Un manche brisé n’est pas une raison pour tout jeter à la poubelle, surtout s’il s’agit d’un outil de qualité. Toutefois, si l’on trouve dans le commerce des accessoires de remplacement, l’emmanchement diffère notablement de celui d’une bêche classique. Voici comment procéder.
● L’opération de brûlage doit être rapide, pour ne pas trop agrandir le trou. Sinon, la soie flottera dans son logement et la fourche aura tôt fait de se détacher.
● Choisissez un manche en frêne “droit de fil”, car c’est un bois nerveux et souple. Et pour éviter de le casser, n’exercez pas de flexion brutale lorsque la fourche est fichée en terre. Dans le même ordre d’idée, ne l’utilisez pas pour déraciner un arbre.
Également appelé fourche à bêcher, cet outil est très pratique pour œuvrer dans les terrains caillouteux. Cela, grâce à ses dents forgées, de section triangulaire, qui favorisent la pénétration dans la terre.
● Le manche, courbe, reçoit à sa base la soie (ou queue) de la fourche qui présente une section rectangulaire. Il est renforcé à cet endroit par un fourreau métallique, appelée férule. Vu les efforts exercés en court de travail, c’est au niveau de la courbure que la cassure se produit le plus souvent. Ici, le choc a en même temps plié les pattes de renfort qui prolongent la férule, la rendant irrécupérable. Il faut donc la changer aussi…
Avant toute chose, procurez-vous un manche adapté ainsi qu’une férule et sa douille (vendues en kit sous blister, dans les jardineries, notamment). Il vous faut également un étau pour maintenir les pièces lors des opérations de démontage et remontage. Pour commencer, coincez-y la fourche et frappez à la massette sur la douille de la férule afin de sortir la soie du manche cassé.
● Ensuite, serrez le nouveau manche incliné dans l’étau pour le percer axialement. Ceci, avec une mèche Ø10 mm sur une profondeur légèrement supérieure à la longueur de la soie. Petite difficulté, celle-ci ayant une section rectangulaire, son logement doit correspondre.
● Agissez latéralement sur la perceuse pour obtenir un trou oblong. Puis replacez la fourche dans l’étau afin de chauffer la soie au chalumeau (ou à
la lampe à souder), sans atteindre le rouge. D’un geste rapide, enfilez aussitôt le manche dessus en poussant. Le bois étant chauffé par le métal brûlant, le trou prend alors la forme de la soie. Veillez à bien orienter le galbe du manche et arrêtez de pousser lorsqu’il reste 3 cm environ de soie à l’extérieur. À ce moment, retirez le manche pour laisser refroidir le métal.
● Serrez une nouvelle fois le manche (obliquement, comme précédemment) pour l’équiper de la férule neuve puis la douille, qui se place en bout. Elle est percée d’une empreinte rectangulaire pour laisser passer la soie. Enfoncez cette dernière à coups de marteau donnés entre les dents de la fourche. Pour finir de la placer, vous pouvez frapper le pommeau du manche contre un mur.
● Les deux pattes de renfort de la fé- rule sont percées d’origine pour la solidariser au manche. Assurez la fixation avec deux petites vis à tête fraisée Ø3x16 mm. Le manche est déjà poncé, mais vous pouvez passer un abrasif à grain fin avant de lui appliquer une finition protectrice. Ici, une imprégnation d’huile de lin diluée à part égale à de l’essence de térébenthine. Enfin, une couche d’antirouille rouge agricole redonnera à la fourche l’aspect du neuf.
Lors de la cassure du manche, les pattes de renfort de la férule se sont pliées sous le choc. Frappez franchement à la massette, au niveau de la douille, pour désolidariser la soie du manche.
Bloquez le nouveau dans l’étau, en l’inclinant pour le percer en bout avec une mèche Ø10 mm. Déplacez la perceuse de droite à gauche pour ovaliser le trou et préparer le passage de la soie.
À l’aide d’un chalumeau à gaz butane ou propane, chauffez la soie sans la porter au rouge car il y aurait un risque de détrempe. La température de chauffe doit permettre le brûlage du bois.
La courbure du manche étant bien orientée par rapport à la fourche, poussez-le rapidement sur la soie en stoppant à 3 cm environ du talon de l’outil. Retirez-le aussitôt, et laissez refroidir.
Présentez la férule à l’extrémité du manche et enfoncez-la à fond. Placez ensuite la douille qui doit coiffer le bout en faisant coïncider son évidement rectangulaire avec le trou mis en forme.
Engagez la soie dans son logement et frappez avec un marteau entre les dents, jusqu’à ce que le talon de la fourche touche la douille. Aucune autre fixation n’est prévue pour maintenir la soie.
En revanche, il est nécessaire de fixer la férule au manche par deux petites vis à tête fraisée situées à l’extrémité des pattes de renfort: l’une au-dessus, l’autre en dessous du manche.
Après ponçage à l’abrasif fin, traitez le manche à l’huile de lin diluée à de l’essence de térébenthine. Puis passez sur la fourche deux couches d’antirouille rouge agricole ou d’un autre ton.