Quand la lumière fait défaut, les briques de verre prennent la relève. Édifiée dans un cadre en bois, cette séparation en arc de cercle éclaire superbement le vestibule qui baignait dans la pénombre. Un travail de pro à la hauteur des compétences de l’installateur.
Nombre de logements souffrent d’un manque de luminosité : les halls obscurs en sont un exemple flagrant. Pour y remédier, la brique de verre est parfaitement adaptée à la situation. C’est l’option retenue dans cet appartement pour séparer le coin salle à manger, équipée d’une fenêtre, de l’entrée trop sombre. La cloison capte une partie de la lumière naturelle pour éclairer le vestibule, sa forme cintrée renforçant l’esthétique générale.
Il existe différents systèmes de cloisons en briques de verre, d’un montage plus ou moins complexe. Réalisations qui, pour certaines, ne sont pas à la portée du premier venu et requièrent, comme celle-ci, l’intervention d’un professionnel.
Pour schématiser, la solution choisie consiste à monter les briques de verre à l’intérieur d’un cadre en bois spécialement profilé en U (système “Steckfix”, développé par la société Saverbat). Les espacements sont réglés par des entretoises en polyamide (appelées “combi-clips” intercalaires). Placées sur des raidisseurs verticaux, en acier plat galvanisé, elles garantissent la résistance de l’ensemble. Les briques de verre, chacune munie d’un clip posé librement, sont assemblées entre elles par un joint de mastic transparent aux silicones.
En bois reconstitué, le cadre est réalisé en atelier à l’aide d’une machine à commande numérique pour les traverses courbes. Tout est calculé en amont selon la taille des briques de verre (190 x 190 x 80 mm), l’épaisseur des clips (3 mm) et , bien entendu, le dimensionnement de la cloison. Dans le cas présent, elle mesure 2,50 m de hauteur pour un développé courbe de 3 m. Les cotes intérieures des profilés de bois dépendent également de tous ces paramètres.
La largeur visible du bâti est déterminée en fonction de l’aspect visuel recherché. Après découpe, les éléments de bois sont assemblés par collage : en tout deux montants et deux traverses (ou lisses) cintrées, basse et haute. À noter, la hauteur de la lisse supérieure est de 40 mm pour une rainure (ou profondeur de profilé) de 18 à 22 mm. La lisse inférieure présente une hauteur visible de 131 mm pour une rainure de 25 mm. On joue sur cette traverse, avec des empilements de contreplaqué, pour régler la profondeur de la rainure en fonction du nombre de briques et de clips intercalaires, sans jamais dépasser 25 mm.
L’assemblage du cadre s’effectue sur place à deux personnes, en deux étapes simultanées. Le premier intervenant prépare les raidisseurs verticaux, sur lesquels sont disposés les clips intercalaires. Munis de ces pièces, les raidisseurs viendront s’interposer entre les colonnes de briques de verre. Pendant ce temps, la seconde personne positionne et fixe le cadre en bois conformément aux plans. Les montants sont collé-vissés aux traverses courbes.
Une fois le cadre fixé à la maçonnerie, le montage de la cloison peut commencer. Les raidisseurs sont emboîtés verticalement dans les traverses basse et haute, les deux premiers positionnés librement le long des deux montants de la structure. Dès que les premiers raidisseurs sont installés, les briques de verre, elles aussi pourvues d’un clip, sont disposées à la verticale. Avant la mise en place, il est nécessaire de s’assurer que les bords de chaque brique sont exempts de salissures, de peinture…
L’appareillage s’opère simultanément de bas en haut et des deux côtés opposés de la cloison, pour se terminer au centre. Les clips, disposés au préalable sur les raidisseurs, sont ajustés en les faisant glisser de manière à les situer à l’intersection des briques. Rien n’interdit toutefois de travailler à l’horizontale par rangées successives.
L’insertion de la dernière brique se fait obligatoirement sur la colonne centrale, donc au milieu de la dernière rangée. Les briques n’étant pas totalement d’équerre, leur alignement reste aléatoire. On peut alors les faire pivoter d’un quart de tour pour trouver le bon alignement. Par ailleurs, il n’est pas inutile de prévoir dans l’agencement de la structure 2 à 3 mm supplémentaires pour permettre une mise en place légèrement en force et conserver une légère élasticité. Dans tous les cas, tant que la cloison n’est pas jointée, elle reste libre. Ceci facilite la répartition et l’alignement des éléments au moment du réglage final.
