Un bricoleur hors pair a su donner une seconde vie à un simple fourgon. Comment ? En le transformant en un superbe camping-car. De quoi passer de bonnes vacances le long des plages de l’Atlantique.
Jean-Marc Le Roi est ce que l’on pourrait appeler un touche-à-tout de génie. Quand il a un projet en tête, il est du genre à le réaliser de A à Z. Ce ne sont pas moins de trois cent quarante-cinq heures de cogitations et de travail qui lui auront été nécessaires pour mener à bien le dernier en date : la transformation de son fourgon d’occasion en un beau camping-car. Une réalisation qui lui a valu d’être pour la seconde fois lauréat du concours organisé par Système D (notre lecteur est abonné depuis une vingtaine d’années).
Tout a commencé le 8 décembre 2007, date à laquelle il a acheté, pour la modique somme de 12 000 €, le véhicule de ses rêves (un Renault Master L2 H2 de 2002). Mais l’idée avait déjà germé bien avant, car Jean-Marc Leroy a une particularité : « Je suis agent de maîtrise dans une entreprise qui fabrique et aménage des camping-cars. » Son activité professionnelle lui permet d’avoir un œil sur toute la chaîne de montage et par rapport au quidam de bien connaître son sujet. Mais cette position d’observateur privilégié ne lui a pas toujours donné l’envie de réaliser son propre camping-car : « J’étais blasé, j’en voyais tous les jours. » L’envie est pourtant venu d’un coup. Probablement à cause du manque d’activité, « plus de projets de bricolage en cours », et du désir de partager avec sa femme et son fils des week-ends tranquilles et un voyage à l’île de Ré.
Avant de commencer, il faut trouver le véhicule qui fera l’affaire. Jean-Marc a une idée précise de ce qu’il recherche : « Cela n’a pas été facile, je voulais qu’il soit propre à l’intérieur comme à l’extérieur et, bien évidemment, que le prix soit abordable. » Avec son épouse, il consacre donc une partie de son temps libre à chercher la perle rare. Ils répondent à des annonces, passent dans des garages et, après une série de déconvenues trouvent leur bonheur auprès d’un revendeur contacté par Internet. Le véhicule correspond point par point à leurs attentes : « Le fourgon était en très bon état et, chose plutôt rare, il affichait moins de 80000 km. Le prix demandé, 12000€, est tout à fait raisonnable. »
Le véhicule acheté, il faut maintenant l’aménager et trouver tous les accessoires nécessaires. Quiconque en passerait par l’étape des plans. Pas Jean-Marc Le Roi ! S’il effectue « des petits croquis », il n’a pas de plan d’ensemble. Tout est dans la tête : « Je travaille au feelling. » Son activité professionnelle va lui servir. Pour les panneaux de contreplaqué nécessaires à la fabrication de l’habillage et des meubles, il récupère des chutes dans son entreprise, avec l’autorisation de son employeur : « Il y a un déchet important, nous jetons beaucoup à la benne. J’ai taillé dans ces rebuts. » Tout le reste est acheté : marchepied, stores, W.-C. à cassette, baies, réservoirs d’eau (usée et propre), lanterneau, pompe, réfrigérateur, jusqu’à la télévision et la douchette extérieure. On peut supposer que notre lecteur connaît les bons fournisseurs car, en tout et pour tout, l’ensemble du matériel lui reviendra à moins de 4500€. Soit un coût total de 16500€.
Maintenant, tout est en place pour attaquer l’aménagement : « J’ai commencé les travaux fin décembre 2007 », nous explique Jean-Marc Le Roi. Des fêtes laborieuses donc. Et pas que les fêtes car avant les promenades sur les plages de l’île de Ré, il va falloir du temps : « Le chantier a duré environ sept mois. Je bricolais chaque soir après le travail, environ une heure et demie, et les week-ends. » Jean-Marc Le Roi commence par la pose du store extérieur. « Les pattes de fixation étaient déjà prévues – ce sont les trous de galerie. Il suffit de retirer les bouchons en plastique qui les obturent. » Tout commence tranquillement.
