FRFAM.COM >> Famille >> Compétences >> Maçonnerie

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

Insatisfactions face aux modes de vie urbains, budget pour le logement trop lourd, désir d’autonomie et "retour à la nature"... autant de raisons qui rendent l’habitat alternatif de plus en plus attractif. Explications.

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif Plus d’un million de personnes vivraient dans une yourte, une caravane, une Tiny House ou autre solution mobile et démontable. Mais combien par choix ? La réponse est difficile, car l’habitat alternatif demeure surtout subi face au fléau du mal logement.
Néanmoins, ce phénomène s’amplifie, d’abord pour des raisons économiques, mais aussi écologiques et idéologiques.

Lutter contre l'immobilier trop cher

Avec pour seuls voisins la garrigue et ses pierres sèches, Carole et Éric, la cinquantaine, vivent dans leur bulle : une Tiny House tout en rondeur, lovée dans les Causses (46). Ils en ont eu assez de travailler pour payer le crédit de leur maison en région parisienne et de ne plus profiter de rien. Ils ont tout plaqué pour s’installer ici, témoigne Anne Thiery, de La Tiny House.
Une nouvelle vie à 64 000 €. Deux fois moins que le prix moyen d’une maison neuve de 100 m²… hors foncier.
Conséquence : l’habitat alternatif devient de plus en plus la résidence principale. Ses aficionados ? "Tout le monde partout en France… ", souligne Patricia Dutreux, à la tête de Brikawood International.
Et face à la pression foncière, cet autre habitat est plutôt des champs que des villes. D’autant que les maires en zones rurales apprécient l’arrivée de ces habitants qui participent au dynamisme démographique, économique, social et culturel mis à mal à l’heure de la métropolisation.
 Autre moteur de cette tendance : la loi Alur de 2014. En offrant un cadre juridique à l’habitat léger, elle efface l’image que certaines communes en avaient, constate Thomas Delamarche, gérant de NoMadYourte. Tout en soulignant un autre avantage aux économies réalisées par rapport au logement conventionnel : elles permettent d’investir dans des énergies renouvelables.
Si les profils d’alter-habitants divergent, ils partagent une ambition : devenir acteurs de la transition énergétique.

Autonomie et réversibilité dans une Tiny House

Le réchauffement climatique préoccupe tout le monde. Mais les candidats à l’habitat alternatif expriment une véritable volonté de décroissance écologique, reprend Anne Thiery. Ces alter-habitants visent l’autonomie : panneaux photovoltaïques, poêles à bois, systèmes de récupération des eaux de pluie, composts, phyto-épuration, toilettes sèches…
Une envie de décroissance qui pousse aussi vers l’habitat léger, synonyme de réversibilité : une fois le logement parti, l’espace occupé revient à sa vocation première. Et pour se démarquer de la société urbaine, le béton est rejeté.
  • D’où l’engouement pour les Tiny House – bâties majoritairement en bois – qui concentrent, dans quelques mètres carrés, minimalisme, éco-conception et réversibilité puisque, posées sur roues, elles sont transportables.
  • Quant aux yourtes qui partagent les mêmes atouts sauf à devoir être démontées pour se déplacer, elles séduisent dans leur version contemporaine par rapport à la traditionnelle mongole, car plus adaptées aux conditions climatiques françaises.
  • Ce mouvement de fond profite aussi aux containers qui se recyclent en maisons à un coût dérisoire : entre 2 500 € et 4 000 € pour un modèle de 20 pieds (environ 6 m). Auquel il faut ajouter, le transport depuis le port (environ 600 €), l’aménagement, et la difficulté parfois à trouver le lieu où l’installer. Car si ces habitats alternatifs semblent abordables, tout n’est pas simple pour autant. Certes recycler un container en maison est tentant, mais attention à la qualité de l’air intérieur, en raison des produits précédemment transportés et des matériaux utilisés pour sa fabrication.

