Connaissez-vous le «majillou »? C’est, en patois corrézien, le nom donné aux coffres à sel utilisés comme banquette près de la cheminée. Exemple avec une réalisation en bois de récupération.
Niveau : Débutant
Coût : 20 Euros (hors matériaux de récupération)
Temps : 3 jours
Equipement : scies (circulaire et sauteuse), perceuse avec mèches à bois (Ø 2,5 et 8 mm), marteau, rabot à main, plane, chalumeau avec brûloir, clef plate de 13
Déjà remarqué pour sa « table monastère » publié dans le numéro 742 de Système D, Grégory Quéré récidive cette fois avec un coffre librement inspiré d’un modèle traditionnel. Ce meuble d’appoint est ici construit avec les restes d’un ancien plancher en châtaignier. Sa quincaillerie est également de récupération : deux vieilles pentures de volets, deux gonds, et un anneau servant de poignée. Seuls les boulons, les clous et les produits de finition (lasure pour le bois et vernis à métaux pour la quincaillerie) ont été achetés en magasin. D’où un prix de revient dérisoire !
Le nombre d’éléments composant une telle réalisation est des plus restreints : deux côtés verticaux intégrant les pieds, une face avant, un dos, un fond, et un couvercle. Les planches composant chaque élément sont simplement juxtaposées, sans bouvetage ni collage.
Les côtés, sur lesquels repose tout l’assemblage, ont une forme spécifique. Leurs deux coins inférieurs sont taillés en forme de pieds arrondis et séparés par une échancrure semi-circulaire. Au-dessus des pieds, les chants s’évasent vers le sommet. À noter toutefois que cet évasement est plus important à l’avant qu’à l’arrière : il s’agit là d’une tradition des coffres corréziens.
Exclusivement cloué, l’assemblage suppose l’adjonction de quelques tasseaux. en deux parties, chaque côté comporte ainsi deux renforts : un au sommet et un autre juste sous le fond, auquel il sert de support. Clouées de part et d’autre des côtés, les planches de la face et du dos n’ont pas besoin de tels renforts. Les extrémités du couvercle sont assemblées par deux traverses, complétées par un renfort central tiré d’une planche de dosse biseautée sur l’avant. Les pentures, fixées sous le couvercle avec des boulons TRCC participent également à la rigidité du couvercle ; leurs gonds sont boulonnés à l’extérieur du dos.
Aucun corroyage n’est requis. D’autant que, même après un sérieux brossage, le risque reste grand de rencontrer clous, sable et autres matières funestes pour le tranchant des lames. L’outillage de coupe se résume donc à une scie circulaire (équipée d’une lame déjà fatiguée), une scie sauteuse (ses lames sont peu coûteuses), une plane, un ciseau et un rabot (aisément affûtables en cas de souci).
Les pieds sont découpés selon un schéma sommaire inspiré de la maie originale. Toutes les autres pièces sont débitées à la demande au fur et à mesure de l’avancement du travail, la seule cote à connaître étant la longueur du coffre. Le nombre de planches utilisées pour chaque élément importe peu, et rien ne leur impose une forme rectangulaire (seul le panneau résultant doit
l’être). Pour éviter des éclatements au clouage, des avant-trous de Ø 2,5 mm sont percés par précaution. de 40 ou 50 mm de longselon les cas, les pointes sont clouées environ tous les 50 mm.
L’ordre de montage suit une logique simple. Les côtés sont assemblés par leur renfort supérieur, puis mis en forme. Ils sont ensuite reliés par la face et le dos, cloués sur leurs chants. Les renforts inférieurs des côtés sont ajoutés ; le fond est ajusté entre la face avant et le dos en chanfreinant ses chants, puis cloué par l’extérieur. Les chants supérieurs du dos et de la face sont chanfreinés pour les aligner sur le chant supérieur des côtés. Le couvercle est assemblé par ses deux traverses et le renfort central, également chanfreiné.
Le montage de l’ensemble terminé, les arêtes saillantes sont sommairement abattues au rabot à main. La quincaillerie de récupération est nettoyée et déposée le temps de colorer au chalumeau le coffre sans le brûler en profondeur. Avant le passage d’une lasure, le bois est simplement brossé sans le poncer pour conserver les marques de sciage. Seule concession à la modernité, quatre patins en feutre sont cloués sous les pieds pour protéger le sol des rayures.
Les pieds sont fabriqués dans de courtes planches, assemblées avant découpe par un renfort supérieur en bois. Toutes les planches sont soigneusement brossées avant utilisation.
Les côtés sont découpés à la scie sauteuse, renfort inclus. Pour obtenir deux pièces symétriques, le plus simple est d’en fabriquer une, puis de reporter son contour au crayon sur la seconde.
Les planches du dos et de la face sont clouées sur le chant des côtés. préalablement coupées à longueur, elles sont ajustées en fonction de la hauteur des joues latérales.
Pour dégrossir le chant supérieur et l’aligner avec le dessus des côtés, une vieille serpe bien affûtée fait l’affaire, même si c’est moins pratique à tenir qu’une « plane » (outil de menuisier).
Les planches du fond du coffre sont à leur tour taillées à dimension à la demande, et installées en place. Posées en appui sur leurs supports, elles sont clouées aux quatre parois par l’extérieur.
Des zones dégradées demandent à être éliminées. Les planches sont retaillées en fonction des besoins mais aussi de leur état. Le respect des irrégularités renforce le caractère rustique.
Très visible, le couvercle est particulièrement concerné par ces irrégularités. Bois nerveux, le châtaignier comporte même des fentes. Les pièces sont bridées aux renforts le temps de les clouer.
Les arêtes vives du plateau et des chants supérieurs du dos et de la face sont abattues au rabot à main. S’agissant de finitions, une « plane » aurait également convenu pour ce travail.
Les ferrures de récupération ont besoin d’un bon nettoyage, voire d’un dérouillage. Les gonds n’ont pas la même provenance, une modification du diamètre de l’œil est donc nécessaire.
Les pentures placées sur la face inférieure du couvercle servent de gabarit de perçage des trous des boulons. Elles sont ensuite provisoirement boulonnées pour installer les gonds.
Pour patiner le coffre et souligner le veinage du châtaignier, le bois est très prudemment brûlé au chalumeau avec une lance de désherbage, puis frotté avec une brosse dure en nylon.
Le meuble reçoit deux couches de lasure chêne moyen, sans aucun ponçage préalable. Passées au feu, brossées et traitées au vernis pour métaux, les ferrures sont ensuite remontées.