Mariant le bois massif et la terre cuite, cet appareillage très esthétique apporte l'authenticité de matériaux naturels aux teintes chaleureuses. Exactement ce que recherchait le propriétaire du lieu pour créer un coin détente à la place d'une ancienne salle de bains.
Vous aurez sans doute besoin de plusieurs paquets de carreaux : pensez à les mélanger avant la pose, afin de répartir les éventuelles différences de teinte dues à la cuisson. N’hésitez pas à faire des joints assez larges (sans exagération toutefois) : ils souligneront harmonieusement le tracé vigoureux du quadrillage en bois. Régulièrement, prenez du recul pour juger de l'effet obtenu.
Les matériaux utilisés :
Pour couvrir environ 4 m2 :
-16 ml de lames de récupération (en chêne)
- 4 sacs de sable de 40 kg : 4,65 € (122 F) Point P
- 1 sac de 50 kg de ciment : 7,02 € (46,05 F) Point P
- 1 sac de vermiculite expansée : 21,23 € (139,25 F) Point P
- 3 m2 de carrelage (Terre de France, modèle “Bourgogne“) :18,14 €/m2 (119 F) GME
- 1 sac de 25 kg de ciment spécial "joint large” (Fermajoint) : 12,06 € (79,08 F) Point P
- 1 litre de produit de traitement pour voiles de ciment : 10,19 € (66,84 F) Point P
Traditionnellement, ce revêtement se compose d'un quadrillage en bois (navettes) entourant des dalles de pierre ou de terre cuite posées sur ciment maigre : c'est la méthode, décrite ici. Laquelle permet de se jouer avec élégance de situations délicates en offrant un résultat toujours flatteur, même dans des configurations irrégulières. L’utilisation de colles spécifiques permet cependant d’envisager la pose sur une chape de finition, voire sur des panneaux d’aggloméré.
Dans le cas présent, le décor couvre un rectangle de 4 m2 environ. Les navettes, disposées symétriquement en diagonale, délimitent différentes figures géométriques (carré central, triangles, hexagones) garnies de carreaux de 20 x 20 cm. Initialement carrelée, la surface de pose a nécessité un décaissement permettant de mettre le nouveau revêtement à fleur avec un parquet existant.
Commencez par délimiter le chantier en le ceinturant avec des lames de parquet (en chêne de préférence) : neuves ou de récupération, peu importe. Les lames sont normalement aboutées par rainures et languettes. Avant de les poser, hérissez leur semelle de vis à tête cruciforme enfoncées au tiers de leur longueur.
Pour le scellement, préparez un mortier onctueux (1 vol. de ciment pour 2 de sable) et réalisez une sorte de talus de manière à situer le parement de cette ceinture au niveau du parquet environnant. Ajustez le positionnement des lames en les tapotant au maillet et contrôlez leur alignement à l'aide d'une règle de maçon. Ôtez l’excédent de mortier, qui gênerait par la suite la pose des carreaux.
Le mortier ayant durci, plantez un clou au milieu des quatre lames de ceinture et tendez deux cordeaux perpendiculaires, qui se croisent au centre de la surface. À partir de ces deux axes, vous pouvez établir l'ossature du plancher. Mais pour ce faire, il faut encore définir la taille du carré central qui conditionne les proportions du quadrillage.
À plat sur le sol, assemblez le carré à blanc (il se compose ici de neuf carreaux), puis mesurez son côté et sa diagonale majorés des joints extérieurs et intermédiaires (entre 5 et 10 mm). À l'aide d'un stylo feutre, reportez ces cotes sur les cordeaux, de part et d’autre de leur intersection, afin de délimiter un losange parfaitement centré. À partir de ces données, il est possible de réaliser un schéma qui vous donnera une idée générale de l'appareillage fini.
Le positionnement des navettes entourant le carré central, se détermine avec une règle de maçon (ou de la ficelle) placée en oblique par rapport aux lames périphériques et passant, dans chaque sens, par deux des repères tracés au feutre sur les cordeaux. Vous obtenez ainsi quatre lignes parallèles deux par deux, qui se croisent aux angles du carré : prolongez-les jusqu'aux lames de ceinture et faites-y des repères. En prenant en compte la largeur des lames utilisées, vous êtes alors en mesure de tracer le “squelette” de base du plancher et de compléter le quadrillage.
Plus grand est le soin apporté à la construction géométrique de départ, plus simple est la mise en œuvre. Préparez vos navettes en les mesurant sur place avec précision. Si le futur plancher est un rectangle parfait, les coupes d’onglet à réaliser seront toutes à 45°. Dans le cas contraire, il faudra les mesurer une à une et les reporter à l'aide d'une fausse équerre.
n Les navettes se posent de niveau comme les lames de ceinture, sur une semelle de mortier formée en talus. Pour les assembler, en biais ou à angle droit, la lamelleuse offre une solution confortable : cet outil, simple à manier, permet des ajustages précis aussi bien longitudinalement qu’en hauteur. Quand le mortier a fait sa prise, donnez un coup de ponceuse à bande pour égaliser les ajustements et, par la même occasion, débarrasser les bois de récupération de toute trace résiduelle.
