Symbole des années 1950, le cyclomoteur, plus connu sous le nom de Mobylette, a toujours ses adeptes. C’est le cas de Serge Kaufman, féru de mécanique et de bonnes affaires, qui a restauré un modèle légendaire acheté 50 euros !
La cinquantaine dynamique, Serge Kaufman est un passionné de mécanique. Il a restauré des dizaines de cyclomoteurs, dont de nombreuses Mobylette.
« J’ai commencé vers l’âge de 14 ans. Nous habitions en face de l’usine où travaillait mon père. Beaucoup d’ouvriers y venaient en Mobylette. Lorsqu’ils avaient un problème mécanique, ils me demandaient d’y jeter un œil. C’est ainsi que j’ai appris à bien connaître cette machine. » Devenu mécanicien, Serge Kaufman a découvert plus tard les plaisirs de la moto :
« J’ai fait des courses sur circuit, mais en indépendant cela me coûtait très cher. Je me suis donc lancé dans les compétitions et j’ai commencé à collectionner les “mobs”. Pour assouvir cette passion, assure-t- il,
je n’avais qu’une solution : restaurer mes machines. »
Serge Kaufman a déniché à bon prix chez Emmaus cette Mobylette datant de 1960. Après une inspection sévère, la machine va être conduite à l’atelier où elle sera démontée et restaurée.
Posée sur l’établi de son vaste atelier, la « mob » est inspectée minutieusement. Serge commence par démonter les roues. Puis il « tombera » le moteur pour le restaurer en totalité.
Simple à réaliser, le démontage du moteur peut, en revanche, nécessiter plus de temps si l’ensemble est « pris » dans la rouille. Un chalumeau est alors bien utile… Mais attention : il faut chauffer modérément.
La courroie doit aussi être remplacée. Cet accessoire sert de « changement de vitesses » (le variateur de la « mob »). Sa rupture arrête l’engin immédiatement… sauf dans une descente !
La rouille a causé bien des dégâts au moteur. Il faudra changer piston et segments.
Gros plan sur la bielle lors du remontage. Le moteur a été parfaitement nettoyé même si l’on aperçoit encore un peu de rouille superficielle sur le vilebrequin.
Bien choisir le deux-roues
Le premier critère de sélection d’une « mob », appelée aussi « meule », reste donc le prix d’achat. « Il ne doit pas dépasser 50 €, assure Serge Kaufman. À ce prix, il est fort possible que le moteur soit bloqué, ce qui n’est pas un souci.
Mais l’engin doit tout de même être complet. » L’étape suivante consiste à démonter entièrement la machine.
Si le moteur est bloqué, il suffit de l’ouvrir, de conserver le bloc-moteur et de changer le vilebrequin, le piston et les segments. Les roues peuvent aussi avoir mal « vieilli ».
Là encore, deux possibilités : les remplacer en totalité ou démonter et changer seulement les pièces endommagées. C’est souvent le cas des roulements à billes des axes de roues.
On en trouve facilement à des prix raisonnables dans des magasins de cycles ou sur Internet : « certains sites de petites annonces en ligne sont une mine pour les passionnés comme moi ! ». Si les jantes sont piquées, il est possible de les sabler et de les rechromer (pour un travail impeccable, mieux vaut solliciter un chromeur).
Un ou plusieurs rayons cassés peuvent être facilement remplacés pour quelques euros.
« Roues, chaînes, courroies, selles… Toutes les pièces détachées se trouvent facilement d’occasion, en bon état et à des prix raisonnables sur la toile. Inutile de dépenser plus de 300 €. »
Serge Kaufman est aussi capable d’usiner une pièce. Il est ici à la commande de son tour (qu’il utilise en général pour réparer des motos anciennes), non pour travailler sur une
« meule » dont la mécanique est bien plus simple…
Le moteur de la mobylette était coincé. Serge redoutait le pire et il ne s’est pas trompé : la bille, le vilebrequin et le piston sont à changer. C’est en utilisant un chalumeau que notre « fou de mob » est parvenu à l’ouvrir.
Avant de remonter le moteur, Serge le fait tourner dans le vide pour vérifier que rien ne vient gêner son bon fonctionnement.
Le moteur va être refermé, un travail qui nécessite soin et patience. Serge n’a pas utilisé des pièces neuves mais un vilebrequin et une bielle de récupération. Si un moteur de
« mob » peut paraître simple, il n’en reste pas moins une mécanique de précision…
Pour remplacer un ou plusieurs rayons cassés, il suffi t de monter la roue sur un axe et de tendre tous les rayons de la même façon. Une opération délicate : équilibrer une roue peut exiger plusieurs heures de travail lorsqu’on débute…
Après sablage du cadre (parties grises), Serge applique une couche d’apprêt qui sera poncée avec un papier abrasif très fi n (grain 600) pour obtenir une surface parfaite. Ce n’est qu’après ces étapes que la mobylette pourra recevoir une peinture orange, identique à celle d’origine.
Il arrive souvent que les roulements à billes des roues soient hors service. Ils sont donc changés puis graissés avec un produit facilement disponible dans les rayons motoculture ou cycles des grandes surfaces.
Le moteur est refait à neuf. Avec un outil (appelé « comparateur »), Serge vérifie la course du piston avant de remonter la culasse. Une opération qui exige de connaître les caractéristiques de la machine.
Remontage et mise en peinture
Une fois les pièces changées et le moteur en fonctionnement, il faut envisager le remontage. Si le cadre a été repeint, par exemple, comme cela était à la mode dans les années 70-80, mieux vaut opter pour un sablage.
Il mettra le cadre à nu et fera ressortir les éventuels défauts structuraux.
Si l’on découvre un vrai vice à cette occasion (cadre ressoudé, réservoir percé et rebouché…), il est préférable de changer l’élément détérioré (là encore, disponible sur Internet moyennant quelques dizaines d’euros). Si le cadre se révèle sain, la mise en peinture peut débuter.
Elle comporte plusieurs étapes à effectuer avec soin, car l’aspect général de la machine en dépend : « On applique d’abord une couche de primaire que l’on ponce avec du papier à l’eau très fi n. Il est souvent nécessaire de passer plusieurs couches et de renouveler l’opération de ponçage jusqu’à obtenir un état de surface parfait. »
À ce stade, la mise en peinture définitive peut se dérouler sans surprise.
Le cadre et les garde-boue sont peints, le montage peut commencer…
Le cadre de la machine est sain. Il est donc conservé et sera au choix poncé ou sablé. Si la première solution ne coûte rien, en revanche, le résultat est moins précis qu’avec le sablage qui fait ressortir le moindre défaut.
BON À SAVOIR : UN PEU D’HISTOIRE
Devenu un nom générique pour désigner un cyclomoteur, « Mobylette » est à l’origine une marque déposée par Motobécane (devenu MBK lors du rachat par Yamaha en 1986). Le constructeur présente le premier cyclomoteur produit au monde au salon de Paris en 1949. Le véhicule évolue au fil du temps et la célèbre « Bleue » (couleur d’origine) fait le bonheur des ados des années 1970. De nombreux industriels, dont Peugeot et Honda, copient la mobylette. Les moins jeunes se souviennent peut-être des Malagutti, Laverda et autres Flandria pétaradant dans les rues ! La dernière « mob » sort de l’usine de Saint- Quentin (Aisne) fin 2002. En 53 ans, plus de 30 millions de ces deux-roues ont circulé dans le monde.
Première sortie avec l’engin flambant neuf !
[
]