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Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ?

L’air est parfois plus pollué dans nos logements qu’à l’extérieur. Mobilier, matériaux… émettent des composés nocifs pour la santé. Il suffit pourtant de changer quelques mauvaises habitudes pour mieux respirer.

Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? La pollution due à l’industrie et aux gaz d’échappement fauche des dizaines de milliers de vies chaque année en France*. Mais qu’en est-il de l’air que l’on respire à l’intérieur ? Selon une étude américaine publiée dans la très sérieuse revue Science en février 2018, l'air serait dix fois plus pollué à l'intérieur des habitations à l’extérieur !

* Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Rapport 2017 sur la qualité de l’air faisant état de plus de 500.000 morts par an liées à la pollution de l’air en Europe, dont 45.840 en France.

Le logement, un nid à polluants

Nous passons 80% de notre temps à l’intérieur, où l’atmosphère est cinq à sept fois plus polluée qu’à l’extérieur selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (Oqai).
Depuis les chocs pétroliers des années 1970, l’obligation de rendre les logements peu énergivores n’a cessé de se renforcer. Du coup, de mieux en mieux isolés, ils sont de plus en plus étanches à l’air, et de plus en plus pollués non seulement par l’air extérieur, mais aussi par les activités humaines. Le fait de décorer, meubler, faire le ménage, diffuser de bonnes odeurs… dissémine des composés organiques volatils (COV) tels que le formaldéhyde, les solvants organiques, les éthers de glycol, les hydrocarbures, etc.
  • L’avis de l’expert*
"Les substances toxiques occasionnent maux de tête, allergies, cancers… Les particules fines augmentent les risques de crises cardiaques et d’AVC… La qualité de l’air intérieur est primordiale, en particulier pour les enfants qui inhalent deux fois plus d’air que les adultes, tout en éliminant moins bien ces substances. En bannissant de la maison les produits parfumés et en aérant beaucoup, on améliore la santé de tous."

* Suzanne Déoux, médecin, experte en ingénierie de santé dans le bâtiment, fondatrice de Médieco.

Les différentes sources de pollution dans un logement

Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ?
  1. Un chauffage mal réglé (radiateurs, chaudière…) peut dégager du monoxyde de carbone. Les occupants sont aussi source de pollution : le tabac dégage des particules fines, les poils des animaux domestiques engendrent des allergies, comme les pollens des végétaux (sans parler des pesticides).
  2. Les acariens, particulièrement présents dans la literie et les moquettes, sont une source de pollution importante entraînant des allergies, notamment à cause de leurs déjections. Le bois traité des meubles, leurs colles, les revêtements muraux et de sol, les isolants émettent des COV* qui seraient cancérigènes.
  3. Une ventilation mal réglée et un manque d’aération quotidienne entraînent humidité et moisissures, donc des gênes respiratoires… Les produits ménagers et parfums d’ambiance sont à choisir avec soin. Leurs composants dont les gaz aérosols restent en suspension dans l’air.
  4. L’électroménager, tel que lave-linge et sèche-linge, peut engendrer humidité et occasionner des moisissures. Les déchets contenus dans la poubelle produisent des gaz en se décomposant. Les graisses contenues dans les fumées de cuisson émettent quant à elles des particules fines…
  5. Les produits de bricolage et d’entretien génèrent des COV* plus ou moins dangereux pour la santé (solvants, hydrocarbures…). Les échappements des véhicules à moteur produisent du monoxyde de carbone et d’azote, du CO2.

* Composés organiques volatils.

