Si les techniques de jardinage les plus traditionnelles restent toujours d’actualité et ne vieillissent pas, il n’en est pas de même des produits que nous utilisons. Dans la vidéo ci-dessous, tournée en 2010 dans un jardin de Vendée, je nettoie les mousses et les lichens qui recouvrent les rameaux d’un figuier et des arbres fruitiers du jardin. Puis je pulvérise un produit de traitement d’hiver sur les arbres fruitiers (voir dans l’article une actualisation des produits en fonction de la législation).
Après avoir traité, je taille ensuite diverses plantes abîmées par le gel, notamment un Brachyglottis ‘Sunshine’ (séneçon en arbre), un romarin rampant et un Beschorneria yuccoides qui sont des espèces sensibles au froid. Je continue la remise en forme du jardin en décompactant le sol d’un massif (béquillage à la fourche bêche), puis j’incorpore au sol un engrais naturel à base de neem, un produit qui n’est plus autorisé dans les jardins aujourd’hui (voir mes préconisations actuelles dans l’article ci-dessous).
Mousses et lichens ne parasitent pas les arbres et les arbustes sur lesquels ils se développent (ils vivent en épiphytes). Ils n’empêchent pas l’écorce de jouer son rôle protecteur et ils ne pénètrent pas dans les tissus de l’arbre (tel le gui) pour puiser de la sève dans les vaisseaux ou les cellules vivantes.
Le développement de mousse et/ou de lichen sur les arbres se produit dans les régions à la forte hygrométrie et s’observe surtout sur les parties les moins exposées au soleil. Il est généralement signe d’une sénescence, mais également d’une bonne qualité de l’air, ces végétaux primitifs ne supportant pas la pollution. C’est aussi une alerte indiquant un début de dépérissement.
Mousse et lichen constituent des abris précieux pour les formes hivernantes d’insectes et les spores de champignons microscopiques vecteurs de maladies cryptogamiques qui se dissimulent dans les anfractuosités de l’écorce.
Frottez les écorces tendres avec une brosse en chiendent, en paille de riz ou en plastique semi-rigide. Pour les troncs crevassés, la brosse métallique s’avère plus efficace. Profitez de ce travail pour éliminer les bois morts.
Du fait des contraintes de la législation, il n’existe plus de préparation anti-mousse et lichen à pulvériser sur les arbres. Tout le travail doit être effectué manuellement.
• Le bon conseil de MiouMiou : ne soyez pas tenté d’utiliser du sulfate de fer pour le nettoyage des branches et des troncs. Ce produit aux propriétés anti-mousse doit être réservé exclusivement pour la destruction des mousses dans les gazons. Appliqué sur les arbres, il brûlerait les bourgeons.
Faisant partie des dérivés du pétrole (substance pourtant d’origine naturelle), l’huile de paraffine et l’huile de vaseline (appelées aussi huiles minérales) sont encore autorisées chez quelques rares préparations en tant que produits de traitements pour les jardins (mais la plupart ont disparu des rayons des jardineries depuis fin 2015), alors qu’elles ont été longtemps préconisées en agriculture biologique !
On trouve surtout aujourd’hui pour cet usage de l’huile de colza. Ce produit d’origine végétale possède de réelles propriétés insecticides. Il élimine les œufs, larves et adultes de nombreux insectes hivernants et d’acariens. Sans classement toxicologique pour l’homme et l’environnement, l’huile de colza insecticide s’utilise sur les arbres fruitiers, la vigne, les arbres et arbustes d’ornement, le rosiers.
• Une réflexion écologique à prendre en compte : qu’ils hivernent sous forme de larves ou d’adultes, les insectes en dormance constituent une précieuse source alimentaire pour les oiseux du jardin. On peut donc se poser la question sur la légitimité d’appliquer un traitement d’hiver de manière systématique sur les arbres du jardin.
Consistant à éliminer les débris de toutes sortes qui jonchent le sol en cette saison, ce travail fait partie des interventions d’entretien courant du jardin. Il faut aussi éliminer, avec le râteau ou le balai à gazon) les turricules (déjections de vers de terre) que l’on trouve en abondance. Riches en matière organique, on les disperse à la surface du sol et elles participent ainsi à sa fertilité.
Profitez de l’opération de nettoyage pour tailler les organes gelés. Ils sont reconnaissables à leur aspect flétri, voire pourri. Si la plante semble entièrement détruite, vérifiez s’il en est de même de sa souche (consistance molle, pas de bourgeons apparents) et au besoin arrachez-la. Si des parties vivantes sont présentes, conservez-les soigneusement et nettoyez bien tout autour.
Le piétinement inévitable lors de la taille et des travaux d’entretien tasse la terre en surface. Dans les sols lourds (argileux), cela produit un effet de compactage qui rend le terrain encore plus asphyxiant. Un béquillage (bêchage superficiel) à la fourche bêche ou à l’aide d’une rotogriffe permet d’aérer la couche arable sans abîmer les racines. Ce travail peut aussi être l’occasion d’enfouir du fumier en granulés ou un amendement organique parfaitement décomposé. L’opération peut être complétée par un apport d’engrais.
Dans la vidéo proposée en début d’article, j’ai utilisé un engrais à base de neem. Extrait de l’arbre asiatique Azadirachta indica ou margousier (famille des Meliaceae), le neem possède des propriétés insecticides dues entre autres à l’azadirachtine (C35H14O16), un mélange de plusieurs isomères. Ce produit est très utilisé en Inde, y compris pour des applications médicinales. Dans ce pays, il sert aussi d’engrais sous forme de tourteau issu de l’amande du fruit.
Des engrais à base de neem ont été commercialisés à une certaine époque dans notre pays. Toutefois, depuis avril 2011, la législation est la suivante : « en France, aucun produit phytopharmaceutique, ni aucune matière fertilisante à base d’huile de neem ou d’azadirachtine n’est actuellement autorisé, quel que soit l’usage qui pourrait en être fait. La mise sur le marché de produits à base d’huile de neem constitue donc une infraction et est passible de suites judiciaires. »
On doit cette situation au fait qu’aucune demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour un produit à base d’azadirachtine n’a été déposée auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Ceci fait que l’usage de l’huile de neem à but insecticide est interdite en France car tous les produits doivent bénéficier d’une homologation attestant l’absence de risque ; homologation garantie par l’évaluation d’un dossier déposé à l’Anses.
De ce fait, les produits à base d’huile ou de de tourteau de neem ne sont plus en vente dans les circuits de distribution classiques. En revanche, cette substance est autorisée par la Commission européenne depuis la même année et utilisée par 15 pays de l’Union !
Les engrais naturels vendus aujourd’hui dans le commerce sont fabriqués à base de diverses matières animales et végétales : sang desséché, corne broyée, algues, guano d’oiseaux marins et de chauve-souris, farine de plumes, fientes de volailles, protéines animales, laine de moutons, poudre d’arêtes de poissons, vinasse de betterave, lithothamne (maërl), pulpes, tourteaux et purins végétaux, fumiers, etc.