Dans la famille Louste, le père et le fils bricolent ensemble. Leur dernière réalisation ? Une extension de la maison du fils, dont les choix techniques et esthétiques font la part belle au bois.
Ils n’en sont pas à leur premier projet. Jérôme Louste, le fils, explique : "
Déjà pour la construction principale, nous avions fait un maximum de travaux nous-mêmes pour des questions de budget." Depuis, la famille a évolué : "
Nous avions besoin d’une pièce en plus." Décision est donc prise d’agrandir. Au départ, un petit projet d’une vingtaine de mètres carrés en ossature bois avec toiture plate – "
un cube". Nos lecteurs s’informent auprès de l’architecte des Bâtiments de France et comprennent vite que ce plan n’est pas recevable :
"Nous avions l’obligation de réaliser une toiture en pente en nous alignant sur celle existante", détaille Jean-Marc Louste, le père. Alors le projet se transforme : "
Des 20 m initiaux, nous sommes passés à plus du double." L’extension sera construite côté pignon et reliée au bâtiment existant par un passage. Concernant la construction, ils optent pour une "
ossature bois avec isolation renforcée, couverture en tuiles, chauffage électrique, avec possibilité d’aménager ultérieurement les combles". Mais d’abord implantation, fondation, et vide sanitaire.
- La construction à ossature bois reposera sur un vide sanitaire en blocs béton.
- Avant, l’emplacement de l’extension est matérialisé, le sol décaissé, les fondations ferraillées et coulées.
- Le vide sanitaire est construit en parpaings de 20, avec une hauteur finie de 80 cm.
- Le chaînage (fer Ø 10 mm), le coulage du béton et l’arase facilitent la pose du plancher bois.
- Des regards en plastique sont intégrés aux parois pour ventiler le plancher en sous-face.
- Une bande bitumineuse posée entre l’arase en béton et les semelles d’assise classe 3 (CL3) 24 x 145 mm, fixées à l’aide de goujons d’ancrage, permet d’éviter les remontées capillaires.
- Le chantier se poursuit par la mise en place des solives de ceinture sur une bande résiliente, de la pose des solives du plancher (sabots métalliques), et des planches d’OSB.
Ossature, caissons et outils maison
Le vide sanitaire terminé, le plancher en place, la réalisation de l’ossature et de la charpente commence. Et l’on comprend bien l’un des intérêts de construire en bois : "
Nous avons préparé l’ensemble de l’ossature pendant l’hiver, à l’abri dans le garage. Cela nous a demandé de l’organisation, mais au printemps nous étions prêts." L’hiver permet de réfléchir au montage de l’ossature et de la charpente, notamment à l’aide d’outils de levage : "
J’ai bricolé des outils et accessoires maison", explique Jean- Marc Louste. Et la liste est longue : "
Etais, lève et tire-murs, servante, équerre, échelle de toit, monte-tuiles électrique, potences, échafaudage… Mon père fait ça très bien." Notre lecteur tient aussi à fabriquer des
caissons de sous-toiture, qui assurent la finition intérieure une fois posés : "
Mon fils voulait une isolation parfaite, thermique et acoustique. Avec ces caissons et les trente centimètres de laine de bois à l’intérieur, elle l’est !"
- Dans le garage, la charpente – traditionnelle bien sûr – commence à être assemblée : "Ponçage des poutres qui resteront apparentes, assemblages à tenons et mortaises réalisés à la main, avec une scie égoïne et un ciseau de charpentier. Sans oublier la fausse équerre."
- L’ossature est réalisée avec des montants de 145 x 45 mm et des panneaux OSB qui assurent le contreventement.
- L’ensemble est assemblé, collé, vissé, pointé selon les plans.
- Nouvelle astuce : "Un outil d’espacement et une équerre facilitent la mise en place des montants."
- Les panneaux sont ensuite montés et solidarisés au plancher bois. Ils sont maintenus provisoirement à l’aide de tire-pouces.
- C’est le plus de ce chantier, la conception d’outils sur-mesure par Jean-Marc Louste. Ici, la grue faite maison permet de lever cloisons et fermes sans se fatiguer.
- "Pour la charpente, nous assemblons la première ferme que nous chevillons et boulonnons."
