Avec une machine à projeter, cet enduit se travaille avec un grattoir, une taloche ou à l’éponge. Tout en respectant son style, il protège et embellit la façade pour plusieurs décennies.
Au fil des ans, les enduits sont moins adhérents, laissent apparaître fissures, crevasses ou desquamations.
Il est alors temps de mettre les murs à nu pour appliquer un nouveau revêtement.
Pourquoi ne pas alors profiter du chantier pour améliorer l’isolation de la maison ?
D’autant que 25 \% des deperditions thermiques d’une maison concernent les façades.
C’est ce choix qu’a fait la propriétaire de ce pavillon des années 1930.
Sans empiéter sur la surface habitable, le doublage isolant en blocs de chanvre (Chanvribloc) a permis de supprimer la sensation de paroi froide l’hiver et les surchauffes en été.
En plus, la mise en œuvre de cette isolation pouvait donner lieu à un crédit d’impot si elle était mise en œuvre par une entreprise.
Côté ravalement, l’enduit est classique.
La couche d’accrochage, dite gobetis (ép. 6 mm) fait corps avec les blocs de chanvre.
Elle est constituée de chaux aérienne (65 \%) et hydraulique, de sables fins et d’additifs minéraux (ParexLanko, Weber…).
Après deux jours, une seconde couche (corps d’enduit) est appliquée (ép. 10 mm).
Elle supprime les inégalités de surface et assure la planéité du revêtement.
Après 24 heures, la couche de finition apporte l’aspect et la teinte définitifs.
Ces deux passes se composent de chaux hydraulique naturelle, de sables, d’additifs minéraux et de pigments minéraux (ici « Parexal » de ParexLanko).
Ainsi formulés, ces enduits de rénovation ne demandent aucune préparation (collecte des ingrédients, dosage et mélange à sec).
Il suffit de verser le sac dans le malaxeur de la projeteuse et de laisser couler une certaine quantité d’eau (suivant le type de couche et la consistance prescrite). Tractable, l’appareil se compose d’une cuve de 120 litres, d’un compresseur et d’un débit d’air.
Trois personnes assurent son plein rendement.
Un « gâcheur » alimente le malaxeur en y vidant les sacs de liant tandis qu’un opérateur évolue sur l’échafaudage avec la lance pour projeter l’enduit.
Un autre dresse d’aplomb la couche déposée au fur et à mesure.
Quant à la consommation, il faut compter en moyenne 14 kg/m pour 1 cm d’épaisseur.
Un grillage à mailles hexagonales est fixé sur les blocs de chanvre constituant l’isolation extérieure.
Il favorise l’accroche de la première couche d’enduit.
Les blocs sont légèrement humidifiés, peu de temps avant l’application du gobetis.
La lance de projection doit être maintenue à l’horizontale et à deux mains.
Les sacs de mortier sont déchirés sur la grille de protection du malaxeur et déversés dans la cuve de la projeteuse.
Selon la porosité du support et la température ambiante, le dosage en eau peut aller de 5,5 à 6,5 litres pour un sac de 30 kg,
Le mortier formulé regroupe dans le même sac le liant et l’agrégat.
Dosé, calibré et mélangé en usine, il associe chaux, plâtre, sable, charges minérales, additifs et pigments éventuels. Il ne reste qu’à ajouter l’eau !
Plus coûteux qu’un liant de base classique, il offre d’indéniables avantages : préparation simplifiée (plus de mélange à sec dans la bétonnière), teinte et dosage réguliers, composition et granulométrie spécifiques conçues pour une application à la machine à projeter (entre 8 et 30 °C).
La pâte assez fluide est projetée du haut vers le bas par passes horizontales ou verticales, suivant le recul disponible sur l’échafaudage.
Une buse permet de régler le débit et de l’arrêter si nécessaire.
Les angles sont traités par passes verticales.
Les cordons de mortier doivent se chevaucher pour éviter tout manque de mortier.
La façade et les côtés de la lucarne centrale sont enduits suivant la même méthode (moyennant quelques contorsions !).
Étalé avec une planchette, le mortier est resserré avec le dos de la truelle ou une lisseuse en Inox.
La deuxième couche teintée forme l’épaisseur du revêtement.
Comme précédemment, elle est appliquée par projection (10 mm d’épaisseur) en veillant à couvrir uniformément la surface du gobetis.
Le mortier est égalisé avec la planche puis avec une règle crantée.
Si le liant s’affaisse par endroits, il faut le resserrer vers le haut.
Des mouvements en demi-cercle avec une lisseuse permettent d’obtenir un mur plan.
Les creux sont comblés avec des plots de mortier.
L’enduisage de la lucarne exige la présence de deux personnes, sécurisées par un harnais et positionnées de part et d’autre : l’un projette l’enduit, l’autre le resserre et l’égalise avec une lisseuse.
Après 24 h, l’enduit est gratté en effectuant des mouvements circulaires.
L’épaisseur minimum doit être partout de 8 mm après grattage.
Les entourages des fenêtres et portes sont traités avec un gratton peigne qui permet de racler les zones moins accessibles.
Tenu légèrement incliné, cet outil aide aussi à finaliser les raccords.
Les tableaux des baies sont ceinturés de tasseaux pour guider la mise d’aplomb.
Après leur retrait, les arêtes sont serrées à la taloche.
Après 24 h, la troisième couche est projetée sur 8 mm d’épaisseur, puis égalisée avec la lisseuse.
Juste après le début de la prise, la surface est lissée avec une taloche éponge humide, en effleurant sans appuyer.
Le lissage à la taloche mousse s’effectue de haut en bas en utilisant comme repères visuels les rives du toit et les intersections des murs.
La taloche est régulièrement trempée dans un seau d’eau pour rester propre.
Ses caractéristiques sont donc très proches de celles de la pierre.
Microporeuse, elle est, avec le plâtre, le seule liant compatible avec les maçonneries traditionnelles, dont elle respecte l’équilibre hygrométrique.
Mêlée à du sable, la chaux forme des enduits souples, onctueux et très adhérants.
On distingue la chaux aérienne éteinte (CL) et la chaux hydraulique naturelle (NHL).
Produite avec des calcaires très purs (contenant moins de 5 \% d’argile), la première durcit uniquement au contact de l’air.
Cette nature hydrophobe est peu compatible avec les intempéries.
On l’utilise volontiers pour les badigeons et les finitions d’enduit.
La seconde est obtenue avec des calcaires « argileux » (10 à 15 \%), qui lui donnent son hydraulicité.
Sa prise est assez rapide même en présence d’humidité. Sauf cas particuliers, il ne faut pas l’associer au ciment puisqu’elle en contient déjà !