Avec son allure de mas provençal, cette maison toute récente offre un mélange étonnant d’architecture traditionnelle et de matériaux actuels.
Une maison de pays centenaire : telle est l’impression du visiteur qui croise cette bâtisse établie près de l’église de La Touche, petit village de la Drôme provençale. Avec ses façades percées d’étroites ouvertures et ses toitures coiffées de tuiles canal, elle évoque les fermes à cour close de la région... "
Il ne s’agit pas d’une démarche passéiste, explique l’entrepreneur Jean-Marc Barreau.
En associant savoir-faire ancestraux et matériaux actuels, nous voulions montrer qu’il est possible de construire une maison fonctionnelle, saine, agréable à vivre et parfaitement intégrée au paysage."
Plan du projet
Les trois corps de bâtiment principaux offrent 212 m² de surface utile dont 108 m² habitables.
Le corps central de la maison accueille la pièce à vivre : un vaste salon-séjour-cuisine dénué de cloisons à l’esprit contemporain et à l’âme provençale. Les chambres sont aménagées aux extrémités pour plus de confort et d’intimité.
Fidèle à l’esprit méditerranéen, le corps d’habitation en U entoure un patio qui réconcilie vie dehors et intimité.
L’habitation centrale est flanquée à chaque extrémité d’une « dépendance » : à l’est, les pièces techniques à l’arrière (atelier, garage, cave) et une chambre et sa salle d’eau (A) ; à l’ouest, l’arrière-cuisine, une chambre et une grande salle de bains (B). Un autre corps de bâtiment (C) s’étire sur toute la largeur de la parcelle et délimite une cour ainsi qu’un petit jardin.
Il abrite une remise-atelier, un coin repas couvert et le garage.
À la perpendiculaire, deux murs bordent le jardin.
Une conception moderne
Les murs sont construits en
brique Monomur. Grâce à son inertie thermique, cette brique procure une bonne isolation et un "climat intérieur équilibré" (faible écart de température jour/nuit). Elle permet à la maison de rester fraîche lors des surchauffes estivales, les murs jouant le rôle d’amortisseur des écarts de température. L’hiver, la température reste stable grâce à l’effet d’accumulation, ce qui évite les à-coups de chauffage.
Autre intérêt de cette brique : elle permet de construire en une seule opération des murs porteurs isolants, ce qui rend inutile une isolation rapportée.
Des briques adaptées au site
Compte tenu de la spécificité du chantier, deux formats ont été utilisés ici. Des briques carrées de 37,5 cm d’épaisseur sur 25 cm de côté (18,4 kg l’unité, 16 briques/m²) constituent les murs du corps d’habitation (façade est et ouest donnant sur le jardin). Bénéficiant d’une isolation performante (R = 2,9 m².K/W), ces murs sont tout simplement enduits à la chaux.
Le second modèle de briques mesure 20 cm d’épaisseur (x 50 cm x 20 cm, 6,6 blocs/m²). Habillées d’un parement en pierres calcaires de 30 cm d’épaisseur (carrière d’Ezahuts), elles concernent les murs extérieurs des bâtiments accolés à l’habitation et de la dépendance qui borde le jardin. Ce choix de format moins performant (R = 0,8 m2.K/W) est compensé par l’épaisseur de la pierre qui renforce l’inertie thermique. Il s’explique aussi par la fonction secondaire de ces bâtiments (pièces techniques et de nuit) et le moindre coût du produit (environ 30 €/m² contre 80 €/m² en 37,5 cm d’épaisseur).
La toiture de la maison rurale
Les toitures des quatre bâtiments reposent sur des charpentes en bois rond (sapin). À faible pente, elles sont constituées de fermes traditionnelles (arbalétrier, poinçon et entrait) recouvertes de pannes et d’un voligeage (planches de 27 mm d’épaisseur).
En complément, un écran de sous-toiture souple et respirant est posé sur toute la surface ("Delta Fol" de Doerken). Il protège la volige de la pluie en phase chantier, puis d’éventuelles infiltrations (vent, neige) pendant la vie du bâtiment. Comme les tuiles sont exposées aux vents violents, l’entrepreneur a scellé celles de "couvert" ("tuiles de dessus") avec un cordon de mortier (1 vol. de chaux, 3 vol. de sable). Plus contraignante qu’une pose classique, cette mise en œuvre empêche tout mouvement des tuiles et participe à l’inertie des toitures.
À noter que le chantier a été réalisé avec des
éléments de récupération ou de fabrication artisanale pour les plus apparentes ou "tuiles de couvert", et des tuiles de "pays" (Terreal) pour les tuiles de "courant", moins visibles, qui assurent l’écoulement de l’eau. Ainsi, les toits offrent-ils une belle patine et une parfaite étanchéité.
Mêler l’ancien et le moderne
Maçonnerie traditionnelle, enduits à la chaux grasse, badigeon, escaliers sur voûte sarrasine, escalier en pierre de taille, pose de terres cuites, ouvrage en pierre sèche… Depuis 1984, l’entreprise Barreau-Biensans bâtit les maisons avec les matériaux les plus adaptés au style régional : pierres et tuiles de récupération, chaux et plâtre, bois de scieries locales, éco-matériaux (briques Monomur, laine de chanvre et chanvre en vrac, ouate de cellulose, etc.). Spécialistes de l’architecture traditionnelle, les fondateurs n’en sont pas moins passionnés par l’habitat contemporain pourvu qu’il s’intègre au style régional et relève d’une démarche d’éco-construction. Une combinaison des techniques ancestrales et actuelles des plus réussies !
- Les murs des bâtiments annexes sont montés en briques Monomur, associées à une maçonnerie traditionnelle.
- Les parements calcaires (pierres d’Ezahuts) sont posés à joints décalés au fur et à mesure de l’élévation des rangs de briques.
- Les joints horizontaux des briques sont réalisés avec un cadre de pose qui facilite leur régularité.
- D’un rang à l’autre, ils sont décalés pour éviter tout alignement qui fragiliserait les murs.
- Le chantier à mi-parcours.
- On distingue les murs en briques Monomur (au centre) et ceux en briques, habillés de pierres (à droite).
- Les murs qui relient les bâtiments et clôturent le jardin sont réalisés en maçonnerie traditionnelle. Les moellons sont montés les uns sur les autres pour obtenir des joints fins.
- Sur la façade arrière, l’habitation se compose de trois corps de bâtiment.
- Avec son étage, le corps central domine l’ensemble et donne son caractère à la bâtisse.
- La cour intérieure vue depuis les toits.
- Exposées à des vents violents, les tuiles sont scellées au mortier de chaux avant d’y placer les tuiles de "couvert".
- Au fond du terrain, l’annexe s’étire sur toute la largeur de la parcelle.
- Habillée de maçonnerie traditionnelle, elle délimite la cour arborée et fleurie.
- Ouvert sur le jardin, le séjour-cuisine, couronné d’un plafond à poutres et solives apparentes, évoque l’âme provençale : murs badigeonnés, cheminée dotée d’un four à pain et sol en dalles de pierre.
- L’escalier construit sur voûte sarrasine conduit à l’étage du corps central.
- Ses attributs : marches en pierre de taille, contremarches en plâtre et murs passés au lait de chaux.
- Millésimée et sculptée, la porte d’entrée est associée à un vantail vitré.
- La clarté qu’il procure compense la rareté des ouvertures de la façade est.
5 pas à pas à découvrir
- Rénover des volets en bois
- Installer un poêle à bois
- Poser des tuiles canal : les règles de base
- Choisir son enduit de façade
- Choisir des matériaux préfabriqués pour bâtir et rénover
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