L'ossature achevée, vous avez tout le temps de remplir l'un après l'autre les espaces à carreler. Établissez un premier lit de béton allégé, préparé à raison d'un volume de ciment pour trois de Vermiculite expansée (Vermex). Étalez le mortier en laissant une réserve suffisante pour une deuxième couche, de ciment maigre cette fois (1 volume de ciment pour 4 de sable). C'est sur ce lit encore frais qu'est posé le carrelage, au moyen de barbotine (ciment pur mélangé à de l’eau).
Calez les carreaux en tapotant au maillet sur une batte en bois. Servez-vous de la règle de maçon pour vérifier leurs alignement et planéité. Pour les retailler, le coupe-carreau électrique est idéal (voir fiche pratique dans ce même numéro). À défaut, employez une “carrelette” munie d'une molette en tungstène.
Après vingt-quatre heures de séchage, comblez les insertices entre carreaux avec un produit “spécial joints larges”, déposé à la truelle et étalé à la raclette en caoutchouc passée en diagonale. Nettoyez ensuite à l’eau claire, en insistant sur les parties en bois.
Après séchage, appliquez une solution acide pour enlever la laitance du ciment et rincez à nouveau. Ultime opération, les bois sont poncés (et bien dépoussiérés) avant de recevoir, ainsi que les joints, une cire chauffée au décapeur thermique puis lustrée.
Pour modifier la distribution du logement, des cloisons ont été abattues. Ce qui a conduit à faire voisiner le parquet de la pièce principale avec le “vilain“ carrelage de l'ancienne salle de bains.
Le vieux carrelage supprimé, des lames de ceinture sont mises en place puis reliées par deux cordeaux perpendiculaires. On peut ainsi préparer le tracé du quadrillage, à partir d'un carré central que l’on devine ici.
Une semelle de ciment d’environ 5 cm d’épaisseur compense les irrégularités de l’assise. Ôtez l'excédent au droit des lames. Aux intersections, faites des repères pour assurer le bon positionnement des navettes.
Munie de son guide de coupe d'onglet, une scie circulaire montée à poste fixe facilite le débit des bois avec toute la précision requise. Utilisez un poussoir, et n'oubliez pas le protecteur de lame !
Simple à régler, la lamelleuse permet d'assembler les navettes au plus juste. Elle autorise un certain jeu longitudinal des rainures, tout en garantissant une précision rigoureuse en hauteur.
Les chevilles plates viennent se loger dans des rainures aux extrémités arrondies et qui doivent se trouver en vis-à-vis. Elles sont collées d’ordinaire mais grâce au scellement, c’est inutile ici.
Avant scellement, les lames sont hérissées en sous-face de vis disposées en quinconce.
L'assemblage des lames est aisé : toutefois, s’il vous faut insister, pensez à intercaler un martyr pour protéger le bois.
La semelle de mortier peut indifféremment être établie avant la mise en place des navettes, ou en bourrant dessous après coup comme dans le cas présent. Laissez “tirer” un peu avant d’éliminer l’excédent.
Pour les habitations en étages, l’emploi d’un béton allégé est tout indiqué car il évite de créer des surcharges ponctuelles. La Vermiculite se prête bien à cet usage, tout comme les billes de polystyrène.
Le quadrillage terminé délimite un certain nombre d'espaces géométriques à carreler l'un après l'autre. Cela vous permet de travailler à votre rythme, en fonction de vos disponibilités.
Afin de compenser l'épaisseur du carrelage, ménagez une réserve suffisante lors du coulage de la couche de béton allégé.
Le mortier ayant fait sa prise, passez la ponceuse à bande sur la totalité des bois pour égaliser les jonctions et, en même temps, éliminer les traces qui subsistent : vieux vernis, colle, peinture…
Si la surface de départ est régulière, les coupes des carreaux seront toutes à 45° quelle que soit la figure géométrique à remplir. Avec le coupe-carreau électrique, cet exercice est presque un jeu d’enfant.
Une dernière couche de ciment maigre est étalée avant collage, et nivelée en se guidant sur les navettes. Le mélange doit être juste humide : veillez à ne pas le tasser ce qui compliquerait la pose du carrelage.
Pour coller les carreaux, on utilise traditionnellement de la barbotine. Ce mélange de ciment pur et d’eau est versé liquide et “en allant” sur le ciment maigre encore frais, au fur et à mesure de la pose.
Sur des surfaces aussi réduites, le carrelage peut s'appareiller sans règle, “à l’œil”. Les risques de dérives sont limités, les éventuelles petites imperfections apportant la touche du fait main.
Les joints sont remplis avec un produit spécialement adapté à leur forte largeur, que l'on étale avec une raclette en caoutchouc passée en diagonale. La surface est ensuite nettoyée à l'éponge humide.
Le soin apporté à la géométrie d'ensemble trouve sa récompense sous la forme d’une répartition harmonieuse des surfaces carrelées, soulignées d'un trait boisé vigoureux.
Après séchage des joints, appliquez une solution acide du commerce pour faire disparaître les traces de laitance du ciment. Puis rincez abondamment.
Dernière étape : nourrissez généreusement le bois et les joints avec une cire naturelle, incolore. Vous pouvez la chauffer au décapeur thermique (réglé au minimum) pour bien la faire pénétrer. Lustrez ensuite.