Quatre planches assemblées à plat pour une planche à découper grand format : le projet paraît simple. Sa réussite dépend de la qualité du travail d’assemblage. Suivez le guide !
Niveau : Confirmé
Coût : 15 Euros
Temps : une demi-journée
Équipement : combiné à bois, défonceuse, ponceuse orbitale.
La fabrication d’une planche à découper est l’occasion de s’essayer aux assemblages à plat sans grandes contraintes de précision. La réalisation de notre lecteur David Seyller est de belle taille : 40 x 80 cm pour une épaisseur de 32 mm. L’essence choisie est le hêtre, l’un des bois autorisés pour le contact alimentaire. Notre lecteur a utilisé du bois brut, mais il est possible de se servir de bois achetés en magasin de bricolage.
Cette planche à découper est composée de deux pièces principales (repère A et B). Assemblées chant contre chant, elles sont reliées à leurs extrémités par deux alèses (emboîtures, repère C et D). L’assemblage chant contre chant s’effectue par entures multiples et celui des alèses par bouvetage (rainure et languette). Toutes les pièces sont collées à la colle polyuréthane. Pour rester le plus neutre possible d’un point de vue alimentaire, aucun produit de finition n’est appliqué.
● L’assemblage collé des alèses paraît néanmoins risqué. Les bois ne travaillent pas tous dans le même sens : le collage risque de lâcher, ou le bois de se fendre. Or ces alèses ne sont pas nécessaires. S’il faut rigidifier le plateau, il vaut mieux rainurer transversalement la sous-face pour y emboîter des clés à queue-d’aronde.
Pour parer à tout risque de tuilage (déformation) des pièces, il est préférable de choisir du bois sur quartier (cernes de croissances perpendiculaires aux faces), plus stable. Par contre, les débits sur dosse sont susceptibles de se déformer. Les nœuds sont à éviter : s’il y a des lacunes dans le bois, les déchets alimentaires peuvent s’y accumuler.
● Le bois est dégauchi sur une face et un chant puis passé à la raboteuse pour obtenir les cotes voulues. Avec une raboteuse de capacité inférieure à celle utilisée ici, la partie centrale de la planche sera fabriquée en trois ou quatre éléments au lieu de deux.
Régler la toupie pour l’assemblage à entures multiples est délicat. L’idéal est que l’épaisseur du bois soit égale à un nombre entier de dents ou de demi-dents de l’outil. Avec des épaisseurs intermédiaires, il subsiste à la jonction des pièces une fine languette de bois qui a tendance à se briser.
● La toupie est pointée pour que l’arête supérieure de la pièce coïncide précisément soit avec la pointe d’une dent, soit avec le fond du creux se trouvant entre deux dents. La joue de sortie de la toupie est légèrement avancée par rapport à celle d’entrée. Le tout est réglé pour que l’outil prenne un peu plus de bois que la profondeur des dents. Il dresse ainsi parfaitement le chant en même temps qu’il en profile l’assemblage. Peu gourmand en bois, l’usinage est effectué en une passe. Un parement des pièces doit être tourné côté table.
● Pour usiner le chant de la seconde pièce, l’outil est remonté d’une demi-dent. Mieux vaut éviter de toucher au réglage de l’arbre : il est préférable d‘insérer une ou des rondelles sous la molette pour obtenir le décalage souhaité (une rondelle adéquate est souvent fournie avec l’outil).
Le bouvetage (rainure et languette) est usiné sur les pièces séparées, en veillant à tourner le parement des pièces vers la table de machine pour éviter des décalages. Un chariot de toupie est indispensable pour travailler en bout des deux pièces principales. Le pointage de la toupie avec ce type d’outil est beaucoup plus facile qu’avec l’outil à entures multiples.
● Les collages à la colle polyuréthane requièrent deux serre-joints de 50 cm et deux de 1 m. Les arêtes de la planche sont arrondies en quart-de-rond à la défonceuse et la surface est poncée.
Comme on le voit sur les photos, la raboteuse-dégauchisseuse Pallas n’a pas de pont protecteur. La toupie Kity est d’une série équipée de caches et de presseurs et la scie (Kity également) est munie d’un couteau-diviseur et d’une cape.
Tous les équipements de protection ont été pratiquement enlevés. Ce qu’il ne faut pas faire : utilisez les machines avec toutes leurs protections.
En cas d’accident, les blessures peuvent être graves. Pour respecter les normes, il faudrait utiliser des outils de toupie avec contrefers si le travail du bois est manuel, ou installer un entraîneur.
Les quatre morceaux à découper sont tirés d’un plateau avivé en hêtre brut, acheté à la scierie en dépareillé (un scieur n’entame pas une bille pour un seul plateau).
Les ébauches des pièces sont repérées sur le plateau, puis débitées à la scie circulaire portative. Trois tronçons sont préparés : un pour chaque élément central, un pour les deux alèses.
Les ébauches étant courtes, le dégauchissage ne pose aucun problème sur une machine bien réglée. La procédure est usuelle : une face (la plus concave) et un chant sont dégauchis.
L’autre face est dressée dans la raboteuse. Le rabotage du second chant suppose une machine d’assez forte capacité et demande une attention à la stabilité des pièces, étroites pour leur hauteur.
L’usinage des entures demande un pointage rigoureux de la toupie pour que les deux pièces se raccordent ensuite précisément (faces dans un même plan) et sans risques d’éclats à la jonction.
Faute de chariot, notre lecteur recoupe ses pièces au guide d’onglet, en butée contre le guide parallèle. Attention à cette méthode peu commode : risque de brûlure du bois, blocage de la scie, voire rejet.
Le réglage des outils de bouvetage (rainure pour les emboîtures, languette pour le corps de la planche) est plus facile que celui des entures. Il est important de veiller à l’équerrage du chariot.
Une fois les emboîtures recoupées, la planche peut être définitivement assemblée et collée. La colle utilisée est de type polyuréthane, résistante à l’eau et a priori sans risque sanitaire.
Le pourtour de la planche est arrondi à la défonceuse avec une fraise à quart-de-rond. Un dressage préalable des côtés peut être utile pour aligner les emboîtures avec le corps de la planche.
La surface est poncée mécaniquement jusqu’au grain 120. Inutile d’aller au-delà : à l’usage, les lavages feront toujours remonter du grain. L’entretien régulier se fait ensuite au racloir.