Dans le pur style des maisons gâtinaises, Christophe Pouet a construit cette annexe réunissant un garage, un atelier et un abri pour le bois. Ses atouts ? De solides connaissances, des amis et un projet bien pensé.
Quelque temps après l’acquisition d’une belle longère traditionnelle dans le Gâtinais, la famille Pouet a ressenti le besoin de pousser les murs :
" la maison n’avait pas de dépendances. Comme nous avions besoin d’un garage pour deux voitures, d’espace de rangement, d’un atelier pour bricoler et d’un bûcher, nous avons décidé de construire sur notre terrain un bâtiment regroupant l’ensemble."
Pour notre lecteur, ce bâtiment se devait d’être en harmonie avec la maison :
"des façades en pierre pour les parties en vis-à-vis, les angles et ouvertures en brique et la toiture en tuiles plates. " Christophe Pouet mène son projet de bout en bout : plans
" à la table à dessin traditionnelle ", dépôt de permis de construire et construction. Il a simplement reçu de l’aide pour les gros travaux.
La construction est réalisée à la place d’un ancien bâtiment figurant sur le cadastre :
" à part un entourage de porte en pierre calcaire et le sol en brique, il ne restait rien. Notre première tâche a consisté à déposer le sol en brique ". Il s’est attelé ensuite au bornage, à la mise en place des réseaux et aux fondations.
Premier coup de pioche pour préparer les travaux de terrassement. Le travail se poursuit par le traçage et l’équerrage au sol.
Avec l’aide d’un voisin, les fondations sont réalisées à la tractopelle " jusqu’à 1 m de profondeur, pour être hors gel. " Puis viennent un solide ferraillage en fond de tranchée et le coulage du béton. Pour éviter les surcoûts, le coulage des fondations et de la dalle est réalisé avec un béton dosé à 350 kg/m ³, préparé sur place à la bétonnière. Le premier rang de blocs de béton est posé " sur frais ".
Lorsque les quatre rangs de blocs de béton atteignent le niveau du sol, la dalle est coulée. Après le coffrage, les règles sont positionnées en amont, puis retirées au fur et à mesure.
La dalle "déborde" des murs de quelques centimètres pour faciliter l’entretien futur :
" tondeuse et débroussailleuse passeront sans salir les murs."
" Toutes les briques ont été récupérées après des travaux de démolition sur d’autres bâtiments existant sur le terrain. Nous les avons toutes minutieusement choisies et nettoyées. "
" Pose de la première pierre ! "
L’élévation des murs commence par les angles, sur une surface bien préparée. Le chaînage est mis en place au fur et à mesure.
Compte tenu de l’ampleur de la tâche –
" il a fallu poser 900 parpaings, en tout ! " –, Christophe Pouet ne refuse pas les petits coups de main de son entourage.
L’encadrement de la porte et le parement sont réalisés à l’aide de pierres de récupération. " Pour assurer une liaison cohérente entre la pierre et les parpaings, j’ai réalisé des trous à la massette dans les pierres et je les ai garnies de mortier au moment du montage. "
À noter, ce détail technique : les trois ouvertures en demi-lune, avec leur tableau en brique, sont du meilleur effet. Notre lecteur a posé les briques au mortier de ciment sur un gabarit en bois, lui-même placé sur de petites cales. Le tout est retiré lorsque l’ouvrage est achevé.
Le montage des parpaings touche à sa fin. Il ne reste plus que le pignon sud à terminer. Un échafaudage est utilisé pour travailler confortablement et en toute sécurité.
Maçonnerie traditionnelle, pierre de pays, brique et blocs
Notre lecteur entame
la deuxième tranche de travaux.
Il attaque les choses sérieuses avec
le gros oeuvre, qui lui prendra deux bonnes années. Il commence par réaliser
les façades et les pignons en blocs de béton.
