Pour construire son extension et conserver la forme et les volumes de la longère d’origine, Jean Le Bris a privilégié le bois et les matériaux isolants naturels.
La bâtisse reconstruite par notre lecteur a connu plusieurs vies :
« Mon arrière-grand-père et mon grand-père ont vécu dans cette maison. Elle a été transformée en restaurant avant d’être abandonnée dans les années 1970 », raconte Jean Le Bris.
Lorsqu’il l’a acheté, le bâtiment était très dégradé :
« J’ai commencé par rénover la partie maison et le garage, mais le reste du bâti qui abritait l’ancien restaurant était trop vétuste. J’ai donc choisi de le démolir pour le reconstruire, en conservant le pignon et sa cheminée. »
Après la démolition et les travaux de terrassement effectués par un professionnel, les fondations, réalisées avec l’aide d’un ami, ont été l’occasion d’éprouver
« les joies de la pelle, de la bétonnière, du ciment et de la chaux ! » L’ossature bois et la charpente traditionnelle sont, quant à elles, les pièces maîtresses de cette réalisation…
« Grâce à mes amis et ceux de mon fils, nous avons réuni presque tous les corps de métiers et l’outillage nécessaire aux travaux ! »
Première étape du chantier : la démolition du bâti (excepté le pignon). Comme pour le terrassement et les travaux de voirie et réseaux divers (VRD), notre lecteur fait appel à un professionnel.
« Il s’agissait de ne pas faire tomber les murs n’importe comment… »
Les gravas évacués, la restauration d’une partie des murs en pierre peut alors commencer au départ du pignon mitoyen conservé. Ces avancées en pierre établissent la jonction entre l’ancienne et la nouvelle construction à ossature bois.
Après la réalisation de la semelle filante, notre lecteur prépare la dalle sur terre-plein : une première ceinture en parpaings, sur laquelle prennent place des blocs de béton cellulaire « pour renforcer l’isolation ». Des panneaux de liège expansé (ép. 4 cm) assurent l’isolation thermique sous la future dalle…
L’ensemble de la charpente et de l’ossature est monté à blanc. L’assemblage des parois est donc réalisé au sol, en prenant soin de vérifier l’équerrage « pour éviter les complications ultérieures… »
Pour habiller les façades, le bardage en châtaignier brut avec couvre-joint est une solution à la fois rapide, écologique, durable et très économique.
Une extension en douglas et châtaignier
Le bois est le matériau de prédilection de notre lecteur :
« Plus jeune, j’ai eu la chance de suivre une formation de charpentier, ce qui m’a permis de préparer les débits et la commande de bois dans une scierie locale », explique Jean Le Bris.
L’outil informatique est venu en soutien :
« La coupe des lisses, des montants et de diverses pièces a été facilitée par l’utilisation de logiciels 3D. Ils m’ont aussi servi à visualiser les points particuliers. »
Pour réaliser la charpente, notre lecteur a choisi une essence locale, le douglas « pour son rapport qualité/durabilité/prix ». Mais il a préféré poser un bardage en châtaignier,
« qui reste naturellement gris avec le temps alors que le douglas noircit ».
Le chantier ayant été bien préparé, les travaux se sont déroulés sans difficulté.
« Trois semaines environ ont été nécessaires pour l’usinage et l’assemblage des murs, du pignon et des fermes traditionnelles. »
Côté outillage, « j’étais déjà bien équipé mais j’avoue qu’un cloueur de charpente et une scie à onglet radiale font gagner beaucoup de temps et économiser pas mal de sueur ! »
Le soleil est de retour et la mise en place de l’ossature quasiment terminée. Réalisée avec des montants de 20 x 4 cm, la structure est robuste :
« je les ai peut-être un peu surdimensionnés ! ».
Après les dernières vérifications, c’est le moment tant attendu du levage. Malgré la pluie, les opérations se déroulent sans problème :
« Après trois heures de travail, la charpente est apparue comme par magie ! » Les parois sont vissées sur une lisse basse solidarisée à la ceinture maçonnée en béton cellulaire.
Le montage est réalisé à l’avancement, à l’aide d’un cloueur de charpente, en partant du pignon. Après levage, la première ferme est fixée aux parois.
Le contreventement est assuré par des panneaux rigides en fibres de bois de 22 mm d’épaisseur pour les murs et 32 mm pour la toiture.
