les gaines électriques.
Si nécessaire, n’hésitez pas à retailler quelques pierres pour libérer le passage des gaines. Encastrez-les en les maintenant avec quelques cailloux ou scellez-les au mortier bâtard.
Le dosage de l’enduit nécessite 3 seaux de sable, 1 seau et demi de chaux, 2 truelles de ciment blanc et de l’eau. La consistance doit être onctueuse et souple. Portez des gants solides et étanches !
À l’aide d’une truelle langue-de-chat, faites bien pénétrer le mortier dans les joints. Tassez et lissez, en affleurant le bord des pierres qui resteront en surface. Veillez à la régularité du joint.
Laissez tirer quelques heures et, avec une brosse en chiendent ou en Nylon, frottez le joint. Dosez la pression pour ne pas recreuser le mortier et évitez de passer sur les pierres.
Le lendemain, nettoyez les pierres une par une avec une petite éponge imbibée de vinaigre d’alcool cristal pur : du lait de chaux a pu s’y déposer, il blanchit
en séchant et les masquerait.