Aussi simple à fabriquer qu'à utiliser, cet outil à main permet de réaliser des moulures à la demande. Auxiliaire indispensable des ébénistes et restaurateurs de meubles anciens, il est à l'origine du terme “tarabiscoté” qui qualifie un profil compliqué.
Moulurer dans le sens du fil est aisé. Il en va autrement avec du bois de bout. Dans ce cas, dégrossissez au ciseau ou à la gouge, et finissez avec le tarabiscot.
● Sur une surface courbe, veillez à maintenir le manche perpendiculaire à une tangente imaginaire passant par le point d’appui de la butée. Sinon, l’arrondi manquera de précision.
● Pour amorcer une moulure, tenez l’outil légèrement incliné puis redressez-le à mesure que le fer creuse son profil.
Une chute de bois dur (chêne, cormier, hêtre…), deux boulons poêliers de Ø 5 mm, six rondelles assorties, une vieille lame de scie : il n'en faut pas plus pour réaliser un tarabiscot. Ceci en deux heures à peine, sur un coin d’établi. Cependant, n’imaginez pas pouvoir “aligner” des mètres de moulures sans payer de votre personne… le tarabiscotage est un exercice plutôt physique !
La force exercée sur l'outil en cours de travail exige qu'il dispose d'un manche robuste, donc de section suffisante. Pour ce faire, débitez une pièce de bois d’environ 300 mm de longueur sur 50 mm de largeur et 35 d'épaisseur. Sur une première face, tracez au crayon l'axe médian longitudinal en l'arrêtant à 80 mm de l’extrémité opposée par un trait perpendiculaire. Reportez le tracé en continu sur le chant puis, symétriquement, sur l'autre face. Par précaution, hachurez la portion ainsi délimitée avant de la découper avec une scie à main ou à ruban.
■ La forme obtenue ressemble alors à un pistolet de corsaire. Posé à plat, tracez la ligne médiane du “canon“ en la prolongeant sur la crosse. Puis, toujours au crayon, faites une série de repères espacés de 20 mm, le premier sur la crosse à 30 mm de l'angle droit (la butée). Percez ensuite avec un foret de Ø 6 mm.
■ Pour monter le fer, il faut encore refendre le canon à mi-épaisseur en arrêtant le trait de scie 10 à 15 mm après le premier trou percé dans la crosse. Ceci fait, arrondissez franchement les angles et toutes les arêtes vives. Vous éviterez ainsi de vous faire des ampoules et, le tarabiscot maintenu incliné, vous attaquerez le bois en douceur. Par ailleurs, l’arrondi de la butée permettra à l’outil de suivre une courbe en conservant au fer un écartement constant par rapport au guide.
■ Confectionnez les fers de votre choix dans des morceaux de lame de scie en acier trempé. Dégrossissez chaque profil au touret à meuler et finissez-le à la lime. Une fois le fer glissé dans la fente prévue à cet effet, serrez fortement les écrous des boulons, avec des rondelles intercalées pour protéger le bois : votre tarabiscot est prêt à fonctionner.
Reprise d’un profil existant dans la restauration d'un meuble, réalisation de moulures personnalisées : le tarabiscot se prête à toutes les variations de styles, comme on peut le constater avec ces quelques fers confectionnés d’après des moulures du 18e siècle.
Sur la pièce de bois brut, commencez par tracer la forme de l’outil suivant les dimensions indiquées. Hachurez au crayon sur trois côtés la partie à enlever pour bien la visualiser.
Sur l'axe médian, repérez à intervalles réguliers (20 mm) les points de passage des boulons poêliers destinés à maintenir le fer à l’endroit voulu. Percez avec un foret de Ø 6 mm.
Vous pouvez maintenant enlever la partie hachurée. Pour effectuer la découpe, l'idéal est de disposer d'une scie à ruban. À défaut, utilisez une scie égoïne à denture fine.
La fente à pratiquer dans l'épaisseur de l'outil doit être la mieux ajustée possible. Choisissez une lame de scie (ici d'encadreur) dont la voie corresponde à l'épaisseur des fers.
Au rabot et à la râpe, arrondissez les extrémités de l'outil et abattez toutes les arêtes vives. Pour faciliter la prise en main et éviter les ampoules, finissez au papier de verre.
Les fers du tarabiscot sont réalisés dans une chute de lame de scie à ruban en acier trempé. Dégrossissez le profil au touret et peaufinez à la lime. Avec un morfil, si possible !
Le fer, logé à l’endroit voulu dans la fente, doit être solidement maintenu. Deux boulons poêliers sont enfilés de part et d’autre dans les trous les plus proches pour le bloquer.
La butée (le bord vertical de la crosse) guide l’outil en prenant appui sur la surface de référence. Le tarabiscot est tiré ou poussé avec force, selon le sens du fil du bois.