Machine d’une grande simplicité, le touret est presque indispensable pour qui doit entretenir des outils tranchants. Soit la quasi-totalité des bricoleurs !
Dans sa forme la plus simple, le touret à meuler se résume à un moteur à deux sorties d’arbre posé sur une embase, chaque sortie portant une meule enfermée dans un carter de protection équipé d’un porte-outil et d’un écran. Une version à peine plus complexe inclue un réducteur de vitesse, permettant à l’une des meules de tourner lentement dans un bac à eau. Les modèles les plus sophistiqués peuvent recevoir de nombreux gabarits facilitant l’affûtage complexe d’outils tels que les gouges de tournage, mais aussi celui des accessoires ménagers. La majorité de ces appareils, y compris les derniers, sont aujourd’hui produits en grande série en Asie. Mais attention à la qualité !
Pour un usage ponctuel, un modèle à meules de 125 mm suffit, à condition d’éviter ceux d’une puissance inférieure à 250 W : ils « bloquent » à la moindre sollicitation. Pour un usage plus intense, optez pour un modèle à meules de 150, voire 200 ou 250 mm, dont les moteurs sont plus conséquents.
Comme les abrasifs, les meules existent en différents grains. Celles livrées d’origine sont souvent utiles pour façonner le métal surtout dans les premiers prix. Elles sont trop rustiques pour l’affûtage.
Changer une meule est aisé : après dépose du carter latéral, il suffit de dévisser le boulon de l’axe pour extraire la meule et ses flasques. Attention : sur le côté gauche, le filetage est inversé !
Lors de l’installation ou en cas d’usure irrégulière, dressez la meule. Utilisez l’outil spécifique guidé contre le porte-outil pour lui donner une surface parallèle à l’axe de rotation.
L’aménagement à poste fixe idéal et peu encombrant : le touret peut être boulonné sur une planchette ancrée au mur par deux équerres. Au préalable, des essais de calage en hauteur sont recommandés pour déterminer la position de travail la plus confortable. Si la place manque, le touret supporte une installation intermittente. En service, son support est bridé par une paire de serre-joints. Ou, mieux, immobilisé dans la presse d’établi par un tasseau vissé sous la planchette.
Les principaux usages du touret sont le façonnage des métaux et l’affûtage des outils. Le façonnage permet notamment de travailler les chants des tôles brutes de découpe. Mieux vaut éviter de travailler l’aluminium, le cuivre et les alliages tendres : ils encrassent la meule. S’il n’est pas possible de faire autrement, un dressage superficiel de la meule est ensuite presque inévitable. Le touret à deux meules rapides est un outil de simple dégrossissage pour une utilisation en affûtage.
Il faut constamment veiller à ne pas détremper le métal en le surchauffant. Si les outils de tournage sur bois peuvent être utilisés bruts de meule, les ciseaux, gouges et fers de rabots ne sauraient s’en satisfaire. Les tourets mixtes qui combinent une meule rapide (2 800 trs/min) et une meule à eau lente (100 à 120 trs/min) améliorent nettement la situation (une finition à la pierre à affûter fine reste toutefois nécessaire), avec cependant une forte réserve sur la qualité des meules de premiers prix. Nul besoin a contrario de meule à eau pour affûter les outils de tour à métaux. Il suffit que l’angle de coupe soit strictement réglé et que l’outil soit guidé de préférence avec un gabarit.
Le touret permet de façonner ou de rectifier de petites pièces de métal en évitant le travail à la lime, un art délicat que les apprentis ajusteurs passaient autrefois des heures à apprendre.
La mise en forme des fers de rabots et de ciseaux est aisée sur un touret équipé d’une meule adéquate. Les gouges de sculpture et de tournage demandent davantage de maîtrise.
Le touret mixte meule sèche/meule à eau est mieux adapté à l’affûtage que celui à deux meules sèches. Il se trouve facilement pour un peu plus cher ; il est préférable de remplacer les meules d’origine.
Le touret peut recevoir des brosses (métalliques ou autres), et des feutres de polissage et de lustrage. Ces accessoires facilitent la finition des métaux et le lustrage de petites pièces en bois verni.
Un professionnel confirmé peut affûter à la volée, sans porte-outil. Pour les autres, le travail à la semi-volée, avec un point d’appui, est bien plus accessible, même si elle demande un peu d’entraînement. Pour usiner les pièces métalliques, une plus grande surface de travail que celle du porte-outil d’origine est souvent pratique.
Les porte-outils équipant de série les tourets sont souvent trop petits et trop souples. au détriment de la précision de l’affûtage. Et le réglage d’inclinaison est souvent aléatoire.
Les tourets présentant ce défaut peuvent recevoir un porte-outil indépendant une fois correctement positionnés, tous seront plus précis que celui d’origine. il en existe de plus ou moins sophistiqués et onéreux.
Alternative économique : fabriquer son propre support d’affûtage. Les plus habiles sauront le fabriquer en métal, mais une fabrication en contreplaqué peut suffire.
Pour ceux qui rechignent à l’apprentissage, certains fabricants ont développé une vaste gamme de guides et gabarits permettant d’affûter avec précision et sans maîtrise particulière toutes sortes d’outil, et d’accessoires ménagers tels que couteaux et ciseaux (en particulier, le suédois Tormek, pionnier du domaine aujourd’hui fréquemment plagié). La base est un touret lent combinant une meule à eau de haute qualité et un cuir à démorfiler rotatif. Avec un tel équipement (hélas onéreux) ciseaux à bois et fers de rabots peuvent presque se passer de finition à la pierre.
Avec un touret équipé de gabarits, affûter devient un jeu d’enfant. Contrepartie : ces dispositifs ne permettent pas plus d’apprendre à affûter que les roulettes stabilisatrices à faire du vélo !
Les guides pour fers de « rabo-dégau » et de toupie font de ces tourets sophistiqués le complément idéal d’un combiné à bois plus précis, l’affûtage périodique par un professionnel reste nécessaire.
Le touret n’est pas dangereux tant que les meules restent protégées dans leurs carters : sans eux, un éclatement de meule – heureusement très rare – serait lourd de conséquences. Mais les yeux doivent être protégés des étincelles résultant du meulage. De même les lunettes de vue : les minuscules gouttes de métal en fusion se fondent irrémédiablement dans les verres. Porter des lunettes de sécurité en plus de l’écran de protection n’est donc pas un luxe, d’autant que ce dernier finit par s’opacifier, ce qui incite à le retirer. Le port de gants pour usiner de petites pièces métalliques souvent coupantes est également recommandé.