Surface et choix du terrain sont déterminants

L'installation d'un habitat alternatif est un projet à anticiper.
  • Une installation inférieure à 40 m² sur un terrain constructible nécessite une demande préalable en mairie.
  • Au-delà, il faut solliciter un permis d’aménager.
  • Depuis la loi Alur, le plan local d’urbanisme (PLU) des communes doit délimiter des zones réservées aux habitations légères et démontables appelées pastilles. Sauf que ces dernières étant très contraignantes pour les élus, peu les ont aménagées.
Dans tous les cas, Thomas Delamarche conseille : avant de se lancer, il faut préparer son projet. Parfois en s’adressant à une autre commune à quelques kilomètres. Cette dernière peut proposer des conditions d’installation plus souples. Certains pays limitrophes commencent à assouplir les règles d’installation de ce type d’habitat. La Belgique, par exemple, a créé le premier quartier d’habitats légers.

Les matériaux écologiques privilégiés

Outre les Tiny House ou roulottes, nomades, le but de ces constructions alternatives est de réduire leur emprise au sol et leur impact environnemental. Cet habitat se concevant de façon réversible, le terrassement en béton est à éviter.
Selon les systèmes constructifs choisis, les fondations seront sur pieux ou pilotis, sur plots avec assise plate, sur cailloux ou encore sur pneus pour les yourtes. Dans ce cas, il faut prévoir une dalle pour s’abriter des ruissellements lorsqu’il pleut, pour protéger des remontées capillaires, s’isoler du sol, et bien sûr avoir une assise plane et solide.

Des copeaux de bois vertueux pour isoler

Côté isolation thermique et acoustique, les isolants biosourcés sont bien sûr retenus : laine de chanvre, isolant type Métisse adossé à une filière complète de recyclage textile.
Les copeaux de bois, pour la dalle, les murs, etc. répondent aussi aux attentes écologiques de ces constructions légères. Ce matériau présente plusieurs avantages. D’abord sa gratuité puisqu’il suffit de se rendre chez un menuisier pour en trouver. Ensuite, proposé en vrac, il se met très facilement en œuvre. Enfin, utiliser ce coproduit du bois permet de le recycler et d’entrer dans une démarche vertueuse d’économie circulaire, respectueuse de l’environnement et qui préserve les ressources. Certes, sa conductivité thermique est trois fois inférieure à celle d’un isolant biosourcé manufacturé et son isolation acoustique pèche.

Pour plus d’infos sur l’autoconstruction, consulter les sites des fabricants ou encore ceux de l’Association Naturel Home, et de Ma Tiny House.

Habitation légère : droit et loi

La loi Alur

Votée en 2014, elle a apporté une définition juridique à l’habitat léger. Et c’est une avancée car il faisait l’objet jusque-là d’un vide juridique. Depuis 2015, date de parution du décret d’application au JO, l’implantation des résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs est soumise à la délivrance d’un permis d’aménager ou à déclaration préalable.
Outre certaines exceptions (zones pastilles), elle ne peut se faire qu’en zone constructible (zone urbaine ou à urbaniser) avec obligation de mise en conformité Habitation légère… oui mais ! des réseaux d’eau, d’assainissement et de distribution d’électricité.

Implanter une habitation légère

L’implantation d’une Tiny House, d’un mobile home… sur un terrain de loisir dépend du PLU de la commune. Ce dernier prend en compte la loi Alur et pour les départements côtiers la loi Littoral. Si le terrain est situé en zone urbanisée, l’implantation ne pose a priori pas de problème. Il est toutefois conseillé de monter un dossier solide pour que le projet soit validé par le maire ou le service d’urbanisme.
Lors de l’achat du terrain, il est vivement conseillé de se renseigner sur le « classement » de ce dernier avant de signer. En effet, le zonage du PLU peut être modifié à l’exemple de la zone de St-Cornély (Plouhinec 56) qui est devenue zone agricole, interdisant l’implantation (ou le remplacement) d’une habitation légère. Enfin, sur un terrain non constructible, il faut savoir qu’une Tiny House est considérée comme une caravane ou un mobilehome. Sur ce sujet, la loi est très claire : elle ne peut rester immobile plus de 3 mois dans l’année.

