Rangés en vrac, les petits serre-joints s’emmêlent et sont difficiles à sortir. Les grands sont lourds. On aimerait les avoir sous la main près du plan de travail, plutôt que de les accrocher au mur, à l’autre bout de l’atelier. Tous seront bien plus accessibles, rangés dans un support monté sur roulettes.
Un dicton d’atelier affirme que le nombre idéal de serre-joints est “plus un”. Ce n’est pas faux, mais encore faut-il pouvoir ranger ces accessoires pour qu’ils soient utilisables. Ce râtelier mobile répond à cette exigence. Il offre deux faces de rangement inclinées l’une contre l’autre : la première accueille les serre-joints et la seconde les outils de tournage. L’espace libre entre les deux pans comporte, dans sa partie large, quatre tiroirs.
La carcasse se résume, côté serrage, à deux montants inclinés et, côté tournage, à un grand panneau massif. Maintenus espacés à la base par deux entretoises et reliés directement à leur sommet, ils forment une structure rigide en triangle. Les roulettes sont fixées sous les entretoises.
Six traverses rainurées sont vissées aux montants pour accrocher les serre-joints. Assemblés par lamelles, les tiroirs coulissent sur des glissières du commerce et sont fixées sur des tasseaux asymétriques qui compensent l’inclinaison des flancs. Pour éviter l’accumulation de poussière, les espaces vides autour des tiroirs sont obturés à l’avant par des façades trapézoïdales rapportées et par des panneaux à l’arrière, au-dessus et sur le côté des serre-joints. Les divers supports de la face tournage sont fabriqués en fonction des outils à ranger.
Le râtelier est construit avec des chutes et des bois, présentant des défauts d’aspect, retaillés à dimensions. Économique, cela permet aussi de vider les stocks qui encombrent l’atelier. L’installation pourrait être plus homogène, mais est-ce bien utile dans un atelier ?
Une vieille porte de placard est ainsi devenue le râtelier à outils de tournage. Les montants de la structure sont, eux, en chêne trop noueux pour un meuble. Les entretoises et les traverses sont débitées dans du hêtre présentant de nettes traces d’échauffure (à éviter cependant si l’atelier est humide).
Les tiroirs et les panneaux sont réalisés avec des restes d’aggloméré, de contreplaqué et de lamellé-collé, notamment des chutes à la fibre disposée dans le mauvais sens. Les roulettes proviennent également d’une récupération. Ainsi, la réalisation ne coûte que le prix des quatre paires de glissières de tiroirs, de la quincaillerie (vis, pointes, boulons et tirefonds), des lamelles et de la colle à bois.
Les supports des tiroirs sont très étroits. Si vous devez les recouper à la scie circulaire portative, faute d’un modèle sur table, fixez la pièce à usiner au bord de l’établi (avec de l’adhésif double face) et utilisez les autres pour soutenir la machine à l’horizontale. Finissez éventuellement au rabot.
Rainurer des traverses une à une est plutôt fastidieux. Mieux vaut brider ensemble les pièces mises aux dimensions et les usiner simultanément. Un gabarit en contreplaqué permet de fraiser des rainures régulières à la défonceuse. Il se compose d’une base rainurée en sous-face, où est collé un guide de positionnement d’une section correspondant aux rainures à creuser. Une latte d’appui est fixée sur le dessus, à l’opposé du guide. Ces deux pièces doivent être rigoureusement parallèles, pour que les rainures le soient aussi.
Les supports des tiroirs et les entretoises sont recoupés suivant l’inclinaison des flancs du râtelier. La scie est réglée avec une sauterelle et les pièces sont fixées à l’adhésif double face pendant le travail.
La latte d’appui et le guide du gabarit doivent être parfaitement parallèles. Pour se faire, le chant de la base est d’abord rectifié en guidant la défonceuse, munie d’une fraise droite, contre la latte.
L’emplacement du guide de positionnement est ensuite fraisé à l’opposé, en prenant appui sur le chant rectifié. Le guide parallèle de la machine est réglé en fonction de l’espacement des rainures à creuser.
La rainure dans laquelle se colle le guide de positionnement doit avoir exactement la même largeur que l’épaisseur de celui-ci. Si votre fraise est un peu trop grosse, effectuez deux passes avec une plus petite.
La première rainure du râtelier est fraisée en guidant la défonceuse contre une règle. Le gabarit y est inséré pour creuser la deuxième, puis engagé dans celle-ci pour la troisième, et ainsi de suite.
Tournés à volonté vers l’intérieur ou vers l’extérieur, les grands serre-joints s’engagent à chaque fois dans plusieurs rainures. Les petits sont pris par la tige, les plus épais pincés sur les traverses.
La seconde face du râtelier sert à ranger ici les outils de tournage. Si vous préférez un support symétrique hébergeant plus de serre-joints, renforcez le contreventement pour rigidifier l’ensemble.
L’espace entre les flancs est occupé par quatre tiroirs où prennent place les pinces, presses à cadres et accessoires de tournage. Les façades rapportées limitent notablement les dépôts de poussière.