L’application du mastic aux silicones est l’opération la plus complexe, l’intersection entre les joints verticaux et horizontaux étant, quant à elle, particulièrement délicate. La solution : travailler par portion de vingt-cinq intersections délimitées à l’avance. Le temps nécessaire pour jointoyer chaque zone ainsi définie correspond à peu près à la durée nécessaire au mastic pour “faire sa peau”, avant d’être lissé. Dans tous les cas, l’application débute par le bas du panneau afin d’éviter que le liquide de lissage ne coule sur les joints non encore réalisés.
Le mastic est déposé entre les briques et à la périphérie du cadre sur une profondeur d’au moins 5 mm. La difficulté est d’obtenir un joint constant malgré les clips et les intersections. Les reprises entre deux portions ne sont jamais réalisés sur une intersection mais toujours au milieu de la première brique de la portion suivante, à l’endroit où le joint est le moins épais.
Pour ôter les excédents de mastic et calibrer le joint, le fabricant préconise une spatule Néoprène. Une autre technique, préférée ici, consiste à utiliser l’envers de la cartouche. Une fois arasés, les joints sont lissés avec le doigt notamment dans les intersections. Pas moins de quatre jours sont nécessaires jusqu’au complet séchage. Passé ce délai, l’ensemble est solidarisé et la cloison totalement homogène. Une opération qui s’apparente au collage d’un aquarium.
Les joues des lisses sont réalisées avec trois couches de contreplaqué extérieur de 5 mm, collées entre elles. Ce type d’assemblage permet d’obtenir la courbure désirée sans déformer le rayon.
Le nombre de clips par raidisseur est égal à celui des briques d’une colonne, plus un. Idem en ce qui concerne la quantité de raidisseurs par rapport aux briques dans le sens de la largeur.
Aléas du chantier, un faux plafond est démonté dans le vestibule pour permettre le passage de la lisse haute. Il sera refait à l’identique, à 150 mm de la cloison pour laisser place à un luminaire.
L’âme des lisses s’emboîte dans le creux des montants puis les éléments sont collés-vissés.
Après perçage, le cadre est fixé aux sol et plafond à l’aide de goujons d’ancrage, espacés tous les 60 à 70 cm. Aux angles, l’étanchéité et la finition s’obtiennent avec une colle vinylique extérieure : le mastic aux silicones s’utilise uniquement en présence d’un bâti en aluminium.
Un niveau laser est employé pour régler la mise à niveau, peu évidente avec une cloison courbe. Le capteur est posé sur un tasseau, le générateur du rayon (invisible sur la photo) situé à proximité.
Des cales en plastique, du type de celles utilisées par les poseurs de fenêtres, prennent place sous la structure pour assurer la planéité de l’ensemble. Le niveau est à chaque fois contrôlé.
Le premier raidisseur, muni de ses clips intercalaires, est présenté en biais puis redressé en l’emboîtant dans le U d’un montant. La même opération est effectuée sur le montant opposé.
Un clip est posé sur la lisse basse à l’emplacement de la brique de départ. Un autre est positionné et centré au-dessus de chaque nouvelle brique, au fur et à mesure du montage de la rangée.
Les raidisseurs intermédiaires sont présentés, le clip le plus bas glissé contre la lisse inférieure. Les clips suivants sont positionnés aux intersections des briques, jusqu’à la lisse supérieure.
La brique supérieure de chaque rangée est mise en place en la faisant glisser latéralement. Elle est ensuite maintenue par un clip introduit de la même façon dans la gorge, jusqu’à le centrer.
L’ultime brique de la rangée centrale est insérée en force, après avoir descendu les clips des raidisseurs qui l’encadrent. Dans le même temps, un clip est glissé entre la brique et celle du dessous.
Le réglage de la cloison s’effectue en tapant avec une règle en bois. Par expérience, cette méthode a été préférée au réglage au maillet qui risque toujours de déplacer les briques adjacentes.
Le mastic s’applique au pistolet extrudeur. Il est déplacé horizontalement puis verticalement en maintenant une pression constante sur la gâchette, pour obtenir un cordon ininterrompu et régulier.
L’embout de la cartouche est positionné légèrement en biais dans le joint. L’extrusion se fait en poussant le mastic dans la rainure, plutôt qu’en le tirant car à ce moment il resterait en surface.