De l’Antiquité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, tous les rosiers cultivés restèrent conformes aux rosiers primitifs, dont l’espèce la plus représentative est Rosa gallica.
Les différentes espèces de Rosa gallica cultivées provenaient toutes alors du bassin méditerranéen. Citons entre autres : le rosier de Provence et le rosier de Provins (issus directement de Rosa gallica). Le rosier Centfeuilles, caractéristique par ses fleurs à cent pétales (le rosier pompon en est l’une des variétés les plus connues), le rosier de Damas ou rosier de Paestum (ramené par les Croisés), le rosier de Portland ou rosier perpétuel, le rosier des Alpes, le rosier à feuilles pimprenelles, le rosier jaune de Perse, le rosier musqué, le rosier toujours vert, ainsi que les églantiers communs, odorants et des champs. Résultant de la diversification des échanges commerciaux, l’introduction des rosiers d’Extrême-Orient, à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, devait ouvrir la voie aux “grandes découvertes” en matière d’hybridation. On peut affirmer sans chauvinisme que c’est à partir de la fantastique collection rassemblée par l’impératrice Joséphine que les grands botanistes de l’époque réalisèrent les premières hybridations scientifiques qui ont permis les multiples perfectionnements à l’origine des rosiers modernes. Fait symbolique, le rosier du Bengale, point de départ de bon nombre de rosiers modernes, semble avoir été introduit en Europe… en 1789. Il se caractérisait par une floraison semi-double, apparaissant en juin et durant jusqu’aux gelées, d’où l’appellation semperfiorens. Le début du XIXe siècle fut marqué par l’arrivée des rosiers à odeur de thé, originaires de l’Inde et de la Chine. Les multiples croisements avec R. gallica permirent d’aboutir à la création de rosiers remontants, dont les fleurs se renouvellent après chaque floraison. À la fin de l’Empire vint d’Amérique le rosier de Noisette et, vers la même époque, de l’île Bourbon (la Réunion), le rosier du même nom. Dans la seconde moitié du XIXe siècle apparurent successivement les rosiers multiflores et le rosier de Wichura, les premiers presque toujours grimpants, les seconds à branches vigoureuses et très raides, aux grandes fleurs très parfumées. Il semble qu’une hybridation accidentelle entre un rosier multiflore et un rosier thé ait permis à J.-B. Guyot d’obtenir en 1875 un rosier nain très ramifié aux fleurs en bouquets très remontantes “Pâquerette”, considéré comme le premier rosier polyantha. Restait à venir le rosier rugueux, à l’origine d’innombrables hybrides parmi lesquels le rosier à fleur d’œillet. Les principales hybridations qui suivirent ont permis, entre autres, d’aboutir à la race des floribunda, obtenue par Kordès, à celle des rosiers miniatures créée par Dot, et à celle des rosiers de Pernet. Depuis, les grands obtenteurs n’ont cessé de développer leurs recherches en vue de créer de nouvelles variétés. Mais on peut considérer que toutes les roses obtenues font partie des grandes catégories qui viennent d’être évoquées. L’évolution des variétés porte désormais sur la couleur, sur le nombre et la forme des pétales, ainsi que sur le parfum, élément important dans le choix de nombreux amateurs de roses. L’histoire du rosier n’est certes pas close : au-delà du doigté des hommes, il reste les hasards de l’hybridation…