Un mur de parpaings, matériau très poreux, ne peut rester longtemps sans revêtement extérieur. À plus forte raison si la construction est soumise à de fortes conditions climatiques… À base de ciment et de chaux, cet enduit assurera une protection efficace contre les intempéries, tout en apportant une touche décorative.
Un bon enduit à la chaux doit posséder les qualités suivantes :
- une adhérence suffisante pour éviter les décollements,
- une souplesse qui lui permet d’absorber les mouvements de la maçonnerie,
- une résistance certaine au gel,
- une microporosité qui empêche la pénétration d’eau, tout en laissant respirer le support.
Sur béton ou parpaings, le gobetis (de 5 à 7 mm d’épaisseur) se prépare avec un volume de ciment pour trois de sable. Il faut laisser sécher deux à huit jours après application.
Le dégrossis (de 15 à 25 mm d’épaisseur) requiert un volume de chaux aérienne (ou calcique), un volume de chaux hydraulique (NHL) pour cinq de sable. Le séchage peut prendre une quinzaine de jours.
Pour la finition (de 7 à 10 mm d’épaisseur), on mélange deux volumes de chaux aérienne, un volume de chaux hydraulique et sept à neuf de sable.
La réalisation porte sur une surface d’environ 15 m, délimitée d’un côté par une arête vive et de l’autre, par des pierres d’angle en grès blanc. Le bâtiment, une extension récente qui servira d’atelier, est situé non loin de la mer et orienté à l’ouest. Comme il ne s’agit pas d’une réfection mais d’un travail sur fond neuf, la mise en œuvre s’en trouve simplifiée.
L’application s’effectue, selon la technique traditionnelle, en trois couches d’épaisseurs et de consistance différentes : le gobetis, le corps d’enduit (ou dégrossis) et la finition qui donne la texture et la teinte désirées. Pour une façade ancienne, le mode opératoire serait le même mais il faudrait d’abord préparer le fond, en tenant compte de la nature du support, du revêtement en place et de son état. À noter : le maître d’œuvre, pris par le temps, a opté pour un enduit assez riche en ciment qui présente l’avantage de minimiser les périodes de séchage. Le revêtement remplira parfaitement sa fonction imperméabilisante, mais il n’aura pas les qualités microporeuses d’un enduit traditionnel à la chaux.
Pour obtenir une épaisseur constante d’enduit après les deux premières couches, des tasseaux guides sont disposés parallèlement tous les deux mètres environ. Fixés à l’aide de pointes à béton, ils sont complétés par une “règle” en bois qui déborde l’arête vive. Maintenue à la verticale par des chevillettes enfoncées dans le mur contigu, son dépassement correspond à l’épaisseur des tasseaux : soit 15 mm.
Dans l’idéal, l’application doit s’effectuer par temps ni trop chaud, ni trop froid : les conditions limites de température se situant entre + 8 et 30 °C. Éviter cependant de travailler par vent fort et sec, qui accélèrerait la dessication.
Pour favoriser l’adhérence de l’enduit, il faut humidifier le support la veille et le jour même des travaux. Procéder au jet, et en pluie fine.
Le gobetis
Cette couche d’accrochage de 4 à 5 mm est réalisée avec un mortier très fluide, dosé à raison de 50 kg de ciment CPJ pour 100 à 120 litres de sable fin granulométrie : 0,2. Effectuer le malaxage à la bétonnière, en ajoutant l’eau jusqu’à rendre le mélange presque liquide. Lorsqu’il est bien homogène, le projeter vigoureusement à la truelle : les professionnels ont coutume de dire qu’il suffit de “salir” la surface. Laisser sécher 48 heures avant de poursuivre les travaux.
Le dégrossis
Il s’agit d’un mortier “bâtard” composé ici d’un sac de ciment (soit 50 kg) et d’un sac de chaux hydraulique naturelle (40 kg) pour 160 à 170 litres de sable à maçonner. Gâché avec environ 45 litres d’eau, il doit former une pâte souple, facile à appliquer. Compte tenu du climat local, le mélange est adjuvanté avec une résine (Sikalatex) qui renforcera l’adhérence et l’étanchéité du corps d’enduit.
Projeter le mortier, tout aussi vigoureusement à la truelle sur les surfaces délimitées par les tasseaux. L’outil doit suivre une trajectoire en arc de cercle qui démarre à une quarantaine de centimètres du mur pour finir au ras. Le geste, qui demande un poignet souple, s’aquiert avec la pratique. Ne pas hésiter à surcharger un peu, puis “tirer” le mortier avec une longue règle de maçon en appui sur les guides. Ceci, en “sciant” horizontalement sur la hauteur en évitant les retombées. La surface obtenue doit être grossière, rugueuse, en veillant à ce qu’il n’y ait pas de décollement par rapport au support.