La deuxième phase est plus délicate puisqu’elle a consisté à percer quatre fenêtres à la scie sauteuse. Et là, il ne faut pas faire n’importe quoi : « J’ai demandé au préalable l’accord de Renault. » Le constructeur n’y trouvant rien à redire, les baies sont alors percées rapidement. Les travaux se passent à l’extérieur : « Il importait de mettre le véhicule hors d’eau. » De l’extérieur, on passe à l’intérieur : « Autour des ouvertures, j’ai collé des tasseaux (40 x 25 ou 25 x 25 mm), serrés ensuite au serre-joint. » Puis les baies sont collées : « Il convenait de coller en 28 ou 30 mm. Je les ai posées sur un cordon noir qui offre un important pouvoir collant (Terostat M110, Ø 8 mm). À noter, il s’avère presque impossible de redémonter la baie sans la casser.»
S’ensuivent la pose de la marche escamotable (actionnée à l’électricité), l’isolation des parois et du sol et la pose du plancher en contreplaqué de 15 mm. Le plancher sera fixé sur des tasseaux de bois exotique de 15 mm. Il en est de même pour le plafond, à la différence près que le contreplaqué utilisé est du 3 mm brut vissé sur des tasseaux. Joints et trous de vis sont enduits de mastic puis poncés. L’habillage du plafond est réalisé d’un seul tenant avec un revêtement vinyle d’une largeur de 2 m sur 3 m de longueur. Toute l’installation paraît très simple. En réalité, la tache est plus complexe. À la différence des camping-cars aménagés par notre lecteur dans le cadre de son travail, le fourgon n’offre aucun angle droit : « Il a fallu adapter la menuiserie et les meubles aux arrondis du fourgon ». Loin d’être aisé...
« J’ai commencé l’ameublement en contreplaqué finition cerisier dans toutes les épaisseurs de 3 à 15 mm. L’épaisseur était fonction des cloisons. Toutes sont réalisées sur des cadres en tasseaux de sapin » La majorité des découpes a été effectuée à la scie sauteuse. « C’est l’outil de découpe idéal pour un fourgon dont l’intérieur est galbé. » Les cloisons en biais sont faites en profilés rainurés en usine (barres de 2 m). Les panneaux d’habillage, les portes arrière et la porte coulissante sont également en contreplaqué.
Dans un camping-car, il faut dormir à l’aise : « Le plateau du lit est un cadre de sapin avec des tasseaux de renfort et du contreplaqué de 3 mm. Il est équipé de deux rangées de lattes. Le plan de travail de la cuisine et le plateau de la table sont également en contreplaqué et tasseaux de bois exotique. Les plateaux sont ensuite recouverts d’un stratifié moucheté beige collé à la Néoprène et mouluré à la toupie. » Et voilà... le fourgon n’existe plus, place à un superbe camping-car prêt à voyager...
Il y aura quatre étapes en tout :
Chaque élément est installé avec méthode : isolation, tasseaux, câblage électrique, habillage bois... Il ne faut pas rater une étape, sinon cela oblige à démonter ce qui a été fait.
Pour bénéficier de la lumière naturelle, trois lanterneaux sont prévus : à l’avant, à l’arrière et dans la salle d’eau. En raison d’une météo peu clémente, leur pose n’interviendra qu’en toute fin.
Pour éviter les grandes chaleurs estivales et le froid en hiver, sol, plafond et parois du fourgon sont isolés avec un isolant mince multicouche.
Différents renforts sont positionnés à des endroits stratégiques du fourgon. Tasseaux et bandes de contre-plaqué de 15 mm serviront à la fixation des meubles.
Après le passage des câbles électriques, c’est au tour de l’habillage. Un contreplaqué imprimé de 3 mm, est fixé à la colle Néoprène et vissé aux endroits non visibles, tels que les jonctions de cloisons.
Comme pour les portes, le plafond de cabine est recouvert d’un tissu tendu et collé. De quoi égayer l’intérieur les jours de pluie.
Les spots sont posés et les meubles commencent à trouver leur place. Aucun joint de contreplaqué n’est visible une fois les meubles installés.
Il faut s’adapter aux cloisons courbes du fourgon (tous les angles sont arrondis). Quant aux chants des meubles, ils sont soit plaqués, soit rainurés pour pouvoir y insérer un joint plastique.
L’espace est optimisé. À l’arrière : la chambre à coucher. En haut les rangements, au milieu l’espace couchage. Le "local technique" est placé sous le lit.
On a du mal à l’imaginer : Jean-Marc Le Roi n’a utilisé qu’une scie sauteuse pour outil (ou quasiment !).
La salle de bains est petite mais bien équipée et des plus pratique. Malin : la vasque du lavabo se relève pour laisser l’accès aux W.-C.