Une membrane d’étanchéité à l’air est mise en place au droit des ouvertures.
La pose de la couverture a été confiée à un professionnel, qui a mis en oeuvre les ardoises dans la tradition, sur un voligeage en peuplier. « Ce bois présente une bonne tenue à l’humidité, mais nous avons tout de même installé un écran de sous-toiture. »
Après la pose des menuiseries et celle du pare-pluie sur toute la surface du bâti, vient l’habillage des façades.
« J’ai cloué des planches de 180 x 20 mm en 3 m de longueur sur des tasseaux horizontaux, en ménageant un jeu de 1 cm pour la dilatation, recouvert par des lames plus étroites. »
Avant l’isolation, le frein vapeur est mis en place à l’aide d’une agrafeuse (« pneumatique, c’est plus rapide et moins fatigant ! »). Un travail minutieux pour garantir l’étanchéité à l’air :
« Nous avons littéralement enveloppé les murs intérieurs. »
Ensuite chaque ballot de ouate de cellulose est décompacté et insufflé à l’aide d’une cardeuse dans les caissons de l’ossature (ép. 20 mm pour les murs ; 30 mm en toiture).
« Il nous a fallu un mois pour préparer 162 m2 de surface intérieure (frein vapeur, caisson, étanchéité entre les lés, etc.) et deux jours pour insuffler l’isolant. »
Après une semaine passée à installer les gaines électriques et tuyaux d’évacuation, le carrelage est posé au sol du rez-dechaussée.
« Une opération fastidieuse quand on n’est pas du métier… »
L’escalier en chêne (posé contre un mur en pisé) a été réalisé par « un ami menuisier de mon fi ls, que j’ai assisté pendant toutes les opérations : dégauchissage du bois, épure, usinage et pose. »
L’habillage des parois en plaques de plâtre s’est avéré la solution la plus économique.
L’espace sauna est conçu pour ne pas générer d’humidité dans les murs de la maison : sol étanché, parois désolidarisées à l’aide de tasseaux. L’habillage est en red cedar et les bancs sont fabriqués avec les chutes de bardage en châtaignier.
Une isolation en ouate de cellulose
La reconstruction a été l’occasion de concevoir un ensemble cohérent, alliant modernité et tradition :
« La première ligne de mon cahier des charges était de concevoir une maison baignée de lumière naturelle. J’ai gardé la forme et l’esprit de l’ancien bâtiment, tant au niveau des ouvertures que des volumes. J’ai aussi opté pour l’utilisation de matériaux naturels et privilégié une isolation performante avec des murs en pisé à forte inertie, de la ouate de cellulose, du liège et des panneaux en fibres de bois. »
L’isolation a constitué une étape importante du chantier :
« Je manquais d’expérience dans ce domaine, j’ai donc fait appel à un auto-entrepreneur spécialisé dans l’isolation écologique. » Notre lecteur s’est fait plaisir en construisant un sauna dans sa maison, connecté à un poêle électrique.
« C’était important de construire ma maison. Aujourd’hui, j’y suis très heureux ! », conclut cet ancien professeur de mathématiques, qui a fini par confi er ses plans à un architecte pour la constitution du dossier administratif.
« La maison étant située dans une zone naturelle protégée, le permis de construire a été refusé au départ. Et ça n’a pas été simple de l’obtenir. » Mais le résultat valait la peine d’insister…
Le pignon et les parois en pierre sont isolés avec deux couches croisées de panneaux de fi bres de bois (2 x 50 mm d’épaisseur) :
« Les anciens murs n’étant pas d’aplomb, on s’est amusés pour raccorder le neuf et l’ancien ! »
Bon à savoir : le douglas pour la construction
Originaire de la côte est des États-Unis, le douglas est très présent en France avec près de 400 000 hectares plantés. Il est aussi de plus en plus utilisé dans le secteur de la construction. Ses qualités sont indéniables, en particulier sa résistance mécanique et la durabilité naturelle de son coeur (le duramen), qui peut être utilisé en revêtement extérieur sans traitement.
Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger gratuitement un guide intitulé « Le douglas, un choix naturel pour la construction », sur le site de l’association France Douglas (www.france-douglas.com).
- Rénovation accomplie : merci les gars !
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