- Suivent les pannes : "Nous les mettons au même niveau que les arbalétriers pour éviter un vide entre ces derniers et le plafond fini."
- Pour les caissons : assemblage du cadre selon les angles de raccordement, pose du pare-vapeur, du panneau mélaminé blanc (sur lequel est pratiquée une feuillure qui recevra le joint), et remplissage en laine de bois épaisseur 20 cm. S’ensuit la pose de l’OSB 9 (cloué), d’un parepluie (agrafé) et de deux tasseaux pour le lattage (cloué).
- Les caissons de sous-toiture y sont solidarisés à la charpente : "Les angles d’assemblage étaient corrects."
- La plus grosse difficulté était le poids (120 kg). Il fallait ne pas abîmer la sous-face : "Nous les avons montés au treuil électrique, côté support de couverture, et les avons retournés sur place."
Toiture, isolation et finitions de l'extension
Le chantier avance bien, la charpente est terminée, les panneaux posés : "
Comme tout était bien préparé, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises." Les travaux de couverture, de façade et d’aménagement intérieur peuvent commencer. Pour la couverture, les tuiles utilisées sont les mêmes que celles de la maison :
"Tout se déroule convenablement. Rien de particulier si ce n’est la mise en place de tuiles de rive, le clouage d’un certain nombre de rangs pour la tenue au vent et, après traçage, la découpe à la disqueuse des tuiles d’arêtiers." Autre "formalité" : la pose du bardage extérieur.
À l’intérieur, les travaux débutent par l’
isolation des murs : 140 mm d’épaisseur de laine de bois à l’intérieur des montants de l’ossature plus 50 mm une fois la membrane d’étanchéité à l’air posée. Nos lecteurs en profitent pour passer l’ensemble du réseau électrique avant de finaliser les planchers, les parois en plaques de plâtre, l’escalier et toutes les finitions : "
Pose des luminaires, fixations de deux radiateurs électriques, aménagement de marches extérieures et finition du sol au bas des clins."
"
Nous avons prévu une ligne de vie pour nous équiper d’un harnais. L’échafaudage potence est fixé sur les montants de l’ossature et renforcé par une solive à l’intérieur. Pour le lattage, nous nous sommes basés sur la longueur du pureau de la tuile, et des traits ont été tirés au cordeau pour faciliter le travail. Les lattes sont clouées sur les chevrons des panneaux."
La couverture est une formalité : "
Il suffit de poser le closoir, qui prend appui sur les tuiles, puis de sceller les tuiles de faîtage des deux pans. Pour le faîtage, la pose se fait en partant du vent dominant pour éviter qu’il ne s’y engouffre."
Nos lecteurs ont choisi des fenêtres aluminium de qualité, "
pour garantir une totale étanchéité, certaines ayant des volets roulants intégrés. Un soin particulier est apporté à la continuité de l’isolation entre les murs et les châssis fixes des fenêtres".
- Les faux plafonds sont réalisés avec un système classique de plaques de plâtre sur rail.
- Moins classique mais fonctionnel, le lève-plaques est quant à lui fait maison.
- Isolation toujours avec une laine de bois en vrac, mise en oeuvre entre les solives du plancher d’étage.
- Là aussi, un pare-vapeur est posé : "Franchement, c’est tellement bien isolé que les deux radiateurs électriques ne fonctionnent quasiment jamais."
- Les sous-faces des débords de toit sont fixées dans la rainure de la planche de rive et clouées à l’arrière sur un tasseau.
- "Ensuite, nous installons le pare-pluie et les clins à l’horizontale, avec des pointes en Inox sur la feuillure, masquée par la rainure de la lame suivante."
Faut-il traiter les bois extérieurs ?
Faut-il traiter les bois extérieurs ? La question fait débat. Beaucoup d’architectes préfèrent les laisser à l’état naturel, donc sans entretien. Ainsi ils vont se patiner et griser dans le temps. Dans ce cas, mieux vaut choisir des bardages en mélèze ou douglas purgé d’aubier.
Autre option : lasurer ou peindre pour protéger mais aussi pour décorer. Dans ce cas, suivant la qualité des finitions et les conditions climatiques, il faudra prévoir de renouveler l’opération régulièrement, tous les 5 à 10 ans.
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