Les artistes préfèrent souvent fabriquer eux-mêmes le châssis de leurs tableaux et tendre la toile sur laquelle ils vont peindre. Économique, ce choix ne présente pas de difficulté particulière et permet de réaliser des toiles sortant des formats standard.
Pour éviter la déformation des côtés du châssis lors de la tension, la pose d’entretoises s’impose au delà de 500 mm de longueur.
Les toiles non enduites peuvent être légèrement humidifiées avec une éponge avant d’être clouées. Elles se tendront d’elles-mêmes en séchant.
Classique, la réalisation décrite ici porte sur la fabrication d’un châssis de 350 mm x 500 mm. Elle fait appel à du tasseau en sapin raboté (18 x 45 mm). Après traitement des baguettes avec un produit insecticide pour bois intérieurs, l’assemblage est réalisé à coupe d’onglet avec de fausses languettes.
● La toile est taillée dans une épaisse pièce de drap de coton, et coupée aux dimensions du cadre en ajoutant 100 mm pour permettre sa tension avec une pince à entoiler et sa fixation sur le chant du châssis.
La scie d’encadreur est l’outil idéal pour les coupes d’onglet (à 45°). Certaines scies à châssis inclinable permettent la réalisation d’onglets composés. En plus du biseau à 45°, la coupe est biaisée de quelques degrés dans le sens vertical.
● A l’assemblage, les tasseaux sont légèrement inclinés vers l’intérieur. La toile tendue ne porte donc que sur les arêtes extérieures du cadre, pas sur le plat des tasseaux. Si la scie ne permet pas cette combinaison de coupes, le biais peut-être réalisé à l’abrasif monté sur une cale dure.
● L’assemblage du châssis par fausses languettes est la meilleure méthode, pour sa solidité et sa précision. Elle suppose de disposer d’une machine adaptée, défonceuse ou lamelleuse. À défaut, le montage s’effectue par collage-clouage des angles.
● Après l’application de la colle et la mise en place des chevilles plates, l’ensemble est maintenu sous presse jusqu’au séchage complet.
● Coupée en comptant un débord d’environ 50 mm de chaque côté, la toile est d’abord maintenue par une semence de tapissier au centre de l’un des petits côtés. Tourner le cadre à 180° pour tendre la toile et la fixer de la même façon au milieu de l’autre. Clouer ensuite le tissu au centre du premier grand côté, puis sur la face opposée en le tendant au mieux. Dans l’idéal, essayer d’aligner sa trame sur les tasseaux.
La large tête plate des semences évite les déchirures. Néanmoins, elles doivent être plantées bien droites jusqu’à venir plaquer la toile contre le bois.
● Poursuivre en plaçant une semence tous les 50 mm en partant du centre vers les angles, et alternativement de part et d’autre de ce point médian.
● L’utilisation d’une pince à tendre est plus confortable et moins fatigante que de saisir la toile entre les doigts. Cet outil aux becs larges offre le grand avantage de régler parfaitement et facilement la tension, de sorte que la toile ne présente aucun pli. Rabattre les angles, de manière à créer le minimum de surépaisseur.
● Une toile bien tendue résonne comme la peau d’un tambour lorsqu’on la tapote du bout des doigts. L’étoffe s’avachit un peu au moment de passer la sous-couche d’apprêt (Gesso, chez Lefranc & Bourgeois), mais se retend en séchant.
Régler l’angle de coupe à 45° sur la tourelle de la scie d’encadreur.
Puis donner une légère inclinaison (5°) au support-guide de lame pour obtenir directement une coupe d’onglet composée.
Les extrémités sont rainurées à la lamelleuse pour permettre d’assembler le châssis avec des chevilles plates.
Encoller les rainures et insérer avant que les chevilles ne gonflent.
Vérifier l’équerrage avant de brider le châssis avec une presse à cadre.
Une méthode simple consiste à mesurer les diagonales.
Mais une équerre fait parfaitement l’affaire.
Poser le châssis sur la toile.
Si celle-ci est apprêtée, placer la face préparée en dessous.
Couper le tissu en laissant un débord d’environ 50 mm de chaque côté pour pouvoir le fixer.
Pointer une semence au milieu du petit côté.
Tirer la toile sur le bord opposé pour planter la seconde semence, en vis-à-vis de la première.
À ce stade, la tension manuelle suffit.
La pince à tendre permet de doser avec précision la tension de la toile.
Travailler en alternant le clouage sur les côtés opposés.
Espacer les clous d’environ 50 mm.
Apprêter la toile brute en appliquant un produit adapté (type Gesso).
Cet enduit légèrement pâteux constitue une sous-couche opaque adaptée à l’huile comme à l’acrylique.