Les façades en vis-à-vis seront doublées plus tard avec un parement en pierre de pays : "j’ai prévu deux épaisseurs de blocs : 20 cm pour les parties enduites et 15 cm pour les parties recouvertes du parement de pierre, lequel présente 22 cm d’épaisseur. "
Résultat : un double mur de 37 cm de largeur. Pour respecter les critères esthétiques de la région, les appuis, tours de fenêtre et angles de pignons sont en brique de type mulot. Idem pour les trois ouvertures en demi-lune.
Côté matériaux, Christophe Pouet n’a pas eu à chercher bien loin : " les briques proviennent du démontage de la maison (cloisons, muret, vestiges des anciens fours à pain ou caniveau d’écoulement).
Les pierres de parement ont été récupérées sur le terrain, dans les restes de la ruine et les murs de clôture effondrés. " Malin, surtout quand on dispose d’un budget serré.
Le cintrage en anse de panier (courbe plane) de la porte du garage est effectué à l’aide d’un gabarit, disposé sur des étais et une chaise (parpaings empilés). " Je travaille avec deux rangs de briques en pose alternée. Cette méthode me permet d’économiser 50 % de briques. "
Quel bois de construction choisir ?
Pour la charpente et l’ossature bois, quelle que soit l’essence,
le meilleur des bois est celui que l’on prélève localement.
Le choisir à proximité, c’est favoriser les circuits courts, participer au développement de l’économie locale et apporter sa petite pierre à l’édifice en termes de développement durable.
Dans de nombreuses régions, les scieurs ont mis en place des systèmes de certification ou de labellisation visant à valoriser les essences locales.
À titre d’exemple : " Bois des Alpes " dans le Sud-Est ou " Sélection Vosges " dans l’Est, etc. En outre, le choix d’une essence doit se faire au regard des labels PEFC ou FSC (forêts gérées durablement).
Charpente sur mesure en bois massif
La troisième tranche de travaux – et non des moindres – concerne la charpente et la couverture.
Christophe Pouet, pour qui c’est une première, prend le temps de s’informer pour
calculer au plus juste les dimensions de la charpente :
" j’ai utilisé un livre avec des abaques, qui permettent de dimensionner en fonction du bâtiment et du type de charpente ".
Ici, notre lecteur opte pour une
charpente en bois massif à entrait retroussé.
Quant au type de bois, il mixe les essences : du
sapin pour le courant et du
chêne, " en raison de sa solidité ", pour le poinçon.
La charpente achevée, il s’attaque à la
couverture : voligeage, litonnage et pose des tuiles.
Mais ce n’est pas fini ! Car, outre les aménagements intérieurs – comprenant un escalier maison –, il s’attelle à la
confection d’un appentis, qui fera office d’abri pour le bois :
" je l’ai construit avec des pièces en chêne récupérées après le démontage d’une charpente. " Sa réalisation est particulièrement soignée, avec notamment des fermes à une pente en léger arc de cercle du meilleur effet :
" ça a vraiment beaucoup de cachet. C’est peut-être ce dont je suis le plus fier ", confie, heureux, notre lecteur.
La maçonnerie n’est pas tout à fait terminée, mais déjà, la charpente est préparée :
" Je me suis installé sur la chape pour réaliser le traçage au sol, puis l’assemblage. "
Côté outillage, notre lecteur a utilisé de l’électroportatif basique et une mortaiseuse à chaîne, " très pratique pour faire des ouvertures à plein bois. "
Et il reconnaît que ses connaissances en traçage et en triangulation, acquises en chaudronnerie, l’ont bien aidé pour réaliser l’épure.
C’est le grand jour : le levage à l’aide d’une tractopelle. Les fermes, d’abord hissées poinçon face au sol, sont posées sur les arêtes des murs.
Une fois à la verticale, la position est ajustée à la masse.
" J’ai volontairement coulé le linteau de la porte du garage après la pose des fermes pour faciliter cette étape. "
" Les enduits côté ouest et partie intérieure de l’abri ont été réalisés par un professionnel à la machine à projeter. La finition est de type gratté. "
" Une fois les tuiles plates livrées, famille et amis participent à la mise en œuvre de la couverture. "
Lors de la livraison des tuiles, tout le monde participe Il s’agit de tuiles plates de pays pour que la construction se fonde dans son environnement.
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