Lorsque les surfaces entre guides sont arasées, enlever délicatement ces derniers en tirant les pointes à la tenaille. Si l’enduit se décolle par endroits (ce qui arrive parfois), le serrer à la taloche tout en remplissant de mortier les vides laissés par les tasseaux. Finir les raccords à la taloche, en décrivant des mouvements circulaires, et laisser sécher une semaine.
Par commodité, c’est un enduit monocouche ton pierre à base de liants hydrauliques qui a été choisi. Le fabricant (PRB) stipule, qu’en dehors de son emploi habituel, ce produit peut s’appliquer en finition sur le corps d’enduit. Une épaisseur de 7 à 8 mm suffit alors, au lieu des 12 mm minimum préconisés en monocouche. Humidifier de nouveau au jet : la veille et le jour même, juste avant l’application.
La préparation
Dans une auge, verser 3,5 à 4 litres d’eau et ajouter progressivement le contenu du sac de 25 kg tout en remuant. Malaxer ainsi trois à cinq minutes durant : le mélange doit être onctueux et exempt de grumeaux. Le temps d’utilisation de la gâchée est de 40 mn environ.
L’application
Jeter l’enduit à la truelle en opérant par zones d’environ 1 m. Puis dresser la surface à la règle avant de la serrer avec une taloche en plastique alvéolée : attention de toujours conserver la même épaisseur. Le talochage final suppose que l’enduit ait “tiré”, qu’il ait perdu un peu de son eau. Comme on travaille par zones, il faut veiller à obtenir des raccords les plus fondus possibles. Ce procédé donne une surface unie, serrée et sans aspérités, facile à entretenir. De nombreuses autres finitions sont possibles : dressage simple à la règle, lissage à la truelle puis avec une taloche recouverte de feutre, grattage au “gratton” ou au “chemin de fer”, mouchetis à la tyrolienne, etc.
A l’aide de pointes à béton, fixer les tasseaux à la verticale, tous les 2 m environ. Leurs 15 mm d’épaisseur détermineront celle de l’enduit après les deux premières couches.
Du côté de l’arête vive, la surface de mur est bordée par une règle en bois maintenue sur la paroi contiguë avec des chevillettes.
Le gobetis est un mortier très fluide et riche en ciment, jeté à la tuelle. Il doit adhérer en tout point à la maçonnerie, en formant une couche mince mais rugueuse pour favoriser l’accrochage du dégrossis.
Pour renforcer l’imperméabilisation du corps d’enduit, une résine est ajoutée au contenu de la bétonnière. Ce produit multifonction permet aussi une meilleure adhérence du mortier sur son support.
Patienter deux jours avant de préparer ce mortier bâtard et d’attaquer la deuxième couche.
Comme précédemment, le jeter à la truelle en remplissant bien les surfaces délimitées par les tasseaux.
Enlever l’excédent avec la tranche de la truelle, puis araser à la règle de maçon en appui sur deux tasseaux. Lui imprimer un mouvement de sciage pour acérer le mortier et éviter tout décollement.
Après arasement, retoucher la surface à la taloche pour éliminer les grosses aspérités mais sans chercher à la lisser. Elle doit rester rugueuse pour assurer une bonne adhérence de la couche de finition.
Les tasseaux n’ayant plus aucune utilité, les enlever en tirant à la tenaille sur les têtes des pointes.
Effectuer l’opération sur enduit sec est un peu plus difficile, mais cela évite les décollements.
Avant de remplir les logements des tasseaux, les arroser à l’aide d’un pulvérisateur de jardin.
À sec, surtout en été, la prise du mortier serait trop rapide et il y aurait des risques de fissuration.
Reboucher chaque saignée avec un mortier de même composition que celui du corps d’enduit.
Lorsque l’enduit est encore frais, la dépose des tasseaux provoque souvent des éclats qu’il faut réparer.
Prêt à l’emploi, l’enduit de finition est simplement ajouté à l’eau et malaxé dans l’auge pour l’homogénéiser. Le jeté se fait à plots jointifs, par zones de 1 m, sur le corps d’enduit légèrement humide. Pour uniformiser la couche, les plots sont écrasés à la taloche alvéolée avec de petits mouvements circulaires.
Les pierres d’angle sont soigneusement contournées par la truelle, puis par la taloche.
On en profitera pour refaire les joints à l’aide d’une étroite truelle langue de chat (ou d’un fer à joints).
La taloche créant un effet de ventouse, attention aux décollements ponctuels !
Pour une reprise d’enduit à partir d’une zone ayant séché, effectuer le passage en douceur et finir à l’éponge humide.
Un raccord étant toujours difficile à masquer, un morceau de polystyrène dense peaufinera le travail.
Habilement découpé, et mouillé, on s’en sert comme d’une mini taloche pour éliminer les surépaisseurs.