De mieux en mieux isolés, nos logements sont aussi plus étanches à l’air… Ils doivent donc être ventilés efficacement pour garantir un apport d’air neuf indispensable et maintenir un taux d’humidité acceptable.
Matériel nécessaire
LEXIQUE :
• Détalonner : retirer de 1 à 2 cm au bas d’une porte de communication ; soit pour faciliter le passage de l’air vers une autre pièce ; soit pour favoriser le renouvellement du volume clos par la porte. Dans les deux cas, la circulation d’air s’effectue par « balayage ».
• Humidité relative (HR) : pourcentage d’eau contenu dans l’air. Il est toujours indiqué pour une température donnée (exemple : de 40 à 65 % entre 21 et 26 °C), car il augmente à mesure que la température diminue.
• Puits canadien : capteur géothermique constitué d’une conduite de 20 à 25 m de long, Ø 180 à 300 mm enfouie entre 1,50 et 2,50 m de profondeur. Par une circulation d’air permanente, elle récupère de la chaleur en hiver et de la fraîcheur en été (à la manière d’un puits provençal), car elle tire parti de la stabilité de la température du terrain.
Autrefois, l’extraction d’air des logements s’effectuait assez simplement. Seules les cuisines et salles de bains étaient équipées d’orifices débouchant à l’extérieur pour accélérer le renouvellement naturel de l’air. Avec la première crise pétrolière et la nécessité de réduire la facture énergétique, les logements ont commencé à être mieux isolés et, surtout, dotés de menuiseries plus étanches. Il n’a donc plus été possible d’ignorer la question de la ventilation, au moins dans le neuf.
Ainsi sont apparues, au début des années 1980, les premières ventilations mécaniques contrôlées (VMC). Leur principe est de
permettre un renouvellement d’air permanent à faible débit.
La VMC : indispensable dans le neuf
Encore largement majoritaire dans le neuf,
la VMC classique est à simple flux et centralisée : son groupe extracteur, généralement installé dans les combles, est relié à plusieurs gaines. Les unes plongent vers la cuisine, la salle de bains et les toilettes d’où l’air vicié est aspiré, tandis qu’une gaine de refoulement débouche en toiture. L’air neuf arrive quant à lui de façon statique, via des entrées installées en façade des chambres et du séjour. La circulation d’air des pièces à vivre vers les pièces humides (cuisine comprise) est rendue possible sous les portes détalonnées (
voir lexique).
Novateur lors de son introduction, ce type de VMC n’en comporte pas moins plusieurs limites.
Il est incompatible avec la rénovation légère (ou pièce par pièce), est incapable de traiter une élévation du taux d’humidité relative (voir lexique) et ne tient que très peu compte des besoins des occupants du logement. Ajoutons à cela un certain gaspillage en hiver, puisque les calories de l’air intérieur sont envoyées à l’extérieur…
Ces points faibles ont toutefois donné lieu à plusieurs évolutions, notamment l’introduction de bouches d’extraction hygroréglables (VMC hygro A) : une réponse aux fortes variations hygrométriques des pièces humides.
Avec des bouches hygroréglables installées en lieu et place des entrées d’air classiques, on dispose d’une VMC Hygro B qui est donc également capable de moduler son fonctionnement à partir des besoins des pièces principales. Mais dans les deux cas, les calories de l’air intérieur s’enfuient à l’extérieur.
Plus performante : la VMC à double flux
Reste la VMC à double flux. Elle aspire l’air neuf à partir d’un orifice unique situé en toiture (ou en pignon) et le transfère vers chacune des pièces principales (voir schéma ci-dessous).
De là, l’air circule jusqu’aux pièces techniques (cuisine incluse) où il est aspiré comme avec une VMC à simple flux. Mais avant d’être expulsé, il transite par un échangeur qu’emprunte également l’air neuf. L’un et l’autre restent bien séparés, mais les calories de l’air refoulé servent à réchauffer l’air neuf. C’est le gros atout du double flux qui peut parfois fonctionner aussi avec l’apport d’un puits canadien (voir lexique ci-dessus) ou d’une résistance électrique.
La généralisation de la VMC n’a pas pour autant provoqué la disparition de la ventilation autonome : les hottes aspirantes sont toujours là, au même titre que les extracteurs indépendants.