Comment lutter contre l’humidité

Il est cependant difficile de mesurer l’impact de la qualité de l’air sur la santé : tous les polluants que l’on inhale sont aux mieux irritants et au pire cancérigènes.
Toutefois, pour lutter contre l’humidité et les condensations, le principe de ventilation générale et permanente se généralise dans les logements neufs sous l’influence de deux arrêtés (1982 et 1983) qui fixent des exigences de débit d’air extrait minimum en m/h pour chacune des pièces humides et quel que soit le type de ventilation, en fonction du nombre de pièces de l’habitation.
Pour les biens construits avant 1969, il n’existe aucune obligation. Mais ceux loués doivent respecter les normes de décence : une ventilation simple flux avec des bouches d’entrée d’air dans les chambres et le séjour, et des bouches d’extraction d’air dans toutes les pièces qui disposent d’un point d’eau sont un minimum.
Pourtant, rien que dans les maisons neuves qui tombent sous le coup de la réglementation, une ventilation sur deux ne fonctionne pas. En outre, ces équipements sont souvent peu entretenus alors qu’ils doivent être nettoyés tous les trimestres, des filtres aux gaines en passant par les bouches d’entrée et les sorties d’air. Et tous les trois ans, il faut les faire vérifier par un professionnel. Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? Gimm Menuiseries propose une fenêtre en PVC intégrant une ventilation basse consommation (2 W). Ce système tout en un évacue humidité, CO2, COV et odeurs 24 h/24 h pour un niveau sonore de 30 dB(A). Le déclenchement est automatique en vitesse 2 dès l’entrée d’une personne dans la pièce équipée (cuisine, W.-C.).

Utiliser des produits et des matériaux plus sains

Ventilation mise à part, une nouvelle préoccupation est également apparue dans le bâtiment : la dégradation de l’air intérieur par les émanations issues de matériaux de construction, d’isolation, de finition ou de décoration. En 2013, la France est devenue le premier pays au monde à instaurer un étiquetage obligatoire. Ce dernier indique le niveau d’émissions en polluants volatils par une "classe" allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). Seul problème, cet affichage ne concerne que dix molécules sur une centaine de COV nuisibles pour la santé.
Mais cette démarche a eu le bénéfice de pousser les industriels à revoir leur copie en matière d’émission de polluants dans l’air. Ainsi, les laines de verre se sont débarrassées de leur principal point faible en adoptant des liants très peu émissifs qui sont même devenus "biosourcés"» chez certains fabricants. Les fabricants de peinture ont sorti les solvants des pots. Le formaldéhyde contenu dans les linoléums – ce qui est naturel n’est pas forcément sain – est désormais bloqué par un film polyuréthane. Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? Les laines minérales sans formaldéhyde et sans phénol préservent la qualité de l’air intérieur. Elles sont fabriquées à partir de matières minérales, de verre recyclé et d’un liant 100% biosourcé issu des industries sucrières et céréalières. Certains industriels vont jusqu’à proposer des produits aux propriétés "dépolluantes" : peintures, enduits et même vitrificateurs. Leur efficacité est prouvée en laboratoire mais plus difficilement dans les conditions réelles d’une pièce. Sachant que le moyen le plus simple pour améliorer la qualité de l’air intérieur reste l’ouverture quotidienne des fenêtres ! Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? Bon nombre de plaques de plâtre et complexes de doublage intègrent un principe actif qui, selon les fabricants, capte les polluants et les convertit par réaction chimique en composés "inertes". Des tests ont été réalisés en laboratoire et les résultats promettent une réduction de 80% de formaldéhyde contenu dans l’air.

Les gestes de bon sens pour diminuer la présence de polluants

Dans toute la maison

  • On aère tous les jours, même en hiver.
  • On contrôle ses appareils de chauffage et chauffe-eau au gaz tous les ans.
  • Pour chauffer au bois, on choisit les appareils estampillés Flamme Verte, éligibles en plus au Crédit d’impôt transition énergétique (CITE).
  • On nettoie avec des produits sans parfum. Les additifs pour bonnes odeurs peuvent être des perturbateurs endocriniens, allergisants ou irritants.
  • On proscrit les lingettes, toxiques, les huiles essentielles aux composants irritants, les désodorisants et sprays de toute nature.
  • On ne brûle ni cigarettes, ni encens, ni bougies parfumées.