Un village nomade

Posséder sa maisonnette sur roues, était un rêve d’adolescente. À 25 ans, Aurélie Moy a créé le Ty Village, un lieu d’expérimentation où vivre ensemble. Forte d’une formation en Systèmes durables à Sydney (Australie), elle investit un terrain familial de 3 500 m² à Saint-Brieuc (22) pour y essaimer onze Tiny conçues par l’Atelier des Branchés. Proches d’un campus, elles sont louées à des étudiants. Inoccupées pendant les congés, nous allons les proposer à des restaurateurs sur la côte, dévoile la jeune femme. Le but : apporter une solution aux difficultés de recrutement de saisonniers qui ne trouvent pas de logements accessibles. D’où l’intérêt de la mobilité des Tiny en plus d’un moindre impact sur les sols.

Les sites à consulter sur l’habitat alternatif

  • Halem (habitants de logements éphémères ou mobiles)
  • Collectif Tiny House
  • Association Low-tech Lab
  • Association Naturel Home 
  • La Frênaie (yourtes : fabrication, location et animations)
  • Build Green (habitat alternatif et non conventionnel) ​​​

L’avis de l’expert Guillaume de Salvert, membre d’Halem (Habitants de logements éphémères ou mobiles) : 
"Avec une part consacrée au logement qui a doublé pour les ménages, l’habitat alternatif est une nécessité… De plus, au regard de la transition énergétique, le logement conventionnel est allé trop loin dans le confort thermique, ne le rendant pas du tout écologique. Le micro-habitat, réversible, nomade ou éphémère est une réponse multiple."

Quelques habitats alternatifs

  • La vie de château... d'eau
Spacieux, avec des vues panoramiques à couper le souffle, des châteaux d’eau sont à vendre. Des édifices trop chers à réhabiliter, et même à détruire. Du coup, ils sont mis à prix à des tarifs défiant toute concurrence. Il s’en est même vu proposer à 1 €… Cet habitat alternatif rime avec budget mini pour des surfaces conséquentes. Pourtant, il peine à trouver repreneurs. Et pour cause. Si la mise de départ peut se révéler très faible, les travaux pour le rendre habitable et apporter un confort nécessaire au quotidien frisent souvent la centaine de milliers d’euros. Le très atypique même alternatif a un prix : celui de la vie de château.

Tiny House

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

La Tiny House s’est spécialisée dans la micro-architecture nomade. Cette société basée dans la Manche accompagne les autoconstructeurs et propose les remorques (de 4 200 € en 2,5 t à 5 660 € en 3,5 t) adaptées à ses Tiny House, également made in Normandie par Mecanorem.

Roulotte

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

En Douglas naturel avec isolation du sol et du plafond en chanvre, cette roulotte est fabriquée en France dans les ateliers d’Habitat Bohème. Un cocon réversible et éco-conçu tout équipé et meublé avec cuisine, salle d’eau et quatre couchages à s’offrir pour environ 40 000 €.

Cabane 

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

Une cabane facile à monter et à démonter grâce à un système de briques en bois locavore à emboîter ? C’est ce que propose Brikawood International. Une construction à partir de matériaux naturels et biosourcés, performante, étanche à l’air et saine pour la santé de ses occupants.

Yourte

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

La yourte contemporaine se décline en version à monter soi-même ou clés en main. Adaptée aux contraintes climatiques françaises et aux besoins de confort – elle se dote d’écran de sous-toiture, de pare-pluie ou encore de frein vapeur –, sa surface s’échelonne entre 19 et 50 m². Elle peut se doubler ou se tripler de manière évolutive ou s’agrémenter de modules sanitaires pour y accueillir douche et espace toilettes sèches. À partir de 6 790 € (19 m²).

Réhabilitions de conteneurs de transport (EVP)

Yourte, cabane, Tiny House, roulotte, conteneur... : choisir un habitat alternatif

Prêt à vivre, ce studio de 28 m² se compose de deux conteneurs maritimes de 20 pieds. Une configuration idéale pour un couple qui souhaite devenir propriétaire de son logement recyclé sans sacrifier son budget. Il s’envisage à partir d’environ 45 000 €, hors transport et installation.


[]