La réglementation sur le renouvellement de l’air
Dans tout logement, la ventilation est obligatoire depuis 1982*. L’air doit entrer par les pièces principales et sortir par les pièces techniques.
Avec une ventilation naturelle, les débits extraits doivent au moins atteindre les valeurs suivantes (en m3/h) :
* Arrêté ministériel du 24/3/82 modifié le 28/10/1983.
En revanche, lorsque l’aération est assurée par un dispositif mécanique qui module automatiquement le renouvellement d’air du logement, les débits définis par le tableau ci-dessus peuvent être réduits (arrêté ministériel du 28/10/83). On doit alors obtenir les valeurs totales suivantes (en m3/h).
** Simple flux
L’avis de l’expert*
« Bien souvent encore, la ventilation n’est pas perçue comme un élément important… Le bâtiment respire, mais ce sont ses occupants qui ont besoin d’un air sain, débarrassé des allergènes et polluants. Cela, grâce à des filtres mais aussi à des gaines plus étanches, et traitées pour éviter aux poussières et bactéries de s’y accumuler. »
* Christophe Dolain, responsable ventilation individuelle à Aldes.
Comment ventiler en rénovation ?
Selon qu’une rénovation affecte l’ensemble d’une maison ou bien seulement un étage, voire une seule pièce (le séjour ou la salle de bains par exemple), les travaux obéissent à des logiques très différentes…
Tout comme les options à envisager pour la ventilation. Lors d’une rénovation totale, on peut ainsi prévoir sereinement la pose d’une ventilation centralisée, y compris à double flux si le budget le permet.
En revanche, même réduite au simple flux, l’option centralisée est difficilement compatible avec une rénovation partielle à cause des gaines à passer un peu partout. Il faut pour cela que certaines conditions soient réunies : disposer de faux plafonds accessibles ou habiter une maison dont toutes les pièces sont au même niveau et surmontées par des combles non aménagés ou aménageables… Les gaines (Ø 80 mm pour les salles de bains et toilettes, Ø 125 mm pour la cuisine) peuvent alors transiter librement dans ce volume et atteindre les pièces techniques en traversant leur plafond.
Parfois, il est également possible d’installer un caisson compact dans le volume habitable (au plafond ou dans un placard) ou bien hors de ce dernier (dans un garage ou une annexe accolée). Mais cela ne résout pas la question du transit de l’air vers les pièces techniques…
Lorsque la mise en oeuvre de ces gaines est impossible (rénovation partielle), il reste la possibilité d’opter pour des appareils indépendants : insufflation seule ou extraction seule (à fonctionnement ponctuel ou permanent) si les menuiseries restent d’origine (ou si l’on ajoute des entrées d’air dans les pièces principales).
En revanche, lorsque toutes les menuiseries sont étanches, on peut installer plusieurs appareils autonomes d’insufflation et extraction.
Une VMC à double flux autonome
Une VMC à double flux autonome peut être incorporée sans gros travaux ni impact significatif sur la décoration intérieure…
Et lorsqu’un seul appareil ne suffit pas, plusieurs peuvent être installés dans un grand volume.
Une VMC à double flux performante
Une VMC à double flux performante est aujourd’hui capable de récupérer jusqu’à 96 % des calories contenues dans l’air extrait ; soit d’après son fabricant, près de 20 % d’économies sur une facture annuelle de chauffage.
Outre un haut rendement (jusqu’à 92 % de chaleur récupérée dans l’air extrait), certaines VMC à double flux sont capables de détecter le taux de CO
2 et d’humidité de l’air intérieur afin d’ajuster leur fonctionnement en conséquence.
Même chose pour la température, avec basculement automatique vers le mode été ou hors gel.
Un appartement ancien peut lui aussi recevoir une VMC à double flux : dans les volumes habités ou bien sur le palier. L’air vicié et l’air neuf transitent par une seule grille de façade. Des bouches d’insufflation à longue portée permettent de réduire la longueur des gaines et évitent la pose de faux plafonds dans les pièces principales.
Compte tenu des difficultés d’implanter une VMC dans certains combles, la solution peut passer par un caisson compact (L 38,5 x l. 24 x ép. 13,5 cm). Ou bien par une version conçue pour prendre place aux niveaux inférieurs, dans les volumes habités.
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