Dans la chambre

  • On ouvre son lit tous les matins pour se débarrasser de la chaleur, de l’humidité et des squames humaines, nourriture des acariens.
  • On évite la moquette et les tapis, qui peuvent devenir leur résidence secondaire après le matelas.
  • Et pour les éradiquer, les draps sont changés toutes les semaines et lavés à 60°C.

Dans la cuisine

  • Bons petits plats riment avec fenêtre ouverte ou hotte aspirante en bon fonctionnement pour évacuer les polluants et la vapeur d’eau émis lors de la cuisson.
  • Les technologies électriques évitent les émissions de polluants liés à la combustion du gaz.

Dans la salle de bains

  • En présence de vapeur d’eau, on aère afin d’éviter l’apparition de moisissures sur les joints, les murs, le plafond…
  • Si la pièce est sans fenêtre, la bouche d’extraction d’air doit fonctionner correctement.

Les revêtements à privilégier pour un intérieur plus sain

Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? Seule l’étiquette A+ des produits et matériaux est à privilégier.

Côté sols

  • Le revêtement le moins polluant reste le carrelage. Le PVC n’émet pas de formaldéhyde. Le parquet verni en usine, peut être classé A+. Cette finition est moins émissive qu’un traitement à l’huile. Et si la moquette est très faiblement émissive, elle présente l’inconvénient d’être perméable aux émissions de la colle.
  • Si on ne peut pas opter pour une mise en œuvre clipsée des revêtements de sol, on se tourne encore une fois vers des produits de collage A+ avec le label Emicode EC1 Plus.

Côté murs

  • On exclut les peintures en phases solvantées. On aère largement la pièce et on attend trois jours a minima, et plusieurs mois pour les nouveau-nés (même si les peintures sont étiquetées A+, les tests d’émissions des COV ont été réalisés sur 28 jours seulement…). Sachant que les peintures mates contiennent moins de COV que les satinées, que les moins polluantes sont les minérales à base de silicate, et que celles dites naturelles, bio ou vertes, restent un mélange de produits chimiques émetteurs de COV.
  • Pour le tissu mural, on préfère la pose tendue.
Information sur les produits (notamment les isolants) : www.inies.fr Pollution intérieure : comment assainir lair chez soi ? Il existe aujourd’hui des peintures assainissantes, certifiées Écolabel Européen, qui captent les molécules de formaldéhyde. Disponibles en finitions mate, velours et satinée, elles s’appliquent sur plaques de plâtre, plâtres et boiseries.

Des labels pour promouvoir les produits moins nocifs

Tapis et moquettes
GUT et Écolabel pour de faibles émissions de COV, substances cancérogènes, et odeurs.

Primaires, ragréages, colles et vernis
Emicode EC1 Plus garantit l’absence de substances cancérogènes et mutagènes et limite les émissions de COV.

Tissus muraux et toiles de verre
OEko-Tex 100 interdit pesticides, cancérogènes et allergisants, métaux lourds…

Papiers peints
RAL-Tapeten pour une faible teneur en métaux lourds, formaldéhyde, COV et l’interdiction de certains plastifiants.

Peintures, vernis, laques et enduits
NaturePlus pour des produits respectueux de l’environnement et aux exigences sanitaires accrues face aux émissions de COV totaux, formaldéhyde, substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), terpènes et composés organiques semi-volatils (COSV).
Écolabel Européen englobe le cycle de vie du produit, les teneurs en COV et COSV… mais n’informe pas sur les émissions de COV totaux et de formaldéhyde.

Pour aller plus loin

  • Plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur (3 plan national santé environnement) à consulter sur le site du ministère de l’Écologie : www.ecologique-solidaire.gouv.fr/qualite-lair-interieur
  • "Guide de la pollution de l’air intérieur", de l’INPES : http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1187.pdf
  • "Guide grand air de l’Ademe" : www.ademe.fr/sites/default/files/ assets/documents/guide_grand_air.pdf

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